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EAN : 9782851974570
168 pages
L'Herne (05/02/2014)
3.5/5   17 notes
Résumé :
De nombreux conflits en France sont « identitaires », par exemple sur l’Islam, le communautarisme, le sionisme et l’anti-sionisme, le racisme-sexisme-homophobie. Un des facteurs qui alimente ces conflits est que la notion de liberté d’expression et la séparation correcte privé-public n’est que très rarement comprise et encore plus rarement défendue. On aboutit à un climat généralisé de dénonciation mutuelle et une montée des antagonismes entre communautés. Cet ouvra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie Babelio et les éditions de l'Herne grâce à qui j'ai reçu et pu lire gracieusement ce livre. La lecture en a été rapide, accessible et intéressante.

"La république des censeurs" me semblait être tout à fait d'actualité vu les remouds que peuvent faire continuellement des opinions de politiques ou personnalités diverses dans les médias. On parle souvent de "dérapages" et on intente régulièrement des procès médiatiques ou juridiques pour des propos choquants. L'intérêt de ce livre était d'avoir accès à une réflexion un peu poussée tout en restant accessible dans son écriture vu que l'auteur n'est pas un philosophe mais un physicien à la base. Pari réussi.

La république des censeurs développe une thèse assez simple : on ne doit pas réprimer une opinion, qu'elle nous plaise ou pas. Sinon on juge une personne pour délit d'opinion. C'est ce que s'attache à démontrer Jean Bricmont dans son essais de 150 pages.

Le livre est composé de trois parties. La première qui pose les bases légales et philosophiques de la liberté d'expression tout en montrant divers exemples de censures qui touchent des propos actuels en vertu de la Loi pleven (ne pas inciter à la haine raciale, etc). Il est intéressant de penser que la loi pleven est difficilement applicable du fait de son manque de précision. Elle sera forcément soumise à interprétation, ce qui signifie à un avis subjectif, et donc peu probablement à un avis suivant l'esprit de la loi. L'auteur met notamment le doigt sur le fait que selon la personne et le sujet, les propos tenus ne seront pas jugés de la même manière, ce qui est contraire à l'égalité de la loi.

La deuxième partie revient sur la loi Gayssot qui interdit la négation de crimes contre l'humanité établis par le tribunal de Nuremberg. J'avoue ne m'être jamais posée de question sur cette loi et son bien fondé. Or l'auteur nous montre bien simplement que cette loi est injuste envers d'autres crimes commis que l'on est libre de nier. Il y a un effet pervers qui pousse à une hiérarchisation des crimes. L'autre point défendu par l'auteur est l'impossibilité de remettre en cause un fait historique comme si les faits étaient figés et qu'aucune découverte ou travaux de scientifiques ne pouvaient apporter de nouvelle lumière sur un évènement. Cette idée ne nous viendrait pas pour un fait scientifique. Il y a donc une notion de politique, d'idéologie derrière cette loi. de plus, on ne peut pas interdire une idée parce qu'elle est fausse, sans quoi bien des personnes ne pourraient plus parler! Au contraire, il faut profiter de cette erreur pour la rectifier.

Cette partie, la plus importante de l'essai, comporte des longueurs et revient surtout sur les querelles historiques à propos du génocide juif. Pour l'auteur la loi Gayssot a empêché dès sa promulgation une réflexion ou de nouvelles conclusion sur la question des chambres à gaz dans le génocide juif. Ce qui a permis la montée du négationnisme et non pas son éviction selon le principe que la où nous empêche de regarder, c'est qu'il y a anguille sous roche. de même, la montée en puissance de personnalités telles de Alain Soral, Dieudonné ou Eric Zemmour viendrait indirectement de la loi Gayssot et du tabou qui frappe la question des juifs dans la seconde guerre mondiale.

J'ai regretté, et cela dans l'ensemble de l'ouvrage, le manque d'ouverture sur d'autres thématiques que les polémiques touchant à Israël ou à l'antisémitisme. Mais cela provient peut-être du fait que ces polémiques intéressaient plus particulièrement l'auteur et donc qu'il les maitrisait mieux.

