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Bernard Turle (Traducteur)
EAN : 9782253113645
472 pages
Le Livre de Poche (22/06/2005)
3.84/5   61 notes
Résumé :
Sud-Ouest africain, début du XXe siècle.
Des hommes observent, le sang chauffé par l'alcool et le désir, l'arrivée de bateaux en provenance d'Allemagne. A leur bord, des centaines de femmes engagées aux frais de l'Empire pour fournir aux colons allemands une épouse, et parfois simplement de la chair. Pour Hanna X comme pour beaucoup de ces femmes, c'est un peu le voyage de la dernière chance. Petite fille dans la grisaille d'un orphelinat de Brême, elle rêvai... >Voir plus
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La cruauté de l'homme est sans limite et fait partie des thèmes de prédilection des écrivains les plus illustres.
L'auteur sud-africain André Brink, grand pourfendeur de l'apartheid, s'est très tôt intéressé aux comportements grégaires et par extension aux instincts primaires jamais complètement endormis.
Publié en 2002, “Au-delà du silence” est sans nul doute son roman le plus dur, un roman au réalisme stupéfiant, un roman qui heurte et interpelle grandement : âmes sensibles s'abstenir !

Hanna X n'a pas connu ses parents. Cette petite fille sans nom a grandi dans un orphelinat de Brême, s'accommodant bon gré mal gré de l'éducation sévère de Frau Agathe, la surveillante à la sangle facile, et des tripotages du gros pasteur Ulrich. Les sévices corporels l'ont endurcie au fil des ans. Adolescente, elle trouve dans la lecture un moyen d'évasion : un jour c'est sûr elle partira loin, très loin, au-delà du silence….

Au début de l'année 1902, Hanna embarque à Hambourg. Plusieurs dizaines de jeunes femmes, sélectionnées tout comme elle, sont montées à bord du navire affrété par l'Empire allemand.
Le bateau vogue de nombreuses semaines en direction de la colonie la plus méridionale, le Sud-Ouest africain (aujourd'hui la Namibie) où l'attendent fébrilement des centaines d'hommes.
Alors que la cargaison de femmes approche du port de Swakopmund, Hanna ne sait pas encore ce qu'il en coûte de défier la gent masculine ivre de désirs inassouvis :

“D'abord les soldats lui lacèrent le visage. Ensuite, ils lui ouvrent la bouche de force, lui placent un morceau de bois entre les dents pour que la langue soit accessible. le sang manque l'étouffer. Et puis ils lui coupent les tétons et excisent les lèvres de son sexe. Oh mon Dieu, mon Dieu ! Donnez-moi un couteau, que je me tue, comment pouvez-vous me laisser vivre ainsi ? Je ne suis plus une femme, je ne suis plus un être humain, je suis une chose.”

Abandonnée en plein désert, à l'agonie, Hanna est recueillie par une tribu nama et soignée par les vieilles femmes du village qui avec une infinie douceur lui prodiguent des traitements ancestraux.
Encore sous le choc des premières pages, le lecteur mesure avec soulagement le profond antagonisme entre les indigènes et les colonisateurs. Ce havre de paix nama est seulement un îlot de quiétude dans un océan de barbarie : le chemin de croix de la jeune rebelle n'en est encore qu'à ses débuts...

Comment ne pas être remué par le sort de la pauvre Hanna devenue un rebut de la société ? Comment ne pas faire corps avec l'esprit de haine qui peu à peu gagne la jeune femme muette et défigurée ? Comment ne pas être fasciné par la détermination et la minutie avec lesquelles elle prépare sa vengeance, seule ou presque dans le désert ?

Cette oeuvre d'André Brink est un plaidoyer extrêmement percutant en faveur de la dignité humaine, un formidable encouragement donné aux femmes de toutes conditions dans leurs luttes contre l'oppression.
Vous refermerez “Au-delà du silence” les larmes aux yeux, seul moyen d'évacuer le trop plein d'émotions dégagé par ces écrits ô combien bouleversants mais malheureusement encore et toujours d'actualité.
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« Au-delà du silence » est un roman de l'écrivain sud-africain André Brink publié en 2002. Figure de la lutte anti-apartheid, André Brink s'attache dans ce livre à mettre en lumière un pan de l'histoire de la colonisation de l'Afrique australe par l'Allemagne.

