Boire une bière et trinquer avec le Grand Jacques sur la Grand'Place de Bruxelles, causant de tout, de rien, du quartier et du bout du monde, de la connerie humaine et de l'amitié... Ah ça... enfin bon, je rêve, j'étais bien jeune quand il a pris son dernier envol. Mais c'est un auteur qui accompagne encore mes journées : des airs et des vers qui passent par la tête, des phrases fortes qui servent de repères, une envie de vivre ; le bonhomme me relève quand le moral est dans les socquettes, et il me rappelle l'essentiel : "Gémir n'est pas de mise, aux Marquises..."
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Une oeuvre intemporelle de lucidité.
Un coeur dans les étoiles qui reçoit la tendresse du monde avec des mots comme des perles de pluie.
Une oeuvre pour être vieux sans être adulte et pour parler de la mort comme d'un fruit.
À faire absolument connaître aux jeunes générations
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J'aurai tant aimé avoir son avis sur notre monde d'aujourd'hui... Une référence pour moi et une place bien particulière dans mon coeur pour certaines de ses chansons.
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Il n'y aura pas de critique. Que dire en effet quand on entendu et lu les textes de Brel ? ...
Si ça ne vous ai jamais arrivé, je vous envie d'avoir à le découvrir. ;o)
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Un pur bonheur que de pouvoir feuilleter ce livre! Des textes incroyables que l'on prend plaisir à lire et relire!
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Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux yeux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelques sabreurs
Qui exigeaient du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prêles oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps du souffle d'un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
[Jaurès]
LE PLAT PAYS
Avec la mer du nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien.
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
LA QUETE
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on y entre sans frapper
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on n'en voit que la moitié
Ils parlent de la mort comme tu parles d'un fruit,
Ils regardent la mer comme tu regardes un puits.
Les femmes sont lascives au soleil redouté,
Et s'il n'y a pas d'hiver, cela n'est pas l'été.
La pluie est traversière, elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin.
Et par manque de brise le temps s'immobilise
Aux Marquises