L'Europe en crise

Le siècle qui s'écoule entre 1559 et 1660 ne présente, pas plus qu'un autre, d'unité dans son caractère ni de continuité dans son développement - et il ne se laisse pas plus aisément emprisonner dans une formule. Dirons-nous qu'il s'agit d'un siècle de progrès ? Mais tout siècle, dans une certaine mesure, ne marque-t-il pas un progrès, et, à cet égard, la période qui nous occupe peut-elle surpasser la Renaissance qui l'a précédée ou le siècle des lumières qui va suivre ? S'agit-il alors d'un siècle de révolution ? Certains historiens le soutiendraient, mais là encore, nous voyons notre période encadrée par les deux plus grandes révolutions européennes, la Réforme du XVIe siècle et la Révolution française du XVIIIe. Est-ce donc un siècle d'expansion ? C'est cette caractéristique que nous retiendrons. Soulignons qu'elle n'est pas plus absolue que les autres : dans un monde fini, l'expansion en un point entraîne la régression en un autre. C'est l'Europe seule, alors, qui connaît l'expansion, et encore celle-ci n'est-elle ni constante ni régulière.