Donatello "laissa tant d'oeuvres de par le monde qu'on peut affirmer à juste titre qu'aucun artiste n'a travaillé autant que lui". Il a mis, ajoute Vasari, la main à tout et une épitaphe le loue pour avoir fait "seul aujourd'hui tout ce qu'avec une main savante ont fait jadis nombreux pour la sculpture". Et il est vrai que Donatello a tout abordé du relief méplat jusqu'à la rond-bosse, qu'il a travaillé le marbre, le bronze, le bois, et fait renaître l'art de la sculpture. Et, du Saint-Georges à la Madeleine "consumée par les jeûnes et l'abstinence", parcouru jusqu'aux extrêmes le registre de l'expressivité grâce, peut-être, comme l'indique Vasari à propos de cette oeuvre, à "sa connaissance parfaite de l'anatomie". (p. 34)
Donatello, la renaissance de la sculpture
Donatello est, sans doute, le premier a avoir compris le pouvoir suggestif du "non finito" par souci, certes, de corriger les contraintes optiques entraînées par la distance du spectateur à l'oeuvre, mais par dessein surtout d'exprimer, en quelques traits forts, sa pensée que l'application au "fini" aurait affaiblie. car, explique Vasari, "les oeuvres inspirées par la fureur poétique sont seules vraies et supérieures à celles qui naissent laborieusement".
Cette fureur de l'inspiration s'est manifesté d'emblée chez Donatello, dès les prophètes terribles et farouches du campanile. dans les dernières années de sa vie, elle a pris une tonalité fiévreuse et pathétique que l'on hésite pas à qualifier de "romantique". Il conviendrait, d'ailleurs, d'en établir le cadre "humaniste". L'emportement et l'agitation des figures des derniers reliefs porté à un point extrême ne sont pas réductibles à une interprétation "expressionniste" au sens actuel du terme. (p. 41)
Donatello, l'expressionnisme des dernières oeuvres
De toutes les époques qui nous ont précédés, la sculpture demeure le témoin le plus objectif du pouvoir de l'homme sur le monde. Alors que la peinture à été souvent travestie par le temps, la sculpture est généralement restée dans la forme et le site qu'on lui destinait. Aujourd'hui devant une sculpture de Michel-Ange, plus que devant sa peinture, on est encore assuré de rencontrer tout ce que le créateur y a déposé. Le choc produit par cette confrontation est inoubliable.