Malgré quelques belles pages bien écrites, le tout reste faible et mou. le récit n'a pas vraiment de propos ni de direction, le protagoniste se laisse porter et est spectateur et ce d'une manière fort peu crédible. La fin est comme le reste : décevante et souligne le manque de propos de l'ensemble. Dommage, il y a avait une bonne ambiance, il aurait fallu une histoire...
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Il arrivait toujours des événements divertissants quand on accompagnait une caravane. On se mêlait à toutes sortes d'hommes, de tous les pays et de tous les états. Mais le vrai voyage était celui qu'on faisait seul, ou escorté d'un domestique silencieux. Quand on est seul, absolument seul, en présence d'un grand soleil ou de la nuit, de la mer remuante comme un troupeau de chevaux, ou du mur des glaciers, couteaux blancs, abîmes de verre, le voyage révèle alors toute sa véritable signification.
J'éprouvai aussi la puissance d'un appel, intense, irrésisitible, auquel j'étais prêt à répondre, (...). Une aspiration violente vers en haut, un besoin de rejoindre le vol lent et magnifique de cet oiseau en plein ciel. Le pressentiment d'une volupté qui n'est point en elle-même son but et sa fin, mais un passage vers une jouissance plus haute, vers une connaissance plus parfaite.
"Les nuits sont enceintes des jours des jours." Celle-ci se gonfle, en effet, comme si des prodiges nombreux la peuplaient. La lune fait ruisseler son eau féerique sur un monde qui est devenu, pour moi, nouveau et surprenant. (...)
Ne suis-je pas, moi-même, un homme très ancien que le vent a fait sortir de son tombeau profond?
Tout ce qu'elle touchait s'approchait d'elle, la caressait, recevait la vie profonde qui émanait de ses doigts, la beauté qui rayonnait de ses yeux. Je pensais à un astre qui entraîne dans son orbite toutes les étoiles et tous les grains de poussière épars dans l'univers. J'avais quelquefois le vertige, en la regardant, ainsi qu'au sommet d'une très haute tour.
Devant moi, un sentier étroit dévale joyeusement à travers les derniers escarpements, vers le creux de la vallée. Plus loin, il se jette dans une route comme un ruisseau dans un fleuve, et cette route se noue à d'autres chemins, qui se séparent de nouveau, et chacun s'en va de son côté, parmi les champs et les bouquets d'arbres.
« Vie et mort de Gérard de Nerval », conférence de Marcel Brion, à l'occasion du 100ème anniversaire de la mort de Nerval. Première diffusion le 21 mars 1955 sur la Chaîne Nationale.