« Au-delà du silence » est le récit de la vie d'une jeune Allemande, Hanna X, personnage fictif que le narrateur exhume d'archives incomplètes, qui s'exile dans la colonie du Sud-ouest-Africain. Cette vie est un témoignage permettant à l'auteur de dresser un réquisitoire contre la brutalité coloniale qui a été exercée contre les populations civiles et contre les femmes.

Pour ma part, j'ignorais tout de la colonisation de l'Afrique par l'Allemagne, qui a débuté après la création de l'Empire, en 1871, et qui a pris fin après la Première Guerre mondiale. L'Allemagne s'est établie dans différents zones du continent, notamment en Afrique australe, en 1883, sur le territoire de l'actuelle Namibie. L'armée a réprimé avec la plus grande fermeté les soulèvements des populations locales. le massacre des Héréros, qui a débuté en 1904, peut être considéré comme le premier génocide XXème siècle.

Ce roman est composé de deux parties. Dans la première, Hanna est installée dans une institution dénommée Frauenstein, perdue au coeur du désert namibien, où sont reléguées les femmes dont personne ne veut. Elle vient d'assassiner un officier de l'armée qui tentait de violer une pensionnaire mineure. Ce geste est capital. Elle se sent libérée. La haine lui redonne la force de vivre ; elle a désormais un objectif : se venger. Elle trouve enfin le courage de regarder son visage mutilé dans un miroir.
Sa vie passée va lui revenir par une succession de flashbacks : son enfance et sa jeunesse à Brême, en Allemagne, dans un orphelinat, puis en qualité de domestique dans des familles bourgeoises ; la traversée en bateau pour atteindre l'Afrique, l'horreur vécue depuis son arrivée sur ce continent. Depuis sa naissance, elle est victime de la méchanceté de ses tuteurs et employeurs ; l'autorité toujours injuste s'impose à elle par des punitions cruelles. Elle est aussi victime du vice des hommes qui profitent de leur position pour abuser d'elle. Une professeure va lui transmettre sa passions pour la lecture et un désir de voyager pour voir d'autres horizons, seuls moyens pour elle de transfigurer son quotidien. Elle va saisir l'opportunité d'un départ pour la colonie africaine. Ces territoires nouvellement conquis sont peuplés de pionniers et de soldats, mais les femmes y sont trop peu nombreuses. Certaines choisissent de s'y installer. Mais le Reich y déporte aussi des indésirables, des femmes en marge, pauvres, déclassées et autres bannies. Sur place, elles sont réduites à l'état d'objet sexuel, livrées à la concupiscence et à la violence des colons. Hanna X refuse cette violence : elle décline le mari qui lui est imposé et tente de résister aux tentatives de viol lors d'un trajet en train. Par vengeance, des soldats la torturent affreusement, notamment en lui mutilant le visage et la langue. Trop faible lors du trajet en chariot qui suit, elle est laissée pour morte dans le désert. Elle est recueillie par une tribu qui la soigne et lui apprend des rudiments de survie. Les membres de la tribu conduisent Hanna à Frauenstein et se font massacrer par des soldats, la responsable de l'institut leur imputant la responsabilité des mutilations de la jeune femme. Les pensionnaires de Frauenstein ne sont que des rebuts de la colonie, trop vieilles, laides, difformes ; elles sont malgré tout violées par les garnisons de passage. C'est un officier d'une de ces unités qu'Hanna a assassiné.

