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Critique de Foxfire


En voilà un beau roman ! Un post-apo efficace et plein d'humanité qui m'a ravie.

David Brin a un beau et grand talent de conteur. Son récit est rythmé et addictif. Et ce, dès le début. Son récit démarre très vite. En quelques pages, un décor et un contexte sont posés, le personnage principal caractérisé.
L'univers post-apo est bien planté. La petite allure western du récit ajoute un attrait supplémentaire.
L'auteur parvient à éviter de tomber dans une routine narrative, l'intrigue se renouvelle régulièrement grâce à des développements intéressants et à des péripéties nombreuses. le roman est palpitant de bout en bout, impossible de le lâcher. Dans ce foisonnement de directions, certains développements m'ont beaucoup intéressée, d'autres ne m'ont pas entièrement convaincue (par exemple, les modifiés) mais cela n'a jamais entravé mon plaisir de lecture.

Les différentes sociétés, incarnées par les villes traversées par Gordon, sont bien dépeintes, tant géographiquement et socialement qu'à travers la galerie d'habitants. Bien sûr, le trait est appuyé lorsqu'il s'agit des survivalistes mais sans jamais que ça ne vire au n'importe quoi.
De plus, j'ai trouvé que c'était une idée très intéressante que de faire du survivalisme une des causes principales de l'effondrement de la civilisation (en tout cas, c'est la brutalité et l'individualisme des survivalistes qui a achevé le boulot des guerres et des bombes, qui a porté le coup de grâce).
Brin, très intelligemment, évite de tomber dans le cliché de la technologie destructrice. Brin rappelle que la technologie en elle-même n'est ni bonne ni mauvaise, que cela dépend de ce que les humains en font.
Si l'auteur réattribue à l'humain la responsabilité de ses propres malheurs, il ne livre pas un récit pessimiste et désespéré. Brin croit en l'humain, en tout cas en certains êtres. Son roman est plein d'humanité et plein d'espoir.
Espoir qu'il place dans les femmes. J'ai beaucoup apprécié la dimension féministe du récit. le personnage de Dena est superbe. Excessive bien sûr, mais derrière sa radicalité se trouve le désir profond de construire un monde meilleur. Sa colère est si légitime. Et si elle se montre si radicale, c'est l'amour qui la porte, l'amour qu'elle ressent pour Gordon mais aussi l'amour qu'elle porte aux gens bons en général. L'aspect féministe, même s'il est un peu naïf et maladroit, m'a paru totalement sincère et est l'expression d'un profond humanisme de l'auteur.
L'espoir, Brin le place également dans les mains des gens simplement bons. A l'image de Gordon. Gordon est héroïque sans être un héros. Il ne veut pas voir qu'il a une aura spéciale, une belle âme, un petit rien en plus qui fait de lui un être à part. Toujours à se demander "qui prendra la responsabilité...?", il ne voit pas qu'il est cet homme qu'il cherche. Non pas que Gordon soit du genre à se défiler (au contraire, il lutte, se bat contre la barbarie) mais simplement parce qu'il ne se voit pas comme meilleur que les autres. Et c'est peut-être parce qu'il refuse ce rôle que Gordon mérite d'être un guide.
Avec Gordon, Brin a vraiment créé un très beau personnage auquel le lecteur s'attache intensément. On l'aime vraiment ce menteur magnifique.

"Le facteur" c'est aussi l'histoire d'un beau mensonge, d'une fable qui grandit les hommes, même celui qui l'a inventée. "A force d'y croire, les gens finiraient par la rendre vraie". Et quelle plus belle fable que celle de la paix et du lien retrouvé entre les humains ?! Et quelle magnifique idée que celle du courrier comme vecteur de civilisation. L'écrit, c'est le lien, la création, la communication, l'espoir.

J'ai vraiment passé un très beau moment de lecture, riche en action, en réflexion et en émotions.

Challenge Multi-défis 2017 - 25 (19 - un livre qui a remporté un prix littéraire au XXème siècle)
Challenge Atout-prix 2017 - 7 (Prix Locus 86 et Prix John Campbell Memorial 86)
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