La vie passionnée de Thérèse d'Avila

Grande fan d'Agrippine, je suis tombée par hasard sur cet album de la vie passionnée de Thérèse d'Avila qui m'a pour le moins intriguée.

Il se découpe en quatre parties qui m'ont semblé juxtaposées, sans grand lien entre elles, formant un ensemble assez décousu et d'intérêt inégal.

La première partie, la plus longue et celle qui m'a le plus plu, met en scène Thérèse d'Avila dans ses occupations quotidiennes de recherche de financement, suivi de chantier de couvents, accès mystiques à compiler par écrit etc. J'ai trouvé cette partie assez drôle et caustique autant sur le statut de la femme que sur le paradoxe entre le pragmatisme nécessaire à ses entreprises et sa dimension religieuse et spirituelle. La représentation de la relation de Thérèse à Dieu expose avec beaucoup d'humour je trouve la dimension physique présente dans ses écrits, notamment par la pratique très spécifique de l'oraison.

La deuxième partie nous ramène à l'enfance de Thérèse, imaginant ses jeux d'enfant avec son frère - à base de martyres et de suppliciés.

La troisième partie se déroule à l'intérieur d'un couvent, l'auteure se plaît à en imaginer certains détails de la vie quotidienne, les désirs futiles malgré l'engagement religieux, la difficile identification de la folie ou de la possession démoniaque, les compétences relatives des spécialistes etc. Sympathique mais sans plus.

La quatrième partie met en scène Rodrigue, le frère de Thérèse, agacé par son cartographe incompétent selon lui. Tout le dialogue est écrit de manière phonétique pour faire parler les personnages "avec l'accent", faire couleur locale, mais je ne trouve pas ça très efficient. Par ailleurs, l'intérêt par rapport au personnage de Thérèse ne vaut que par la chute, qui met gentiment en cause avec humour son objectivité quant à l'engagement religieux. Une histoire qui m'a surtout semblé prétexte à se moquer des conquistadors.

Au final, un portrait pragmatique et quelque peu comique, par touches éparses, d'une époque et d'une femme haut en couleurs, que j'aurais aimé plus cohérent.

Claire Bretécher, récemment disparue, a laissé des oeuvres de bandes dessinées qui ont eu un succès mérité. Tout le monde connaît ses "Frustrés", son "Agrippine", ou sa "Cellulite". Oeuvres pleines d'humour, de tendresse, d'acidité et de fine sociologie sur bien des travers de notre époque (Ah, ces ados et leurs parents, déblatérant sur tout et sur rien, avachis sur des canapés !)
Mais mon oeuvre préférée de Claire Bretécher est, me semble-t-il, moins connue. Il faut dire que le public habituel, et conquis, de Mme Bretécher ne s'attendait certainement pas à la voir dessiner et raconter "La Vie passionnée de Thérèse d'Avila", sainte catholique du Siècle d'Or espagnol.

Mais il existe plus d'un point commun entre Claire Bretécher et Thérèse d'Avila. D'abord ce sont deux femmes de caractère. Ni l'une, ni l'autre ne s'en laissent compter. Elles foncent, décidées, dans des milieux majoritairement masculins et ne se laissent pas abattre par les nombreux obstacles. Elles savent ce qu'elles veulent faire, créer -de la bd pour l'une, un ordre religieux pour l'autre- et mettent toute leur volonté en oeuvre pour y arriver, sans pour autant perdre leur intégrité morale. Ces femmes-là n'ont pas "les dents qui rayent le parquet", mais plutôt la foi qui déplace les montagnes. Et aussi beaucoup de bon sens et d'humour pince-sans-rire.
En outre, en quelques coups de crayon bien sentis Bretécher livre beaucoup de détails "historiques" plus vrais que nature : "fraises" encombrantes autour du cou des gentilshommes, lévitations mystiques, âne fatigué, petit monde picaresque, etc.
A lire, même -et surtout- si vous n'aimez pas le Siècle d'or espagnol, ou les saintes.
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Attention à la cocotte minute !

Claire Bretécher nous offre une vision chatoyante, volatile et décidée de Sainte Thérèse. Entre considérations gestionnaires et angoisses face à ses extases incontrôlables, la sainte est une femme terre-à-terre - bien que sujette à lévitations - qui prend les problèmes à bras-le-corps - exception faite de Pierre d'Alcantara qui suscite difficilement les élans câlins. C'est d'ailleurs à se demander, si dans la lignée de Kaamelott, cette biographie n'est pas plus proche de la réalité humaine du personnage que les hagiographies officielles. C'est que visions pures ou pas, il devait falloir avoir de la poigne, à son époque !

Vivifiant.

Lettrages un peu difficiles à lire. J'aurais cru lire un grand classique de la BD, je vois qu'apparemment non et heureusement, cela ne me semble pas le valoir.

historique, ma non troppo