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Citations sur La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l'école (63)

Moins ils en savent, plus facilement ils seront taillables et corvéables à merci. Ajoutez à cela le poids psychologique des CDD, qui ont tendance à se généraliser, les facilités faites aux entreprises pour licencier ou délocaliser, et vous obtenez ce que nous avons aujourd'hui : une classe ouvrière parfaitement dépourvue de tout moyen de s'insurger.
(...) - parce que l'intelligence est moins l'adaptation que la contestation. (...) : on a orchestré la baisse de niveau en interdisant tout simplement de faire apprendre. (...)
Avec l'aval de l'institution, puisque l'élève est plus important que l'enseignant. La spontanéité érigée en dogme est le plus beau facteur d'aliénation moderne.

(...) On s'est contenté de remplacer le travail par le ludique. C'est un procédé vieux comme le monde, pour s'assujettir les consciences, et les couper de toute revendication.
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En coupant les jeunes de la culture, on les a confinés dans le ghetto d'une langue raréfiée, où les quelques mots subsistants sont affublés de tous les sémantismes en même temps. "C'est géant / c'est nul" : entre ces deux jugements, toute la gamme intermédiaire - tout ce qui permet d'affiner la pensée - a disparu.

(...) Les inventions verbales, dans ce contexte d'appauvrissement général, ne témoignent nullement de la vigueur de la langue, mais de son extinction. Le mot branché (chébran, bléca, ce que vous voulez) est l'argot d'une secte, d'un gang, d'un clan. II n'enrichit pas la langue, il entérine l'exclusion.
Les jeunes n'ont plus les mots pour organiser ne serait-ce qu'un embryon de pensée.
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Evidemment, le nouvel enseignant issu d'un IUFM niçois et balancé en première nomination dans la banlieue de Valenciennes n'est pas formé à cela. On lui a déconseillé l'encyclopédisme. On lui interdit la culture - la sienne. "Mettez-vous plutôt à l'écoute de leur culture... Etudiez le rap... Travaillez NTM..."

(...) Proposer à ces enfants de travailler sur leur "culture" c'est les mépriser. Suggérer qu'il serait dangereux (?) de décortiquer avec eux les guerres coloniales, ou inutile de leur expliquer la démocratie athénienne, c'est criminel. Leur conseiller de lire exclusivement des oeuvres courtes, c'est les humilier.
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Les didacticiens contemporains s'accommoderaient assez d'une langue réduite à 800 mots, comme le "basic english" que l'Angleterre apprenait à ses serviteurs indigènes, du temps de l'Empire. Même souci, même punition : il s'agit aujourd'hui de former les manoeuvres de l'Europe future - et 800 mots sont bien suffisants pour obéir... et se taire.

Bernard Lecherbonnier, dans son récent ouvrage (Pourquoi veulent-ils tuer le français ?) remarque avec une certaine ironie que 800 mots, ce n'est jamais que quatre fois le vocabulaire d'un berger allemand bien dressé. Et il s'agit effectivement de dresser les futurs disqualifiés du libéralisme sauvage.

(...) Prolo tu es né, prolo tu resteras - et si possible deviendras, car nous n'avons pas besoin de toi au sommet. Culture d'héritiers frileux, qui ne cherchent qu'à se préserver.

(...) Car c'est bien de valets qu'ils ont besoin, là-haut. Alors on condamne des enfants à la faute perpétuelle, d'abord en leur apprenant à lire selon des méthodes dont on sait, depuis trente ans, qu'elles génèrent une clientèle massive pour les orthophonistes, puis en leur autorisant les graphies phonétiques, sanction logique de leur incompétence programmée. Le Crétin formaté par les contempteurs de l'orthographe n'aura plus même les moyens d'écrire aux prud'hommes pour protester contre son licenciement.
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Ce qui je reproche au crétin grenellien, quel que soit son niveau de responsabilité, d'irresponsabilité, ce n'est pas son ambition. Chacun a le droit de la placer où il le souhaite. Ce n'est pas non plus le scoutisme un peu ballot qui lui sert en général de philosophie. Ce que je lui reproche, c'est d'avoir cassé le formidable ascenseur social qu'était l'école de la République.

Moi, fils de facteur, j'ai autorité à le dire, à le proclamer... Sans l'école républicaine, celle de l'égalité des chances, je serais encore, comme mes aïeux, au cul des vaches. Certes c'était dur, l'école, le collège, le lycée des années 60. Les petits-bourgeois ne nous faisaient pas de cadeau. Mais une fois qu'on avait franchi la porte de l'établissement, une fois qu'on avait pris ses marques sur l'impitoyable terrain de la compétition scolaire, des examens et des concours, on se sentait enfin à égalité avec les rejetons des classes sociales supérieures. Et pour nous, c'était une question de survie. Tu tombais, tu ne redoublais pas, tu te retrouvais apprenti boucher.
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Alors n'hésitons pas à revenir à la discipline, et aux vieilles disciplines. Dissocions à nouveau, par exemple, la grammaire de la langue et l'étude des textes. L'outil d'une part, ses réalisations les plus remarquables de l'autre. Cela évitera de traiter uniformément Fred Vargas et Racine.
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La hiérarchie des oeuvres a éclaté. Après tout, ne vivons-nous pas une époque où tout le monde se croit écrivain? Où tout le monde est prêt à croire que son voisin, Philippe Delerm ou Anna Gavalda le sont aussi ?
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Lorsqu'ils estiment que nous ne sommes pas acculturés assez vite, ils délocalisent leurs entreprises dans des pays en voie de développement - quitte à les déménager dès que le niveau de vie local, en progressant, s'accompagne d'un accès à l'éducation.
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Des idées bien arrêtées sont toujours, comme leur nom l'indique, des idées qui n'avancent pas.
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Une classe ouvrière parfaitement dépourvue de tout moyen de s'insurger. Ajoutez encore le décervelage concocté par les médias qui pataugent entre médiocre et minable, et le tableau est complet. Plus personne ne peut même manifester sa mauvaise humeur. Trente ans de réformes habiles ont répudié l'intelligence.
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