Au début de la seconde partie, Hanna part dans le désert accompagnée de Katja, la jeune femme dont elle a pris la défense. Son objectif un peu flou est d'aller au-delà du silence, au-delà du désert et de revenir au port où elle a débarquée. Elles trouvent un jeune noir supplicié qu'elles sauvent d'une mort certaine, Kahapa, qui les rejoint dans leur périple. D'autres membres s'agrégeront à leur groupe qui sème la mort dans le désert, pour assurer sa propre survie. Ils s'attaquent avec succès à une unité de soldats puis à des fortins de l'armée allemande. Hanna ressemble à l'héroïne qui a tant marqué son enfance : Jeanne d'Arc ; elle est à la tête de sa petite armée, courageuse, victorieuse, en guerre contre la violence d'une armée qui s'en prend aux noirs et aux femmes, qui les chosifient et les maltraitent. de nombreux membres du groupe perdent la vie. Seules Hanna et Katja arrivent à Windhoek. Hanna parvient à obtenir un rendez-vous avec l'officier qui a ordonné son supplice. Elle l'humilie devant la foule mais, croisant le regard d'une petite fille, elle décide de ne pas l'exécuter. Elle a obtenu sa vengeance, sa haine n'a plus lieu d'être.

Orpheline, officiellement inexistante (toutes les archives allemandes la concernant ont disparu pendant la seconde guerre mondiale), déclarée morte par erreur lors de la traversée, bannie par l'Empire, Hanna X est une anonyme, une inconnue qui représente toutes les victimes de la colonisation de cette période. le silence, c'est celui du désert, celui de cette femme muette, de cette existence tout à la fois tragique et commune qui aurait dû être oubliée de tous. Par son épopée, grâce à sa vindicte, Hanna rend visible sa condition de femme, expose aux yeux de tous l'outrage accompli sur son corps et sur celui de toutes femmes envoyées dans le Sud-ouest-Africain. Les desseins d'Hanna et d'André Brink se confondent. L'auteur parvient à mettre en lumière cette période tragique de l'Histoire, ignorée par la plupart d'entre nous.
Hanna et son groupe mènent aussi une lutte d'émancipation contre le patriarcat et le colonialisme. Ils répondent à la violence de l'Empire par la violence. Leur résistance à cette oppression organisée leur permet d'exister, d'être visibles et audibles.

