Jean Ferrat, une vie

" Des plaines en forêts des vallons aux collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson, ma France."


L'auteur tisse la vie du poète avec les événements de la France et l'entrelace avec ses amours...
"Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le coeur à le dire".


En 1956, Jean Ferrat met en musique le poème d'Aragon: "Les yeux d'Elsa ", interprété par André Claveau.


"Pourtant que la montagne est belle
Comment peut on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver?"


Jean Ferrat s'était retiré trop tôt, à Antraigues.
( Un joli village, que j'ai eu plaisir à visiter, ainsi que la maison de Jean Ferrat!) car Jean d'Ormesson et d'autres avaient réussi à l'écarter de la scène musicale...
La chanson "Nuit et brouillard" avait été censurée sur les ondes, pendant un moment...


En 1961, Jean Ferrat épouse Christine Sèvres
"Ma môme, elle joue pas les starlettes
Elle met pas des lunettes de soleil
Elle travaille en usine, à Créteil."...


Et en 1962, ce sera la rencontre avec Isabelle Aubrey, son interprète de:
"Aimer à perdre la raison
Aimer à ne savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon "...
Un artiste engagé...

Prolixe, auteur d'une riche discographie de plus de 200 titres notamment les immortelles chansons Ma Môme, Nuit et brouillard, Potemkine, Aimer à perdre la raison ou C'est beau la vie, Jean Ferrat était un monument. Ainsi, s'en est-il allé rejoindre au «Panthéon», les Trénet, Brassens, Vian, Mouloudji, Gainsbourg…Ce cercle des poètes disparus ! Un chanteur humble, discret, loin des feux de la rampe, rebelle et épousant l'idéal communiste. Il célébrera son pays d'adoption et de cocagne, l'Ardèche et son fameux, «mat» bucolique de par son titre-phare La Montagne, rendra hommage à Louis Aragon à travers La femme est l'avenir de l'homme, déclarera et déclamera sa flamme à la gent féminine avec délicatesse et se montrera plutôt utile et pas du tout «futile et léger» comme dirait France Gall dans conception musicale en lui conférant une texture engagée aux valeurs cardinales universelles à l'écoute de ses semblables et de la détresse humaine.





Et puis, ses coups de gueule et coeur rhapsodiques ceux d'un Jean Ferrat au caractère entier et trempé. A l'instar de textes tels que Nuit et Brouillard (1963), rappelant les horreurs de la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale, une chanson non diffusée par les radios, puis Potemkine (1965), à la gloire des marins du cuirassé de la mer Noire dont la mutinerie fut le prélude de la révolution russe de 1905, qui fut interdite d'antenne. Compagnon de route du Parti communiste français (PCF), sans jamais en avoir été membre, il affirme haut et fort ne pas tout accepter du parti. Ainsi ses chansons Camarade qui dénonce l'invasion de Prague en 1968 par les troupes du Pacte de Varsovie, ou Bilan en réponse au «bilan globalement positif» dressé par le PCF sur les pays de l'Est.

Né Jean Tenenbaum, le 26 décembre 1930 à Vaucresson (banlieue parisienne), Jean Ferrat avait perdu à l'âge de 11 ans son père, juif émigré de Russie en 1905 et mort en déportation à Auschwitz. Il fut sauvé grâce à des militants communistes, ce qu'il n'oubliera jamais. A la Libération, il quitte le lycée pour aider sa famille et devient aide-chimiste jusqu'en 1954, date à laquelle il passe ses premières auditions dans des cabarets parisiens. La montagne n'a pas accouché d'une souris mais d'un menestrel de la place des grands hommes !

Intéressant dans le sens où on apprend beaucoup de Jean Ferrat (en même temps, c'est ce qu'on attend de ce livre) : sa vie, son amour, sa musique, ses opinions politiques...
Mais le livre m'a paru trop scolaire à mon goût et je trouve que l'auteur a été trop dans les explications sur l'interprétation de certaines chansons et surtout trop de chansons de Ferrat.
Par contre, l'auteur retrace bien dans ce livre l'histoire de la France de l'époque du fait des interventions politiques de Ferrat, ce qui fait toujours une bonne piqûre de rappel !!

Le livre nous raconte le vie de Jean Ferrat, de ces débuts, son passage par la Music Hall, la montée en puissance de ses convictions politique, son ascension d'artistes, sa vie à Antraigues...
L'auteur retrace toujours en parallèle le contexte de l'époque, les chanteurs à la mode, la vie politique, le rôle des médiats sur sa médiatisation (les problèmes avec l'ORTF...).

Il nous dévoile aussi des infos sur beaucoup des chansons, qui les a écrite, leur histoire, etc...
C'est intéressant à lire, j'ai appris pas mal de choses.

L'auteur est aussi parfois critique sur les choix de Ferrat.

Un bon livre pour en apprendre sur ce chanteur à part. On a envie durant tout le livre de se mettre le fond sonore !!!