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Citations sur Mes bifurcations : Mémoires (21)

Presque par définition, les jeunes générations ont toujours été révolutionnaires. Sans quoi, il y a longtemps que le monde se serait fossilisé, pétrifié.
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La vieille approche calviniste du régime nationaliste revient au galop : la volonté exprimée par la vox populi dans les urnes se mue immédiatement en vox dei, avec rejet de la participation de l’électorat dans l’arène politique.
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La réaction au livre fut immédiate et stupéfiante. Quelques romans en langue anglaise nous avaient déjà présenté des histoires d’amour franchissant la barrière des couleurs, dont la plus touchante était Occasion for Loving (Une occasion d’aimer) de Nadine Gordimer. Mais, en afrikaans, ce genre d’expérience avait toujours été décrite comme un scandale. Dans mon roman, elle faisait partie, simplement, de l’expérience humaine. En fait, la principale critique négative, qui émana d’un ami, un critique littéraire respecté, me reprochait que l’homme de couleur, Joseph Malan, “se comportât comme un Blanc”. C’était plus ou moins ce que j’avais voulu. Sous-jacente à toutes les critiques, bonnes ou mauvaises, rôdait l’interrogation : Que vont dire les censeurs ? C’est triste à dire mais, à partir de cette époque, quand de jeunes apprentis écrivains m’envoyèrent leur manuscrit pour que je leur donne mon avis, ils changèrent leur approche. Jusque-là, la question-clé dans leur lettre d’accompagnement avait été : Pensez-vous que c’est assez bon pour être publié ? Désormais, la question était : Pensez-vous qu’il passera la censure ? Commentaire dévastateur s’il en fut sur l’état des lettres sud-africaines dans les années 1970.
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Un jour elle se lança à corps perdu dans une discussion très intense sur la résurgence de l'antisémitisme. Elle avança sa propre opinion très mûrie: "voyez-vous , j'ai beaucoup réfléchi à ce problème et je crois que l'antisémitisme tient beaucoup à la haine qu'ont les gens pour les juifs."
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Au bout du compte, rien n’est “inventé” dans Une saison blanche et sèche. Le roman devint le reposoir de ma vie, des vies de nombre de mes amis des années 1970, et des informations glanées au cours des principaux procès et enquêtes de la période.
Ce ne fut pas une partie de plaisir : à cause notamment du caractère atroce du matériau brut à partir duquel je travaillais. Seule la rédaction d’un autre de mes livres, Au-delà du silence, se révéla plus ardue. Mais c’était dû aussi à un événement qui eut lieu le 18 août 1977, très peu de temps après que j’eus commencé la rédaction du roman, et qui bouleversa tant le processus de création que je faillis abandonner. L’événement qui mena, quelques semaines plus tard, à la mort de Stephen Bantu Biko.
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Un jour , elle avait remis à sa place un opposant politique particulièrement vaniteux en disant que quelqu'un comme lui aurait dû s'abstenir de s'impliquer dans la vie publique.
"Que voulez vous dire ?" S'enquit-il avec une grimace méprisante.
"Il est évident , rétorqua-t-elle (entra autres, elle était sage-femme) qu'a votre naissance , ils ont enterré l'enfant et élevé le placenta ."

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Pour moi, le langage commença le jour où nous avons commencé à apprendre l’anglais à l’école. Je devais avoir six ans. A Jagersfontein, le petit bourg où nous vivions à l’époque, l’anglais était une langue étrangère. Pour nous, pour moi, tout arrivait en afrikaans. Pour les Noirs de la location, à une distance respectable de notre enclave blanche dans le vaste espace désertique du Sud de l’Etat libre, où nous jouissions d’un horizon sans fin dans toutes les directions à la fois, il existait une autre langue, le sotho, mais elle ne fut jamais consciemment absorbée par nos esprits trop blancs. Sauf… non, je reviendrai là-dessus plus tard. Je savais que, de temps à autre, mes parents parlaient anglais à des visiteurs d’autres planètes ; ma mère, qui avait passé son enfance dans le Cap-Oriental au milieu des descendants des colons britanniques de 1820, s’était toujours bercée d’illusions de grandeur intimement liées à cette langue. Mais, pour moi, l’entendre tout à coup parlée au milieu d’un auditoire captif par notre maîtresse bien-aimée, la boulotte Miss Gouws, gardienne d’un savoir qui englobait trois fois le globe, fut une grande nouveauté.