Son développement en arrive donc à la conclusion que les lois qui appellent à la censure depuis une trentaine d'années poussent la montée des idées extrémistes puisque la personne accusée, si l'on ne rectifie pas ses propos, est perçue comme une victime et a finalement gain de cause dans l'opinion publique. le mieux est l'ennemi du bien dira t-on. A force de vouloir être bien pensant, et vouloir que l'autre pense de même, on étouffe l'expression de son voisin.

Un petit ouvrage que je conseillerais donc pour une approche des questions liées à la liberté d'expression, aux différences de traitement qui existent selon le sujet que l'on traite, qui remet les pendules à l'heure aux personnes qui jugent des idées et non des faits, ce qui, je pense, arrive à peu près à chaque être humain.

Mais un ouvrage qui ne pourrait se suffire à lui même. L'orientation du discours cible uniquement, ou presque, comme je l'ai dit, les personnalités ayant été inquiétées suite à des propos qualifiés d'antisémites ou antisioniste (ce n'est pas à moi de le juger) et c'est dommage.
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Reçu dans le cadre de masse critique, j'avais eu vent de Jean Bricmont lors d'une émission de télé. Wahouh quel essai ! En 162 pages il y a plus de réflexion qu'en 6 mois de salmigondis sur l'affaire valls, diedudonné et par extension sur la question brûlante et essentielle posée par l'essayiste : la France est-elle régie par la censure ? A l'aide d'exemples très éclairants il démontre que les citoyens ne sont pas tous égaux selon leur obédience alors que leur discours est sensiblement identique, je pense aux fiançailles du fils Sarkosy traité par sine hebdo et libération par exemple.
On y croise évidemment Chomsky, et toute une tripotée d'historiens, de rigolos de gauche et de droite, Henry IV...
Au sortir de ce livre on souhaiterait entendre ces auteurs plus souvent, comme ce n'est pas demain la veille, je vais continuer à les lire.
Très bon essai, vraiment.
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J'ai découvert Jean Bricmont en 2001, lors d'une conférence avec Noam Chomsky. Je savais dès lors avoir à faire à un auteur engagé.
« La république des censeurs » pose dans un premier temps les bases théoriques de la liberté d'expression au travers une série de citations tirées de textes fondamentaux (souvent ancrés à gauche de la gauche).
Vient ensuite le temps de se penser sur les « affaires » ayant parcouru la France ces dernières années. L'auteur illustre parfaitement le climat de chasse aux sorcières qui s'est installé dans la République et les poursuites judiciaires qui viennent museler ceux qui viendraient contredire la pensée dominante. On est vite frappé d'un sentiment d'injustice quand on découvre que les principes de liberté individuelle, tant chérit par la France et brandis en étendard, sont mis en oeuvre dans un deux poids, deux mesures constant.
Force est de constater la fragilité, mais surtout la subjectivité des lois condamnant des « crimes de pensée », la plupart du temps basées sur des théories sociologiques tout aussi subjectives.
Au final l'ouvrage soulève la question de l'utilité de la censure, pour Bricmont cette dernière est contreproductive puisque non seulement elle ne fait pas taire les idées jugées dérangeantes, mais elles les alimentent et leur accordent une certaine crédibilité en vertu du principe : « Il n'y a que la vérité qui dérange ».
Merci à Babelio et aux éditions L'Herne !
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La France est certes loin d'être le pays le plus répressif en matière de liberté d'opinion. N'empêche, c'est un pays occidental où un délit d'opinion peut conduire à la prison, à de lourdes amendes ou à la destruction de livres. Bricmont montre que la loi Pleven et surtout celle du député communiste Gayssot sont inefficaces et, pire, contre-productives à l'âge d'Internet (voir p.ex. la Dieudonné-mania). Bricmont illustre que la pratique des “deux poids deux mesures” (particulièrement en faveur d'Israël) exacerbe les conflits intercommunautaires. La France vit dans une culture profondément imprégnée par la “reductio ad hitlerum”, depuis le vieux “CRS-SS”. Un exemple qui me concerne personnellement : les auteurs du “Livre noir de la psychanalyse” ont été qualifiés d'antisémites et de fascistes, notamment par E. Roudinesco (la journaliste du “Monde” pour les questions psys), parce qu'ils avaient critiqué un Juif, S. Freud. La dernière partie de l'ouvrage porte sur la “gauche morale” et les dérives moralisatrices de la gauche actuelle. Ce livre se caractérise par la précision des références de faits et par la rigueur de l'argumentation.
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Jean Bricmont dresse un état des lieux de la liberté d'expression en revenant sur les différentes affaires qui ont agitées la France ces dernières années ; Zemmour, Mermet, Siné, Israël, le Pen, Dieudo, les lois mémorielles, etc. . . .
Un énième coup de projecteur sur cette censure qui chaque jour gagne un peu plus de terrain dans notre pays.
Remarquons tout de même que toutes ces affaires tournent autour de l'antisémitisme et d'Israël.
Impossible aujourd'hui en France de critiquer objectivement la politique Israélienne sans passer pour un antisémite.
L'antisémitisme : arme de discréditation massive, tout comme le « complotisme », anesthésiant d'esprits critiques !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Peut-on suggérer que le devoir de mémoire n'est souvent que le nom actuel de ce qu'on aurait appelé jadis l'entretien des haines du passé, qui peut en fait créer des craintes imaginaires et des conflits artificiels ? . . .
Pour conclure, proposons à la méditation générale les deux premiers articles de l'édit de Nantes, qui, s'il n'était pas libertaire (il imposait par décret de devoir de l'oubli !), était peut être une meilleure cure pour les conflits qui avaient ensanglanté la France de l'époque que les médecines actuelles:

