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EAN : 9782246820796
608 pages
Grasset (12/01/2022)
3.88/5   16 notes
Résumé :
C’est un peuple légendaire, immense, vif comme s’il avait vécu. Ce sont les personnages d’A la recherche du temps perdu, avec leurs visages, leurs désirs, leurs tics, leurs mots fameux : ils sont une petite centaine, choisis par Mathilde Brézet dans ce dictionnaire libre et passionné.
Chaque nom est un récit – parfois une apparition : récit d’une vie, mais aussi récit d’un parcours de création. Comment est née Albertine ? Et Swann ? Que veut nous dire Pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le grand monde de Proust, c'est avant, pendant, après!

L'auteur l'annonce dans la première ligne de l'avant-propos :

« Procurer aux lecteurs de Proust le plaisir des retrouvailles avec de vieux amis - et, pourquoi pas, faire connaitre à ses non-lecteurs la qualité de leur compagnie »

J'y ajouterai la possibilité en cours de lecture d'un rappel ponctuel des origines d'un personnage, qui peut être utile tant le nombre d'amis, connaissances, amours et parents est important.

C'est aussi une sorte de puzzle, avec une déstructuration de l'oeuvre déclinée à partir des personnages, qui modifie quelque peu la perception comme le feraient dans une pièce sombre des éclairages différemment situés.
Les lieux si important pour l'auteur de la Recherche ne sont pas oubliés.

Ce dictionnaire n'est pas exhaustif, et on le conçoit : il faudrait plusieurs tomes bien épais pour en faire le tour, mais les principaux sont là, (une centaine sur les deux mille cinq cents répertoriés). Les portraits sont loin d'être figés, analysés avec l'évolution à la fois de leur personnalité mais aussi du regard que Marcel porte sur eux et qui se modifie avec sa propre évolution.

L'ensemble fait la preuve d'une connaissance conséquente de l'oeuvre.

A lire par petites touches ou d'une traite, pour accompagner la lecture de l'oeuvre ou la retrouver à distance, tout est possible.

Merci à Netgalley et aux éditions Grasset.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un livre épatant. S'y côtoient avec style et humour et dans le seul ordre qui vaille, alphabétique, de noms, prénoms, ou de lieux, tous ceux qui entre pires mesquineries ou accès de magnanimité représentent l'ineffable et mouvante galaxie de personnages de la Recherche et participent de ses multiples atmosphères ; provinciale à Combray, balnéaire sur la côte normande, plus artificielle et sulfureuse des salons parisiens jusqu'aux lumières vénitiennes et celles déclinantes du Temps retrouvé. Père, mère et grand-mère d'un hypothétique narrateur, anonymes, altesses déchues, bourgeois, grandes duchesses, petits ducs, Guermantes et Courvoisier, « Français de souche » et « assimilés », dreyfusards, antisémites, « vieille race » d'invertis et homos jeunes manières, divas et cocottes, valets de pied, ambassadeurs, liftiers, généraux et sous-lieutenants, giletier, crémière et blanchisseuse, grands pontes, médecins de famille, peintres et écrivains, créateurs ou fausses gloires, des figures historiques aussi (la princesse Mathilde, le Colonel Picquart), quelques « discrets passants » ou « passagers clandestins ». Gri-gri, Cancan, Babal et Mémé y dévoilent leurs vices et petits secrets. La vieille marquise à moustaches et postillons est bien là.

Que vous ayez effectué ou non la longue traversée proustienne la lecture de cet abécédaire sélectif (plutôt que dictionnaire) qui commence avec « L'oncle Adolphe » et s'achève en compagnie des Vinteuil vous invitera à des va-et-vient constants entre ses quatre-vingt-dix-huit entrées. Parce qu'il semble né d'une énième lecture de la Recherche, la seconde étant celle qui « généralement dessaoule » glisse Mathilde Brézet au hasard d'une page (p. 412), ce « Grand Monde de Proust » révèle, au-delà de sa forme accueillante, la mise en abyme d'une réflexion pénétrante sur la genèse du roman où l'auteure décrypte l'essence d'une oeuvre sans pareille ; Son analyse fait ressortir l'étonnant potentiel métamorphique de chaque personnage, lui permet de sonder peut-être et surtout l'énigme de l'illustre et déconcertant créateur qui les a immortalisés : « un monsieur qui raconte et qui dit « je ». […] « Un homme à qui une vocation littéraire arrive, en même temps que cette vocation est constamment empêchée et découragée. » La Recherche est le grand livre de la vocation et du sacrifice à l'oeuvre ajoute Mathilde Brézet et tous, personnages ou lieux emblématiques retenus sont des continents de bonnes et mauvaises surprises qui font approcher un peu mieux grâce à elle celui qui disait "Là où je cherchais des grandes lois on m'appelait fouilleur de détails".
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Un ouvrage précieux pour les amoureux de Proust ! Une introduction érudite, un dictionnaire qui nous replonge dans La recherche avec bonheur. Des anecdotes, des interprétations intéressantes, des informations que l'on avait oubliées. En bref, que du bonheur ! Un texte dans le texte en quelque sorte puisque nous retrouvons des citations de Marcel mais aussi des références à d'autres auteurs tel Henry James par exemple.
À dévorer sans hésiter !
#LegrandmondedeProust #NetGalleyFrance !
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critiques presse (1)
LeFigaro
17 janvier 2022
À la façon de Félicien Marceau avec son superbe essai sur Balzac, Mathilde Brézet présente avec finesse et talent tous les personnages de La Recherche, depuis les premiers rôles jusqu’aux plus humbles figurants.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Une petite chose fragile ? Une sainte ? Doutons-en avant même de la connaître ; c'est le propre des personnages de ce roman de se révéler le contraire de ce pourquoi ils se sont d'abord donnés… Et Françoise ne fait pas exception : rien de fragile, rien de sucré, rien de saint dans cette domestique, cuisinière, gouvernante dotée de toutes les excellences, mais aussi d'un sacré caractère. Construite dans le sillage d'illustres devancières, la Félicie de Flaubert et l'anonyme « au grand cœur dont vous étiez jalouse » qui passe dans Les Fleurs du mal, mais en totale opposition avec elle, Françoise n'est pas simple et son cœur renferme autant de grandeur que de mesquinerie.
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[...] À Combray, c'est tous les jours dimanches, messe, promenade, vêpres et poule au pot. Les rues sont de pierre médiévale et portent des noms de saints, la campagne est piquetée de fleurs et de cours d'eau, et la maison du narrateur regorge de nourriture et de livres, deux obsessions françaises. Quelque importance que prennent par la suite les thèmes du snobisme et de l'homosexualité, tout lecteur pourra, sinon s'identifier, du moins se reconnaître dans cette ouverture : magistral ! [...]

