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J'ai été immédiatement fascinée par les chansons de Brel, Ne me quitte pas et le plat pays, avant de savoir parler le français. Mais lorsque j'ai découvert les paroles je suis tombée en arrêt devant Brel, le poète. D'habitude les livres de ma bibliothèque sont les souvenirs et les reflets d'une amitié mais ce recueil, je l'ai choisi moi-même. Pour ne laisser passer aucune pépite car souvent, portée par la mélodie des chansons, je n'écoute pas assez les textes. (Je dois être plus visuelle qu'auditive ? Étrange pour une musicienne !)
Ce livre contient des extraits des comédies musicales, des chansons de films, un poème symphonique ainsi que des chansons et textes inédits. Mais ce sont Les Textes de jeunesse (1948 à 1953) qui m'ont impressionnée le plus, peut-être parce que je ne les connaissais pas en tant que chansons. Pour les deux poèmes que j'ai cités hier sur le site Babelio (Je suis l'ombre des chansons et Départs), j'ai dû vérifier si les chansons existent. Oui, Brel les chantait, mais je trouve qu'ici les textes priment d'emblée la musique. Parfois j'ai l'impression que ce n'est pas juste un poème, j'imagine l'entendre de la bouche de quelqu'un que j'ai connu, tellement c'est vrai…
Ces textes sont d'une grande richesse. Je les trouve très forts, moi qui suis sensible aux détails réalistes. Brel n'est pas un poète qui compose ses vers dans son fauteuil, il les écrit avec son sang ! Il vomissait de trac pourtant il ne pouvait pas faire autrement que de chanter en public ! Son besoin de « lever le monde » était infini :
J'aurais voulu lever le monde
Rien que pour lui, par la bonté
J'aurais voulu lever le monde
Mais c'est le monde qui m'a couché ! dit « le troubadour ».
Tout Brel est là, sincère, touchant. J'aime sa justesse du mot, sa sensibilité à fleur de peau, la grande imagination dans ses métaphores. Chaque poème est un condensé : un amour, une amitié, une rencontre. C'est lapidaire et poignant. C'est ce qu'il faut dans notre siècle impatient où on survole les oeuvres d'art comme les arbres par la fenêtre d'un train !
Je répète encore : ces poèmes se lisent très bien sans la musique et sans le public. Jugez vous-même leur qualité littéraire en prenant simplement celui-ci : « J'aime les pavés de ma rue Petite rue gentille Leurs ventres sales ont porté Feuilles mortes d'été Mes lettres d'amour jolies». Il évoque « les pavés aux joues humides de rosée »…
En un mot : Brel, ça me rend meilleure. Est-ce la voix de la conscience ?
Tous nos critiques, citations et commentaires, c'est notre pétition au paradis des poètes maudits et des amours déchirés d'où Brel nous entend et nous sourit !
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En ce jour où le vent, la pluie, le froid et le gris du ciel tombent sur Bruxelles, je pense à la belle chanson de Jacques Brel décrivant mon pays en poésie:
Le Plat Pays
Jacques Brel
"Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est, écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest, écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord, écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien."
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Un de mes livres de chevet. Brel, un chanteur, un poète, un témoin, notre conscience.
J'ai eu la chance de faire partie de cette génération d'adolescentes et adolescents qui, chaque année, découvrait de nouvelles chansons de Jacques Brel. Mémorable et bouleversant pour moi qui suis du Nord, le Plat Pays, sorti en 1962, que nous avons vite appris à chanter....dans nos veillées.
Et puis, il y eut l'arrêt volontaire du grand poète, d'abord des concerts en 1967, puis des disques je crois, en 1968, jusqu'à ce que sorte en 1977, évènement extraordinaire, son dernier disque merveilleux, Les Marquises, avec ses chansons d'exception, outre celle qui donne son titre à l'album: Jaurès, La ville s'endormait, le Bon Dieu, Vieillir, Orly...
Il y a beaucoup de chanteuses et chanteurs que j'admire, entre autres Trenet, Brassens, Ferré, Aznavour, Nougaro, Gainsbourg, Higelin, Christophe, ...., mais Brel, et dans le même registre, Barbara, c'est viscéral.
Et donc, ma critique ne peut être objective.
Mais je voudrais quand même distinguer, parmi tous les textes, quelques uns qui sont pour moi d'une extraordinaire poésie: Les pieds dans le ruisseau, La lumière jaillira, Une île, Zangra, le Plat Pays, Les Vieux, Amsterdam, Les jardins du Casino (une merveille), L'Ostendaise, Je suis un soir d'été (pour moi, le plus beau texte), Regarde bien petit, L'éclusier, Jaurès, La ville s'endormait, le Bon Dieu, Les Marquises...