« Au-delà du silence » est un roman très dur. Certains passages sont magnifiquement écrits. André Brink parvient à condenser en une existence toute la cruauté d'une époque et la sortir ainsi du silence.Il est proche par son thème de deux romans célèbres "mille femmes blanches" de Jim Fergus et "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka.
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Au delà du silence/André Brink
C'est un récit saisissant qui vous attend à la lecture de ce livre admirable d'André Brink publié en 2002. Un récit basé sur des faits historiques avérés.
Bouleversant et à la limite du supportable quand vous lirez les souffrances physiques et morales de Hanna le personnage principale de cette fresque historique qui se passe en Namibie en 1904, appelée à cette époque Sud Ouest Africain et colonie allemande de 1884 à 1915.
Nous sommes donc au tout début du XXé siècle et la colonie manque de femmes comme ce fut le cas dans d'autres colonies d'ailleurs : alors on expédie des contingents d'orphelines qui vont vite devenir la proie de brutes avinées avides de chair fraiche. Souvent pour ces jeunes filles c'est le voyage de la dernière chance le sort des orphelines placées dans des familles en Allemagne n'étant pas toujours enviable, les mauvais traitements étant la règle à cette époque.
Le sort d'Hanna va nous conduire aux confins de l'horreur et de la plus ignoble dégradation physique et morale de l'être qui se puisse imaginer. Humiliations, viols, coups, séquestrations, tout est permis à l'encontre de ces femmes éperdues.
Le calvaire commence sur le bateau qui de Brême rejoint après un long voyage le port de Swakopmund en Afrique du sud ouest. Il se poursuit dans le train qui va du port à la capitale Windhoek. Et ce n'est pas fini car les filles qui n'ont pas trouvé preneur ne seront pas épargnées à Fraueinstein, ce lieu de perdition isolé dans le désert.
La révolte avec la haine pour moteur va devenir la raison de vivre de Hanna : elle va partir en croisade contre les colons et la soldatesque, dans une fuite hallucinante qui vous laissera abasourdi au terme de cette lecture.
« Il n'y a en elle ni hâte ni impatience. Tout est serein, tout est transparent dans cette lumière. Aucun amour ne saurait être aussi gratifiant, aussi bon que cette haine. »
André Brink avec le talent qu'on lui connaît, a mis en scène parfaitement ce personnage au destin hors du commun et évoque pour nous le passé peu glorieux de la colonie. Car les orphelines ne sont pas les seules victimes dans cette histoire : il y a toutes les persécutions dont furent l'objet les autochtones Namas, Hereros, et autres Ovambos.
Rappelons que le Sud Ouest Africain fut colonie allemande de 1884 à 1915 avant de devenir protectorat Sud Africain puis indépendant sous le nom de Namibie en 1990.
Auparavant, ce territoire grand comme presque deux fois la France, fut dépendance de la Colonie du Cap (1793), puis cédé aux Anglais en 1878. Les premiers missionnaires allemands arrivèrent en 1820 et fondèrent la première ville allemande en 1860 (Keetmanshoop). Avec la fondation de la ville de Lüderitz en 1884, le territoire devient protectorat allemand.
L'arrivée de Hanna en Afrique se situe en 1904 alors que les autochtones hereros se sont soulevés contre les envahisseurs, et que le général allemand Lothar von Trotha exerce une répression féroce avec création de camps de concentration dont il est question dans le récit. Un génocide puisque les Hereros voient leur population passer de 80 000 sujets à 15 000.
La Première Guerre Mondiale mettra fin au protectorat allemand et c'est l'Afrique du Sud qui sur avis de la SDN gouvernera ce territoire.
La construction du récit est remarquable : dans une première partie, l'auteur rassemble les éléments dispersés d'un puzzle, il se documente, chaque chapitre évoquant un moment dans la vie d'Hanna sans tenir compte de la chronologie. du présent, on passe au passé avec des allers et retours explicatifs et dans la seconde partie, on retrouve le présent et le déroulement des événements selon la chronologie.
Réalisme, violence et cruauté font de ce livre un des plus durs qu'ait écrit André Brink.
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C'est un livre d'une violence inouïe, mais L Histoire est violente, la vie est violente, les hommes sont violents, cruels et sanguinaires, surtout dans un pays vierge livré à leurs explorations et leurs désirs, surtout envers les femmes, réduites à l'état de servantes, d'objet de plaisir, de bétail, surtout envers les minorités. La violence vient des colons, des conquérants, des guerriers, de ceux qui s'arrogent le droit de disposer de l'espace, de ceux qui y vivent, le droit de disposer des femmes, et de les laisser à terre, dépouillées de tout.
Le ton du récit est âpre comme la terre de ce pays, rauque comme la voix qu'a perdue Hanna, dur comme l'acier des armes. Hanna est une personnalité hors normes, elle subit, elle encaisse, elle souffre, et comme un animal tapi dans l'ombre, un jour elle surgit, les armes à la main, rassemble une armée, avance, tue s'il le faut. Mais il n'y a plus d'espoir et tout ne peut s'achever que dans le sang, les ruines, l'oubli.