[...] Entrons dans la vieille demeure. Elle a la couleur un peu défraîchie des intérieurs de Chardin et évoque un quotidien bourgeois, harmonieux, mais sans lyrisme. C'est une maison à l'intérieur de laquelle on est douillettement confit (comme la tante Léonie), ou dont on s'échappe pour des promenades longues et vivifiantes (comme la grand-mère). Il y a beaucoup d'odeur dans la maison, des cabinets qui sentent l'iris, une chambre qui sent le vétiver et d'autres chambres "saupoudrées d'une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote". Il y a encore un jardin où on se tient beaucoup : l'enfant y lit sous la balançoire, les parents reçoivent les voisins qui sont aussi des amis ; Combray, c'est entre tous, le locus amoenus, un lieu de plaisir à l'abri des atteintes du monde.

Combray (p. 170 à 175)
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[...] La journée se déroule ainsi : midi, déjeuner; deux heures, eau de Vichy; trois heures, pepsine; quatre heures, visite; cinq heures, cancan; six heures, vêpres; sept heures, dîner, etc. : sa vie, routinée à l'extrême dans un petit traintrain, est un grand rétrécissement où le temps immuable est émietté en heures et en minutes éternellement identiques. Elle ne supporte ni les sorties ni la nouveauté. Elle dit qu'elle est trop faible, qu'elle est malade, qu'elle ne dort pas, qu'elle mange mal. Mais on l'entend ronfler, on la voit manger, et on la surprend qui se marmonne à elle-même " il faut que je me rappelle bien que je n'ai pas dormi ". [...]

[...] Quant à lui, le lecteur est surpris par la mort de cette tante Léonie, qui paraissait devoir durer éternellement à force d'être si férocement malade. Dans ses sempiternelles conversations avec ses sempiternels visiteurs, on était galvanisé par l'intensité que mettait l'impotente à savoir si oui ou non Mme Goupil était arrivée à la messe après l'Élévation, si elle avait pris la pluie, ou si on connaissait le propriétaire du chien vu dans la rue. [...]

Tante Léonie ( pp. 348-354 )
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Le comique des Jeunes Filles en fleurs, quoique moins brillant, moins féroce que celui du Côté de Guermantes, [...] tient au point de vue adopté, à l'ironie subtile avec laquelle le narrateur âgé reconstitue la psyché de l'adolescent qu'il était, un garçon maladif, timide et intelligent, élevé par des femmes délicates mais que les premières poussées du désir transforment en soudard - un soudard tout neuf qui tient des raisonnements absurdes. Il faut se rappeler le miracle que c'est de tomber sur huit filles en vacances quand on a quatorze ans.

Les jeunes filles de Balbec (pp. 313-319)
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Après Combray, familial, densément enfoncé dans son faux-col bourgeois et ses rites mérovingiens, Balbec souffle une brise légère de mode, de plaisirs, et un parfum d'adolescence : "les désirs errants de la vie de bains de mer".

Balbec (pp. 73 à 79)
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Video de Mathilde Brézet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathilde Brézet
Avec Aurélie Julia, Mathilde Brezet, Stéphane Barsacq et Stéphane Zagdanski 0:00:00 Présentation de Jacques Letertre, fondateur de l'Hôtel le Swann 0:01:20 Présentation de Valérie Toranian, directrice de la Revue des Deux Mondes 0:03:39 Lecture par Aurélie Julia, coordinatrice éditoriale de la Revue des Deux Mondes 0:09:11 Intervention de Stéphane Barsacq 0:16:10 Intervention de Mathilde Brezet 0:28:08 Intervention de Stéphane Barsacq 0:29:43 Intervention de Stéphane Zagdanski 0:38:40 Intervention de Mathilde Brezet 0:41:08 Intervention de Nicolas Ragonneau 0:47:02 Intervention de Stéphane Zagdanski 0:52:35 Intervention de Mathilde Brezet 0:58:34 Intervention de Jérôme Bastianelli, Président de la Société des Amis de Proust 01:01:57 Lecture par Aurélie Julia 01:07:44 Annonce des nominés du prix Céleste Albaret
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