Je tiens d'abord à préciser que je suis fan de cet auteur. Mais là... C'est un roman bizarre, une sorte d'ovni psychédélique, comme un rêve retranscrit. Je n'ai pas trop compris où Brink voulait m'emmener. Heureusement le livre est court, toujours bien écrit... Mais c'est un peu juste.
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David est afrikaner, à la fois professeur et artiste peintre, marié avec une femme blanche, Lydia, et n'a pas d'enfant...
Pourtant lorsqu'il pousse la porte de son atelier, dans ce cottage qui préserve son jardin secret, une femme noire et deux enfants métis l'accueillent...
Comment ces personnes, qu'il ne connait pas, ont elles pu s'introduire dans son antre ? David aurait il des hallucinations ou vit-il son pire cauchemar ?... Tous trois semblent faire partie de sa vie... A moins que ce ne soit un doux rêve ?!...
Court récit entre rêve et réalité, d'une grande sensualité dans lequel le héros est clivé... Au fil des pages, dans une spirale qui semble infernale, le lecteur suit David, dans les moments de sa vie où il a du faire des choix... et finit par partager ses angoisses...
Tous les désirs sont exposés, le désir de changer de vie, voire de changer le monde, le désir d'une autre femme, le désir de rompre avec les conventions...
Ce livre est une belle parabole dont la fin m'a cependant laissé sur ma faim mais la plume fort belle m'a donné envie de connaitre davantage cet auteur, dont " Une saison blanche et sèche", avait reçu le prix Médicis en 1980.
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- Seigneur, ça te ressemble tellement! lâche-t-elle dans un accès de colère non dissimulée. Tu es toujours tellement raisonnable. Et si la vie n'était pas faite pour être raisonnable? La vie, on doit la vivre, pas la discuter, pas la penser! Quand nous nous sommes rencontrés, tant de choses n'étaient pas raisonnables. L'amour. La joie. La folie.
A ma grande surprise, encore, je demande :
" Pourquoi m'aimes-tu ? "
Sarah revient vers moi. Elle avance les mains et les pose sur mes épaules. Avec une gravité inattendue, très doucement, elle dit :
" Parce que tu me rends possible. "
Dans l'entrée sud-ouest, enfin, je tombe sur un vieillard cacochyme, entièrement chauve, avec une barbe emmêlée comme un nid de corbeau. Il paraît s'intéresser beaucoup à mes mouvements, ce qui m'inquiète assez pour que je prenne la précaution de lui demander :
"Pardonnez-moi... Je dois monter au treizième. Vous pourriez m'indiquer comment je pourrais... ?
- Prenez l'ascenseur, balbutie-t-il. Appuyez sur le bouton où il y a marqué 13."
Je vais jusqu'au premier ascenseur mais, en ouvrant la porte, j'hésite soudain. Une fois n'est pas coutume, son panneau des étages paraît défectueux : sur les boutons ne figurent pas de chiffres mais les lettres de l'alphabet.
Un instant, j'hésite. Puis je vais retrouver le Vieux Marin.
"Est-ce que ça fait une différence quel ascenseur je prends ?
- A moi, ça ne me fait ni chaud ni froid.
- Vaudrait-il mieux que j'attende ?
- C'est vous qui choisissez ! (Ai-je décelé du sarcasme dans le ton ?)
- Mais je dois monter au treizième !
- Pourquoi ?
- Parce que c'est là que j'habite.
- Première nouvelle.
- Ecoutez." Je fournis un gros effort pour rester calme mais je sens ma mâchoire se raidir et la sueur, salée, me pique les yeux. "Il se passe quelque chose de bizarre. Mais tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi.
- C'est le cas de tout le monde, vous croyez pas ?
- Pour l'amour de Dieu ! (Je me retiens avec le plus grand mal.) Est-ce que vous pourriez me dire... je vous en prie !... comment je peux faire pour monter au treizième .
- Soyez patient. Attendez, comme tout le monde.
- Mais combien de temps !?"
Le vieillard hausse ses épaules décharnées. Son visage s'est sensiblement fripé depuis mon arrivée. "J'attends ici depuis l'âge de huit ans, dit-il avec un soupir résigné. Cela dit, vous aurez peut-être de la chance, vous."
Il y a de l'électricité dans l'air. Tout, je le comprends, dépend de cet instant. Tout. Non seulement le choix entre oui et non, entre faire l'amour ou se détourner, mais aussi qui nous sommes, où nous sommes, ce que nous sommes, ce qui peut advenir de nous.
— Bizarre, dit-elle sans se retourner complètement vers moi. Je ne trouve pas ça tout à fait convaincant, mais c'est très troublant.
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf.
Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.