Je reproduis ci-dessous le texte de Je suis un Soir d'Été, et les 4 derniers vers saisissants de la ville s'endormait, qui rattrapent ceux, bien misogynes, que l'on trouve par ailleurs, dans le texte.....

" Et la sous-préfecture
Fête la sous-préfète
Sous le lustre à facettes
Il pleut des orangeades
Et des champagnes tièdes
Et les propos glacés
Des femelles maussades
De fonctionnarisés

Je suis un soir d'été
Aux fenêtres ouvertes
Les dîneurs familiaux
Repoussent leurs assiettes
Et disent qu'il fait chaud
Les hommes lancent des rots
De chevaliers teutons
Les nappes tombent en miettes
Par-dessus les balcons

Je suis un soir d'été

Aux terrasses brouillées
Quelques buveurs humides
Parlent de haridelles
Et de vieilles perfides
C'est l'heure où les bretelles
Soutiennent le présent
des passants répandus
et des agonisants

De lourdes amoureuses
Aux odeurs de cuisine
Promènent leur poitrine
Sur les flancs de la Meuse
Il leur manque un soldat
Pour que l'été ripaille
Et monte vaille que vaille
Jusqu'en haut de leurs bas

Je suis un soir d'été

Aux fontaines les vieux
Bardés de références
Rebroussent leur enfance
A petits pas pluvieux
Ils rient de toute une dent
Pour croquer le silence
Autour des filles qui dansent
A la mort d'un printemps

Je suis un soir d'été

La chaleur se vertèbre
Il fleuve des ivresses
L'été a ses grand-messes
Et la nuit les célèbre
La ville aux quatre vents
Clignote le remords
Inutile et passant
De n'être pas un port

Je suis un soir d'été"


"Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
A deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait"
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Quand on entend ,ou on lit "Le plat pays" ou "Les vieux" qui peut douter que Brel soit un poète. Ses chansons m'ont accompagné tout au long de ma vie et j'ai éprouvé un grand plaisir à les avoir recueillies dans un seul livre .D'autant que de nombreux textes que je ne connaissais pas y sont contenus (inédits,comédies musicales,poème symphonique) .Indispensable pour un fidèle du grand Jacques .
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Parler de Jacques Brel, comme parler de Georges Brassens, relève un peu de la gageure. D'abord parce que c'est un personnage public d'une importance énorme, qu'il convient d'aborder avec une infinie humilité. Et puis ensuite, parce que, ces gens-là (comme dit Brel), ça relève de l'intime, du personnel. On a tous quelque chose de l'un ou de l'autre, ou des deux, et leurs chansons nous ont accompagnés, et nous accompagnent encore, tout au long de notre vie.
Les chansons de Jacques Brel, ou ses poèmes, car elles sont les deux à la fois, sont aisément reconnaissables : elles lui ressemblent. Les chansons de Brassens, chantées par d'autres, deviennent universelles. Les chansons de Brel, chantées par d'autres que lui, restent des chansons de Brel. Parce que Jacques Brel est tout entier dans ses chansons, même dans les moins personnelles.
L'écriture, d'abord, y tient la plus grande part. Brel est un écorché vif, qui fait passer ses émotions dans les paroles de ses chansons : l'amour, la haine, les comptes qu'il règle avec les femmes, avec la religion, avec la politique, et surtout sa plus grande cible, la bêtise, tout ce que dit Brel vient de lui, de son vécu, de ses pensées, de ses obsessions, de ses fantasmes. Il sait trouver les mots, les ordonner en une expression à la fois familière, poétique et souvent très forte.
Cette expression ensuite se traduit vocalement et gestuellement. Car on ne peut pas parler de Brel qu'à travers ses textes (on pourrait le faire, en n'analysant que leur côté poétique ou littéraire, ou à la rigueur leur impact sur les auditeurs). Car occulter l'homme de scène qu'il fut serait gommer la moitié de son personnage : Brel, c'est une voix et une gestuelle (écoutez et voyez-le chanter sur scène Ces gens-là !)
Et n'oublions pas l'homme qui fait un avec l'artiste : celui qui en constante recherche d'absolu (que ce soit en amour ou en autre chose) celui qui est tiraillé entre misanthropie (et plus encore misogynie) et humanisme, celui qui croit au Ciel et celui qui n'y croit plus, celui qui, celui que, celui dont... Brel est une infinité de personnages à lui tout seul, et contradictoires, en plus, mais n'est-ce pas notre lot à tous ? Brassens représente l'Homme dans son universalité, Brel le représente dans son unicité.
Si vous avez l'occasion, cherchez sur internet la rencontre de Brel, Brassens et Ferré le 6 janvier 1969. Les trois poètes échangent sur leur parcours, leur vision de la vie, de leur art, du public... un documentaire indispensable.
J'ai bien conscience que cette chronique touchera mieux les gens qui comme moi ont vécu lorsque ces soleils nous éclairaient. Mais , jeunes gens, prenez la peine de les écouter ces idoles d'un autre temps, elles ont encore beaucoup de choses à dire, à vous, à nous et à ceux qui arrivent derrière vous...
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Ici, on retrouve tous les textes merveilleux de Monsieur Brel.
Un indispensable dans une bibliothèque.
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Au menu...Les textes de Jacques Brel...A déguster sans modération!
Brel pour beaucoup, c'est l'amour. C'est vrai, mais sous toutes ses facettes. L'amour sincère, l'amour fou, le destructeur et l'impossible amour.
Brel, c' est aussi un regard aiguisé sur nos petits travers à nous, hommes, femmes, sociétés. Petits travers ou grandes hostilités.
Des thèmes : l'amitié, l'infidélité, la religion, l'armée, l'alcool, la mort et bien d'autres. Avec lui, les loosers brillent sous la lumière, la putain illumine la nuit, les ivrognes sont de tendres amis (souvent détruits par l'amour d'ailleurs) et les Bigotes gardent bien au chaud le diamant qui dort entre leurs fesses.
Et Jacques Brel c'est enfin des poèmes, des poèmes chantés, c'est l'émotion palpitante, la sueur et des larmes, une interprétation théâtrale, un visage habité par le texte, il ne chante pas sa chanson l'ami Brel, il la vit.
Même si ce bouquin n'en parles pas, précisons qu'il fut aussi réalisateur, acteur, écrivain, marin et aviateur-taxi.
Ainsi, avec ces 192 textes, cet intégrale de Jacques Brel ravira les amoureux du chanteur, les amoureux des belles phrases, et fera à coup sûr de nouveaux adeptes parmi les plus jeunes qui découvriront ses textes.

