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Joan Miró (Illustrateur)
EAN : 9782070408573
192 pages
Gallimard (03/03/1999)
3.78/5   43 notes
Résumé :
Signe ascendant suivi de Fata Morgana, Les États généraux, Des Épingles tremblantes, Xénophiles, Ode à Charles Fourier, Constellations et de Le La

Première parution en 1968
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Breton contrairement à L.P. Fargue dont je viens de terminer Haute Solitude, il y a chez le poète, comme un plasticité figée en un spectacle métaphysique, contre-miroir d'un quotidien que Breton devait trouver totalement privé de goût. Fargue trébuche, se perd dans son imaginaire, déploie des trésors d'allégories, il vit au travers d'elles ! Elles l'émeuvent. Breton lui contemple. Il contemple froidement des paysages métaphoriques et, très zen (excusez le xxx ), il nous dépeint un paysage littéraire fascinant certes mais statique et décharné. Les poèmes de Signe ascendant forment une suite de visions, esthétiques, prophétiques ("Je suis celui qui va"), philosophiques même dont l'âme reste à mon goût trop absente.


Dans le texte liminaire de 1947, le pape du surréalisme s'explique sur son esthétique et nous voilà mis devant le fait : Breton nous assure n'éprouver de plaisir intellectuel que devant la métaphore... Breton est un intellectuel, cela va sans dire et encore mieux en le disant dans ses mots. Fargue lui vit, admire la vie, y participe comme il peut, comme roue déjantée qui s'accroche au ciel. Mais Fargue n'a jamais été surréaliste.

Finissons-en donc avec cette comparaison sans fondement : Breton versus Fargue. Rien ne nous y porte; pourtant de les avoir rapprochés nous éclaire sur l'art de chacun.

Breton a évidemment ses fulgurances, ses images fortes. En outre, la condition humaine (et son avenir) lui tient à coeur; au travers de ses rapprochements surréalistes improbables, il la théorise :
"Plus à portée de l'homme il est d'autres coïncidences
Véritables fanaux dans la nuit du sens
C'était plus qu'improbable c'est donc exprès
Mais les gens sont si bien en train de se noyer
Que ne leur demandez pas de saisir la perche"

L'image rare et surréelle vogue dans le monde des idées et n'aborde que rarement le vécu, l'émotion, la compassion du lecteur.

Il y a bien sûr quelques exceptions comme "Les États Généraux" ou encore ces Constellations, mini-récits inspirés des couleurs et de l'espace rêveur de Joan Miro. Il y a ces poèmes plus personnels aussi comme "Je reviens" où le poète se perd dans son ancien quartier comme le chauffeur de taxi dans sa rêverie ou encore "Sur la Route de San Romano" où "La poésie se fait dans un lit comme l'amour" où Breton sans s'épancher aucunement évoque amour et poésie comme seuls refuges à la tristesse du monde.

Je ne peux que rester ébahi par la force de pensée et la détermination littéraire et philosophique d'André Breton, sa volonté de révolutionner la littérature et la société mais je reste souvent plutôt froid devant sa poésie privée à mon avis d'une large pinte de chair et de sang ou encore de rires et de larmes.
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Je découvre les poésies d'André Breton né le 18 février 1896 et dcd en septembre 1966.

Pour moi, à savourer doucement, à petits pas en essayant d'y trouver l'essence même du plaisir des mots et des phrases.

... deux objets de pensée situés sur des plans différents, entre lesquels le fonctionnement logique de l'esprit n'est apte à jeter aucun pont et s'oppose a priori à ce que toute espèces de pont soit jeté. (p. 9)

* sur le lit du blanc de l'oeil, l'iris est le sommier du matelas de la pupille, où un fantôme de nous-même s''étend dans le rêve.* (Malcolm de Chazal)

Constellations , vingt deux dernières pages où face à des lithographies coloriées de Joan Miro (reproductions de Matisse) l'auteur y a écrit 22 proses en parallèle.