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J'ai connu André Brink il y a longtemps par l'intermédiaire du film A dry and white season. Ayant décidé de lire un roman de Brink dans le cadre d'une lecture commune, je me suis tourné vers un roman que je ne connaissais pas.
Dans un contexte d'accroissement de la lutte contre les violences faites aux femmes, Au delà du silence a toute sa place.
En Allemagne, encore adolescente, Hanna doit faire face aux abus des employeurs chez qui elle est placée, doit supporter les maltraitances de la part des employés dans lequel elle vit. En Afrique, elle croit concrétiser son rêve. Elle va tomber dans une « société » masculine, composée de soldats et de colons en manque de femmes. Alors on leur en amène par bateaux entiers pour satisfaire leurs besoins. La violence vient à la fois de l'Etat qui organise les charters et des colons qui ne voient ces femmes que comme de la viande.
Ne voulant pas se soumettre à cette violence institutionnalisée, elle va refuser qu'un officier la viole. Celui-ci va la laisser en pâture à des soldats qui vont la violer et la mutiler.
Ne pouvant plus être considérée comme une femme par le regard des autres, elle va avec quelques compagnons d'infortune mener une sorte de guérilla contre les soldats allemands pour retrouver l'officier qui est la cause de son malheur. Elle réussit à retrouver l'officier mais le sort qui lui est réservé est bien trop clément par rapport à ce qu'il a pu lui faire. Comme si, au moment de se rendre justice, Hanna se rendait compte que ce qu'elle pourrait faire ne lui apporterait pas de réconfort et que le système arriverait toujours à s'en sortir.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Mais Hanna n'a rien à craindre. Lorsque trois, quatre, cinq soldats font irruption dans sa chambre installée à un guéridon rudimentaire, elle leur lance un simple regard et, quand ils voient son visage, ils s'immobilisent, bouche bée et, l'air grave, battent en retraite, fermant la porte derrière eux. Confirmation éclatante qu'en effet elle n'a plus rien à craindre. Confirmation douloureuse, également, d'un rejet définitif et total. Même ces charognards n'ont pas voulu d'elle. Elle est descendue plus bas que la femme, plus bas que les animaux et les melons sauvages dont ces hommes se servent pour copuler lorsqu'ils n'ont rien d'autre sous la main.
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C'est en passant devant la glace monumentale et piquetée du deuxième palier qu'elle surprend son reflet. Elle va chercher une bougie dans sa chambre, revient scruter son image, pour la première fois depuis trois ans, sept mois et treize jours. Scruter son visage ! Puis son corps, de la tête aux pieds.Tout ce que les autres voient et qu'elle doit désormais oser regarder. Ce qui est arrivé l'a enfin libérée : elle peut se regarder en face.
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A vrai dire, elle a toujours supporté tout ce qu'on choisissait de lui infliger mais elle a toujours refusé son assentiment. Quelque soumise qu'elle ait pu paraître, cette résistance obstinée et bien ancrée a toujours été là. Quand on dépassait les bornes; il arrivait que la seule protestation possible fût la fuite ; en d'autres occasions, elle s'opposait à Frau Agathe, au pasteur Ulrich, à Frau Hildegard, ou elle mettait le holà aux fredaines de Herr Dieter et de ses successeurs ; toujours au tréfonds d'elle-même, elle leur adressait un "non" discret, en sourdine, à eux et à leur monde. Désormais, sa réponse ne sera plus muette. Enfin, elle a reconnu son droit à la haine. Elle donne un but au grand chambardement d'elle-même.
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Mais bientôt, l'honneur ne fut plus de mise; et, au fil du temps, surtout après que le Generalleutnant von Trotha eut pris le commandement, la guerre se fit aussi bestiale que toutes les autres, embrasant de grandes étendues de la colonie au fur et à mesure que le général étendait sa tactique de la table rase. Parfois, la guerre se résumait à des anicroches, des attaques isolées, de type guérilla, sur des fermes, des avant-postes, des camps militaires, mais deux ans auparavant, en 1904, brutalement, on était passé à la guerre totale.
N'ayant plus rien à perdre, après avoir décimé leurs troupeaux, les Herero déclenchaient des vagues successives d'attaques désespérées pour refouler l'envahisseur...
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Derrière le musée de Brême où je m'attardai toute cette matinée, la mélancolie de Modersohn-Becker passée sur les épaules comme un plaid élimé, se trouve la place de l'hôtel de ville, avec sa statuaire d'après-guerre représentant les Musiciens de Brême : la rossinante décrépite, le chien galeux, le chat décharné, le coq dépenaillé du conte de Grimm, leur cacophonie pétrifiée pour l'éternité. Toutefois, en s'éloignant de la place, on pouvait aisément imaginer l'abandon infernal avec lequel, si par une nuit d'hiver on leur en donnait la moindre occasion, ils se mettraient à braire, aboyer, miauler et faire cocorico, déterminés qu'ils seraient à infliger la crainte de la damnation éternelle aux voleurs et aux honnêtes gens sans discrimination.
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Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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