Tu chantais :
_"La mort m'attend dans un grand lit
Tendu aux toiles de l'oubli
Pour mieux fermer le temps qui passe."

Bah tu vois là... tu t'es planté ! ... on ne t'a jamais oublié...



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Superbe ! Un régal ! Une référence, quoi !
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Ce livre, publié par la fondation internationale Jacques Brel, est la compilation de tous les textes écrits par l'artiste, Attention, on n'y trouvera aucune analyse ou historique de ces chansons, pas plus que des éléments de biographie.
Le quatrième de couverture de ce recueil se réfère à la critique du magazine le Point: « Brel est un des seuls auteurs dont on puisse lire les textes à haute voix ». Certes… Mais en les lisant, comment oublier les accents inimitables de la voix de ce chanteur exceptionnel, cet écorché vif, ce clown tragique et touchant, si entièrement sincère dans ses interprétations ?
Pour ma part, je n'adore pas tous les textes, mais beaucoup me semblent d'une grande poésie et génèrent en moi une puissante émotion. J'ai eu plaisir à les lire. Mais surtout cela m'a donné envie de réentendre les chansons.
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Mon actualité de lecture m'a poussé à réparer une erreur grossière : ne pas vous parler de ma bible (aux côté des « Contemplations » sur la table de nuit). L'oeuvre intégrale de Monsieur Brel est une chose précieuse. Chaque texte est déjà une musique. Curieusement, lorsqu'on lit du Brel on fait abstraction de son interprétation et c'est bien ainsi. Il y a les très connues et celles qui sont souvent inconnues du grand public. Je vais éviter de vous parler de la beauté de son oeuvre, tout le monde le sait et beaucoup partagent cet avis.
Pourquoi poser cette bible sur la table de nuit ? Pour s'endormir sur du beau. « Une île » et vous vous endormez sur des images de lagons, le soleil vous fait un clin d'oeil et vous souffle « à demain, je serai là au réveil »
J'ai eu la chance, lors de ma première lecture de cette "oeuvre", de découvrir les cinq textes inédits à l'époque (qui depuis ont été maquettés et édités sur cd). Eh bien, elles sonnaient avec la même musicalité que les autres malgré que nous ne les avions jamais entendus.
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