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Recueil de poèmes en vers et en prose qui contient le très obscur (abscons ?) Les États Généraux, un des poèmes préférés d'André Breton, bâti autour de la phrase "Il y aura toujours une pelle au vent dans les sables du rêve", le magnifique poème "Guerre" et une suite de courts textes, comme autant de micro-nouvelles, illustrant la série Constellations de Joan Miró dont les fonds sont superbes.
Cette lecture a été une nouvelle occasion de m'interroger sur la poésie. Certain poème est-il fait pour être uniquement écrit sans être lu ? Certain poème n'a-il de portée que déclamer devant un public ? La publication de certain poème n'est-elle qu'une bouteille lancée à la mer à la recherche de SON lecteur comme une annonce dans un journal : poème cherche coeur à émouvoir. Au contraire, certain poème est-ils une bouteille à la mer lancée par les lecteurs à la recherche du poète l'ayant perdus et qu'il faut rassurer par notre émotion : rassure-toi, ton poème est au chaud entre un chagrin d'amour et un éclat de rire. Certain poème n'a peut-être pas d'auteur tant qu'il n'a ému personne.
La poésie est la plus étrange et la plus puissante des littératures.
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C'est une sélection de poèmes qui vont de 1935 à 1956. C'est d'une grande qualité poétique, très abstraite qu'il nous livre là dont le chapitre "Constellations" où chaque poème est illustré d'une peinture de Miro, et le dernier intitulé "Le la" est une série de petites phrases qui lui venaient de temps à autres inconsciemment durant la nuit et qu'il s'empressait de noter, en voici une : "On composera donc un journal dont la signature, compliquée et nerveuse, sera un sobriquet."
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Une déception à laquelle je m'attendais, ayant toujours été rebutée par l'écriture d'André Breton que je n'arrive pas à lire plus de quelques instants...Si certains vers m'ont fait sourire, je me suis plutôt ennuyée, sauf dans la seconde partie de l'ouvrage où je me suis amusée à retrouver dans les belles peintures de Miro les descriptions qu'en fait le poète !
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
LE PASSAGE DE L'OISEAU DIVIN

Le monde se distend comme la pelure en impec-
cable hélice d'un citron vert. En scintille la boucle
de celle qui supplia : "Encore une minute, monsieur
le bourreau !" Et la bouleversante cornemuse conçue
en des temps toujours reculables pour épouser les
mouvements du coeur auquel elle s'applique étroite-
ent quoi qu'il arrive, donne de tous ses bourdons
à l'étoile du berger. Où se délace - d'un flot de rubans
de Riemann - la beauté qui l'appréhende a déjà
le pied sur la pédale : " La partie matérielle de la
plante est tout à fait consentante à être mangée."
C'est très volontiers que la chenille qui la dévore,
se fit-elle arrogante comme celle de la dicranure
vinule, s'expose, dans le subtil du devenir, à être
la proie de l'oiseau. Plus rien n'en transparaît, dans
l'aromal : " Un oiseau, un papillon ne sont jamais
tristes. Les papillons sont très élevés en esprit ; ils
jouent avec les enfants ; le papillon le sait et s'en
amuse ; il s'échappe toujours, même quand on l'at-
trape et qu'on le tue."
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ECOUTE AU COQUILLAGE

[.............................................................]
Je vois ce qui m'est caché à tout jamais
Quand tu dors dans la clairière de ton bras sous les
papillons de tes cheveux
Et quand tu renais du phénix de ta source
Dans la menthe de la mémoire
De la moire énigmatique de la ressemblance dans un
miroir sans fond
Tirant l'épingle de ce qu'on ne verra qu'une fois

Dans mon coeur toutes les ailes du milkweed
Frêtent ce que tu me dis

Tu portes une robe d'été que tu ne connais pas
Presque immatérielle elle est constellée en tous sens
d'aimants en fer à cheval d'un beau rouge minium
à pieds bleus
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FEMMES AU BORD D'UN LAC
A LA SURFACE IRISEE
PAR LE PASSAGE D'UN CYGNE

