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EAN : 9782846285797
248 pages
Blanche (07/09/2017)
3.75/5   4 notes
Résumé :
"C'est le français qu'on assassine. En s'attaquant à notre langue, c'est à la Nation que l'on s'attaque."

" La France, ton français fout l'camp ! " : baisse dramatique du niveau orthographique, conséquence d'un enseignement à la dérive ; réformes absurdes de l'apprentissage de la langue, " négociations " en classe sur la graphie et " simplification " de la grammaire –; jusqu'à ce qu'il n'en reste rien ; utilisation massive de l'anglais –; et, pire, du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le subjectif n'entre pas en ligne de compte lorsqu'on commente la lecture d'un essai. Soit on adhère totalement, moyennement, ou aucunement, aux idées exposées mais il est indéniable que ce type d'ouvrage enrichit notre réflexion. Quelle que soit notre position de départ sur le sujet abordé, après lecture, on en retire au moins le bénéfice de savoir sérieusement ce que l'on pense et pourquoi on le pense.

Si je partage généralement l'avis de J.P. Brighelli et avais, d'ailleurs, été littéralement enthousiasmée par son ouvrage édité en 2006, "La fabrique du crétin - La mort programmée de l'école", j'émets quelques infimes réserves sur celui-ci, paru en septembre 2017. Comme un sentiment que J.P. Brighelli - mû par une colère tout à fait justifiée et qui, je le lui accorde, a eu toutes les raisons de s'amplifier au cours des onze années écoulées - n'a plus de nuances, ne fait plus de quartiers.
Et, j'admets que je n'aurais sans doute pas émis cette petite réserve si, à l'avant dernière page du livre, le paragraphe suivant ne m'avait fait lever le sourcil :
"Nous ne naissons pas avec le don de notre langue et ce que la famille ne parvient pas à nous enseigner, l'école doit le transmettre.
Sauf qu'elle y a renoncé. Comme elle a renoncé à recruter des maîtres capables de redresser le français erratique des enfants perdus. Les défunts IUFM énonçaient la vulgate pédagogique en vogue. Les ESPE qui leur ont succédé forment de façon fort étrange des "professeurs des écoles" qui, au témoignage d'inspecteurs-formateurs, sont "une catastrophe"...."

Etant née la même année que J.P. Brighelli, et bien que je ne sois pas spécialiste en la matière, je peux témoigner que les institutrices d'antan, recrutées avec le niveau Bac et ayant pour nombre d'entre-elles embrassé la carrière pour de futiles raisons de confort personnel, n'étaient pas forcément meilleures enseignantes que les professeurs des écoles d'aujourd'hui, recrutés à Bac +5. D'autant que rien que cette exigence de niveau d'études exclut de fait, la simple motivation de confort ou de facilité.
Quant au fait que ces professeurs des écoles seraient mal formés, je trouve, moi, étrange que ce soient les inspecteurs-FORMATEURS qui se posent en indignés. La faute à qui s'ils sont mal formés ? je vous le demande.
À noter que si j'ai employé spécifiquement le terme "institutrices" c'est parce qu'il faut bien admettre que, durant des décennies, l'école primaire leur était réservée. Et force est de constater que pour la plupart, il y avait et il y a (elles ne sont pas toutes à la retraite) beaucoup à redire sur leur investissement et leur vocation à enseigner.
Pour ce qui est de cette appellation de "professeur des écoles", aujourd'hui accordée à tous les instits qu'ils aient ou non le niveau d'études requis, il n'y a pas lieu de leur tenir rigueur de ce titre censé les flatter, décrété par je ne sais quel décideur pour les caresser dans le sens du poil, et qui n'a pas plus d'incidence sur la réalité de leur fonction que sur celle de la femme de ménage devenue technicienne de surface.

De mon point de vue, les grands responsables de cette "mort programmée de l'école" sont l'Education Nationale et ses ministres successifs qui pondent à tout va des réformes ineptes afin de marquer leur passage comme les chiens marquent le leur en levant la patte sur les réverbères.

En conclusion, excepté ce petit point relatif aux professeurs des écoles, j'adhère totalement au développement de J.P. Brighelli que j'ai trouvé, comme toujours, d'une grande lucidité et d'une remarquable pertinence. Ce dernier essai me fait jubiler autant qu'il me désespère.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
35 - LE FRANÇAIS, LANGUE-MONDE

[...] Le français n'est pas seulement la langue de France. Elle est la langue que les Français exportèrent, à la semelle de leurs godillots ou au bout de leurs baïonnettes, du Canada à l'Extrême-Orient en passant par l'Afrique, du nord au sud, et les îles bienheureuses, Antilles et Polynésie. Sans oublier quelques comptoirs indiens et la Louisiane, qui tire quand même son nom de celui du roi de France, comme Montréal est le mont royal.

Je n'entamerai pas le refrain de "l'heureux temps des colonies". Je demande simplement pourquoi nous nous flagellerions, nous Français contemporains, de ce que firent des Français qui n'étaient pas forcément nos ancêtres, tant ce vieux pays, comme disait De Gaulle, a été brassé et rebrassé, alors que les Britanniques, qui ont colonisé en force les deux-tiers de la planète, s'en satisfont avec béatitude et Commonwealth réunis.
Pourquoi aurions-nous honte d'avoir exporté la langue française, d'avoir enseigné Montesquieu aux Africains dont il prêchait la libération, et Voltaire à des Maghrébins soumis aux catégorisations islamiques ?
Pourquoi aurions-nous honte de Senghor, Fanon ou Césaire, d'Amadou Hampâté Bâ, Mongo Beti ou Cheikh Hamidou Kane, de Kateb Yacine, Assia Djebar, Taos Amrouche ou Tahar Ben Jelloun ? De François Cheng ou Gao Xingjan ? D'Adonis, Salah Stétié, Amin Maalouf ou Andrée Chedid ?