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Au Cap, le châtiment des esclaves commençait avec ce qu’on appelait les “pratiques douces”. Il s’agissait de couper le nez, les oreilles ou les chevilles jusqu’à ce que l’esclave connaisse une longue agonie, prolongée quelquefois jusqu’à six, huit ou douze jours, l’esclave restant attaché à la roue après avoir eu tous les membres brisés, ou empalé sur un long bâton remonté dans l’anus et ressortant à la nuque, quand il n’était pas écartelé par quatre chevaux.
Tel fut le châtiment réservé en 1714 à la jeune Trijntje, originaire de Madagascar, lorsqu’on apprit qu’elle avait été contrainte d’avoir une relation avec le brasseur Willem Menssink, personnage violent qui, afin de la soumettre, donnait le fouet à sa propre épouse Elizabeth, en s’exclamant : “Ne sais-tu pas que la coutume au Cap est de vivre suivant les préceptes de l’Ancien Testament ?” Poussée au désespoir par les avances du brasseur et la cruauté de son épouse, Trijntje avait tenté d’empoisonner sa maîtresse et tué l’enfant qu’elle avait eu de Menssink. Elle fut emmenée sur le lieu d’exécution à l’angle sud-est du Château, où elle fut étranglée ; on attacha son cadavre à un poteau fourché ; il resta exposé là, “afin qu’il soit consommé par le temps et les volatiles des cieux”. Menssink, comme il était blanc et, en outre, indispensable à la Compagnie en sa qualité de brasseur, sortit du tribunal libre comme le vent.
L’infatigable Nigel Penn a retrouvé cette histoire et l’a publiée dans sa merveilleuse étude intitulée Rogues, Rebels and Runaways (Lascars, rebelles et fuyards) ; je me rappelle encore le vague sourire qu’il eut, lorsque, m’offrant son ouvrage, il déclara : “Tu trouveras bien quelque chose là-dedans.” En effet, j’y trouvai Les Droits du désir.
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La littérature eut une importance décisive dans mon histoire d’amour avec la France. Il se trouve qu’un certain nombre de classiques français furent traduits, très mal, en afrikaans à l’époque où j’étais au lycée, et mes parents furent heureux d’abreuver ma soif vorace. J’en lus en anglais plusieurs autres qui n’étaient pas disponibles en afrikaans. En première année d’université, dès que j’eus maîtrisé les rudiments du français, je me plongeai dans les originaux. Chacun de ces livres m’aida à peaufiner mon image de la France et, plus spécifiquement, de Paris. Encore aujourd’hui, il suffit que je ferme les yeux pour me rappeler l’odeur de ces ouvrages et me mettre à réciter des vers, des passages entiers, dont l’ensemble constitua à l’époque un collage, un palimpseste qui finit par forger dans mon esprit une image de Paris et de la France.
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Bien avant mon premier mariage, je savais déjà que je voulais des enfants des deux sexes. Mais le lien père-fille m’attirait particulièrement. Qui dresse un portrait plus dévastateur de cette relation que Halldór Laxness dans Sjálfstaett Fólk (Gens indépendants) ? Je savais aussi que je n’arrêterais pas de faire des enfants avant d’avoir une fille. Chacun de mes fils occupe une place spéciale dans ma vie et je ne peux imaginer le monde sans eux. Mais, à la naissance de Sonja en 1973, j’eus la sensation que mon existence prenait enfin tout son sens. Quoi de plus naturel, donc, que nous partagions une proximité qui demeurera à jamais inviolée et inviolable ? Avec sa volonté, sa belle obstination, son empathie naturelle, son ouverture au monde, son rayonnement intérieur, sa relation avec sa famille, ses innombrables animaux de compagnie, ses nombreux talents, y compris ses dons culinaires et son sens de l’humour, c’est l’un des individus les plus positifs que je connaisse et apprécie ici-bas. Pour elle, avec elle, je construirais un shadouf n’importe quand.
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