Article I. Premièrement, que la mémoire de toutes choses passées d'une part et d'autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu'à notre avènement à la couronne et durant les autres troubles précédents et à leur occasion, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos procureurs généraux, ni autres personnes quelconques, publiques ni privées, en quelque temps, ni pour quelque occasion que ce soit, en faire mention, procès ou poursuite en aucunes cours ou juridictions que ce soit.

Article II. Défendons à tous nos sujets, de quelque état et qualité qu'ils soient, d'en renouveler la mémoire, s'attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer l'un l'autre par reproche de ce qui s'est passé, pour quelque cause et prétexte que ce soit, en disputer, contester, quereller ni s'outrager ou s'offenser de fait ou de parole, mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d'être punis comme infracteurs de paix et perturbateurs du repos public.
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On remarquera finalement qu'à l'époque de l'affaire Faurisson, aucun des grands intellectuels français, associés à la mouvance "anti-totalitaire" et plus ou moins libertaire des années 1960-1980, tels que Michel Foucault, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Claude Lefort, Cornélius Castoriadis, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Edgar Morin, André Gorz, François Furet, André Glucksmann, Paul Thibaud, Phillipe Sollers, Jean Marie Domenach, Bernard Henry Lévy, n'a émis la moindre protestation face aux poursuites intentées à Robert Faurisson.
Qu'aucun d'entre eux n'ait dit un mot pour s'opposer à la campagne de dénigrement dont était victime Noam Chomsky, alors qu'il n'était pas difficile de savoir ce qui s'était réellement passé -avec la pétition comme avec "l'avis" publié au début du mémoire en défense de Faurisson- est plus remarquable encore. Cela laisse perplexe quand à la profondeur et la cohérence de leurs convictions anti-totalitaires. Les principes fondamentaux de la république ont été mieux défendus, lors de l'affaire Faurisson, par un américain libertaire (Chomsky) que par toute l'intelligentsia française de l'époque, qui a choisi d'ignorer les principes dont elle se réclamait.
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Dans la mesure où l'on cherche à modifier ce que pensent les personnes à l'âge adulte, soit par des lois limitant leur liberté d'expression,qui sont parfois présentées comme ayant une valeur pédagogique, soit par des campagnes faites par des associations subventionnées par les pouvoirs publics, on entre dans une sorte de totalitarisme mou, ce qu'on pourrait appeler le stalinisme bobo.
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Là où l'arbitraire règne, la justice est absente et, là où elle est absente, pousse le ressentiment [...] conséquence entièrement prévisible lorsque l'on criminalise des pensées et non des actions.
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C'est ce qu'on pourrait appeler le "principe Hitler-Staline" : défendre la liberté d'expression pour les gens qui pensent comme moi.
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La Liberté d'expression en question avec Jean Bricmont.
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