Sans oublier tant de Québécois ou de Cajuns, et les Belges et les Suisses... Qu'eût été le XVIIIe siècle sans Rousseau ? Le XIXe sans Verhaeren ou Rodenbach ? Le XXe sans Yourcenar, Bessette ou Simenon ?

[...] C'est pourquoi on ne se demande pas, au fond, ce qui a poussé des écrivains de toutes origines à écrire en français alors même que ce n'était pas leur langue. Ionesco ou Cioran, Beckett, Milosz, Troyat ou Makine, Kristeva ou Kristof ? Pourquoi un écrivain tchèque reconnu dans sa langue comme Kundera s'est-il un jour mis à écrire, penser ou cauchemarder en français ?
[...] Et que pèsent, face à ces myriades francophones, quelques administratifs cachetonnant à Bruxelles, quelques banquiers relocalisés à Londres, qui trouvent que baragouiner l'anglais est méritoire ?
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"Député", lorsqu'il s'agit d'un représentant à l'Assemblée nationale est une fonction, et si son genre apparent est le masculin, son genre réel est le neutre. Il ne peut germer que dans la tête de féministes bornées l'idée de confondre le masculin - à valeur générique - et le "mâle".

L'Académie a d'ailleurs réagi à cette polémique picrocholine en précisant que si elle "n'entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions qui découle de l'usage même", "elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que "professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure", etc... pour ne rien dire de "chercheure", qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes."

Ces complaisances linguistiques sont l'écho servile d'un certain féminisme contemporain, promu par les "chiennes de garde" et Mme Vallaud-Belkacem lorsqu'elle était ministre des Droits des femmes. Pas le féminisme des suffragettes, ni celui de Beauvoir ou même de Gisèle Halimi. Pas celui d'Annie Le Brun [...] qui dénonçait déjà "le terrorisme idéologique de la femellitude" et le "corporatisme sexuel qui nivelle toutes les différences pour imposer la seule différence des sexes".
Juste le féminisme imbécile de celles et ceux qui croient qu'un vagin qui monologue dit forcément des choses intelligentes.

Et qu'il en est même, comme dit le peuple quand on le laisse s'exprimer, qui sont cons (mot masculin) comme des bites (mot féminin) - un comble.
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Cette langue en lambeaux, langue de notre allégeance, de notre abdication, est celle qui s'apprend désormais à l'école, grâce à des idéologues qui préfèrent que les enfants - ceux, surtout, des classes défavorisées, qu'ils méprisent souverainement sous prétexte de les aider* - bredouillent, bafouillent et baragouinent, et qui appellent cela "s'exprimer".

* Les mesures spécifiques prises prétendument pour aider les déshérités sont des manifestations de protectionnisme culturel. Quand de surcroît les déshérités en question viennent du sud, cela s'apparente à du racisme. Les hurlements des belles âmes et des bobos de tous partis n'y feront rien : ils méprisent très fort ceux qu'ils font mine d'aider. Leur condescendance affectueuse est la pierre de touche de leur mépris.
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Nous sommes plongés dans une guerre plus insidieuse et plus définitive que la dernière, en ce qu'elle est interne à notre civilisation même. Moins une guerre qu'un suicide, au moment même où les barbares, las de frapper à la porte, choisissent de l'enfoncer.
Ce n'est plus dans les journaux que l'on trouve les prémisses de notre extinction : c'est dans les manuels scolaires des dernières réformes, dans les chansons écrites dans une langue défigurée, dans les publicités qui se pensent imaginatives en réduisant l'expression à des slogans en langue étrangère, ou dans les cours des écoles où la langue de la banlieue a peu à peu envahi, via des médias complaisants, jusqu'aux territoires les plus agricoles. Comparez donc "Nique ta mère !" et l'équivalent sous la plume d'Apollinaire : "Ta mère fit un pet foireux. Et tu naquis de sa colique"...

Réglons une fois pour toute cette expression si commode et mensongère "langue de la banlieue". Peut-on appeler langue l'idiome de l'idiot, un vocabulaire réduit à des monosyllabes, où l'éructation le dispute au beuglement ? C'est un retour au cri, comme si l'expression de la colère permanente résolvait les questions de communication.
Tout recours au cri ou à l'insulte est aveu d'impuissance. La violence pseudo-linguistique prélude à la violence physique. Quand on ne dispose plus des mots, on hurle, puis on frappe.
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7 - Le globish du marché global

[...] L'anglais lui-même est en train de disparaître au profit d'un baragouin qui malaxe tous les idiomes dans le grand maelström global. L'idéal de la mondialisation n'est plus de lire dans le texte Racine ou Shakespeare, Cervantès ou Pouchkine, mais de permettre à un entrepreneur français de communiquer avec son homologue argentin dans la salle d'attente d'un aéroport islandais afin de s'entendre sur le prix du sushi norvégien.
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