AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Hongrie


On ressort bluffée de la lecture de ce recueil de nouvelles court (130 pages) mais si dense, par sa vision d'un monde et par son écriture. Un recueil, certes, mais que je conseille de lire d'une traite, presque comme le petit roman de la vie de la Cité, personnage central du livre, tant sa construction et sa cohérence sont impeccables : les histoires s'y répondent, on retrouve des personnages, à différents stades ou âges de leur parcours (qui pourraient parfois être celui d'autres), comme des chapitres d'une seule Vie.
On pénètre en plein dans cette zone sensible, ce quartier HLM, on entre dans les appartements, dans le fonctionnement des corps et des esprits de celles et ceux qui la composent, personne n'est oublié : jeunes, moins jeunes, ouvriers, femmes, hommes, d'origine étrangère ou non. Avec un sens de l'observation très juste, fin, remarquable, Denis Brillet décrypte leur quotidien, des états d'âme, des gestes, des attitudes, presque des symptômes d'une vie subie, et voit chez chacun le bout de fenêtre ouvert vers un ailleurs, le doigt pointé vers un coin de rêve illusoire, l'envie d'une parenthèse loin de la routine et de la galère. Une rêverie, douce ou plus rebelle, pour échapper à un sort tout tracé, par une famille, une tradition, un déterminisme social, un lieu peut-être, où tout le monde épie, où certains cherchent à imposer leur loi. Denis Brillet ne fait pas dans l'angélisme, ne juge pas, ne moralise pas. Il fait le constat de vies, au plus près de la réalité, et on ne saurait pas dire finalement (et c'est très bien) quels sont ses sentiments à l'égard de personnages auxquels, comme à son habitude, il donne beaucoup d'humanité et une vraie consistance, et ce malgré le format court de la nouvelle. Et là même est le tour de force : savoir construire de vrais personnages en quelques lignes, grâce à la contrainte parfaitement maîtrisée de la brièveté. La phrase est ciselée, de manière à dire beaucoup, par un agencement travaillé de mots justes, précis, un foisonnement de détails sans impression de surcharge. Bravo Denis !
Un portrait de la Cité sans complaisance, avec humanité, dans une langue admirable, et une belle construction du recueil. Quand la beauté de l'écriture vient habiller la réalité nue, difficile, sans la maquiller, j'adore !
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}