Leur rêverie se veloute de la chair d'une pensée
proportionnée aux dimensions de l'oeil cyclopéen
qu'ouvrent les lacs et dont la fixité fascina qui devait
se faire le terrible héraut du Retour Eternel. Le
beau sillage partant du coeur innerve les trois pétales
de base de l'immense fleur qui vogue se consumant
sans fin pour renaître dans une flambée de vitraux.
Ce sont les oratoires sous-jacents, plus que profanes,
où se retirent les belles, chacune dans son secret.
Elles s'y rendent en tapis volant, sur le merveilleux
nuage d'inconnaissance. C'est là que la vapeur des
alambics fait ruche et que le bras, qui reflète à s'y
méprendre le col de cygne, pointe tout distraitement
sur l'angle du miel. Plus, entre les mots, la moindre
brise : le luxe est dans la volupté. - Toute femme
est la Dame du Lac.
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Ouf le basilic est passé tout près sans me voir
Qu'il revienne je tiens braqué sur lui le miroir
Où est faite pour se consommer la jouissance humaine
imprescriptible
Dans une convulsion que termine un éclaboussement
de plumes dorées
Il faudrait marquer ici de sanglots non seulement
les attitudes du buste
Mais encore les effacements et les oppositions de la tête
Le problème reste plus ou moins posé en chorégraphie
Où non plus je ne sache pas qu'on ait trouvé de mesure
pour l'éperdu
Quand la coupe ce sont précisément les lèvres
Dans cette accélération où défilent
Sous réserve de contrôle
Au moment où l'on se noie les menus faits de la vie
Mais les cabinets d'antiques abondent en pierres
d'Abraxas
Trois cent soixante cinq fois plus méchantes que le
jour solaire
Et l'oeuf religieux du coq
Continue à être couvé religieusement par le crapaud
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Les armoires bombées de la campagne
Glissent silencieusement sur les rails de lait
C'est l'heure où les filles soulevées par le flot de la nuit qui roule des carlines
Se raidissent contre la morsure de l'hermine
Dont le cri
Va mouler les pointes de leur gorge

Les événements d'un autre ordre sont absolument dépourvus d'intérêt
Ne me parlez pas de ce papier mural à décor de ronces
Qui n'a rien de plus pressé
Que de se lacérer lui-même
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Videos de André Breton (71) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Breton
"Il est des livres qui s'imposent. Crayon noir pourrait appartenir à ceux-là. (...) Écrire sur Samuel Paty a été une urgence doublée d'une évidence."
Ces quelques mots de Valérie Igounet, historienne, journaliste et directrice adjointe de l'observatoire du conspirationnisme, se trouvent en préface de Crayon noir, un roman graphique nécessaire publié en octobre 2023, 3 ans après l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une enquête dessinée qui retrace l'engrenage qui a mené à ce drame, la façon dont cet événement nous a bouleversés et transformés, à un niveau individuel et collectif, mais c'est aussi un récit plein de vie qui nous fait entrer dans l'univers de Samuel Paty, son quotidien de professeur, la passion qui l'animait.
Une bande dessinée qui s'adresse à un large public, qui met des mots sur ce drame et permet de ne pas oublier, et que nous explorons dans cet épisode en compagnie de ses auteurs, Valérie Igounet et Guy le Besnerais.
Voici la liste des ouvrages évoqués dans cet épisode :
Crayon noir, de Valérie Igounet, Guy le Besnerais et Mathilda (éd. Studiofact) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22774624-crayon-noir-samuel-paty-histoire-d-un-prof-valerie-igounet-studiofact ;
Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes (éd. Classiques Garnier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17994823-le-chevalier-de-la-charrette-lancelot-chretien-de-troyes-classiques-garnier ;
La Chute, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/887645-la-chute-albert-camus-folio ;
Noces, suivi de L'Été, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/91666-noces-suivi-de-l-ete-albert-camus-folio ;
Nadja, d'André Breton (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/394481-nadja-andre-breton-folio.
Invités : Valérie Igounet et Guy le Besnerais
Conseils de lectures de : Julien Laparade, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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