Mozart

Dans un genre tout différent, une autre commande se présenta à lui ; ce ne fut pas un jésuite qui la lui proposa, mais le fameux docteur Messmer, l'inventeur du magnétisme, dont le système faisait grand bruit, et qui, à cette époque habitait Vienne; il pria Mozart de lui donner, pour le théâtre de Verdure qu'il avait fait installer dans son parc magnifique, une œuvre convenant à un pareil décor.
Lorsque nous entendons Bastien et Bastien (K. V. 50), que l'on joue trop rarement, il faut rétablir le décor dans lequel ce petit opéra sans prétention fut donné, et pour lequel il fut écrit. Aurons-nous un de ces jardins déjà romantiques, dans lesquels une sorte d'inquiétude, de nostalgie, s'harmonise si délicatement avec la grâce rococo. Le théâtre de Mesmer devait ressembler à celui du parc de Mirabell, où Bastien et Bastien et est représenté aujourd'hui.

Chapitre V. Retour au bercail

" L'illumination " que j'ai reçue, tout enfant, un jour où je m'amusais, assis sous le piano selon mon habitude, a éclairé toute ma vie. Je me suis brusquement immobilisé, transporté de bonheur et de ravissement en écoutant la sonate que ma mère interprétait au-dessus de moi. Le souvenir de cette matinée où le nom de Mozart m'a été révélé - "de qui est-ce, ce que tu jouais ?" avais-je demandé- est demeuré si vivant, si vital pour moi que le culte voué à Mozart, depuis cet instant, a duré jusqu'à aujourd'hui, aussi pur, aussi intense qu'alors.

Avant-propos

Les heures passèrent. On présentait au claveciniste des pièces de plus en plus difficiles, sans qu'aucun obstacle pût l'embarrasser. Léopold, un peu inquiet toutefois, triomphait, et jetait des regards de fierté tout autour de lui. L'impératrice enfin dit qu'il ne fallait pas fatiguer l'enfant. On apporta une collation pour les visiteurs ; et l'audience finie, ils purent tout à loisir visiter le château. Que de splendeurs les ébahissaient ! Il y avait de petits salons tendus de soies chinoises où volaient des oiseaux fantastiques; des chambres de porcelaines et de miroirs ; d'autres peintes en vert celadon, décorées d'arabesques d'or, de stucs multicolores qui figuraient des feuillages irréels, d'immenses panaches. Des singes d'argent s'ébattaient parmi les arabesques capricieuses des plafonds. Tout ce que le génie roccoco a crée de plus beau et de plus exquis était rassemblé ici, tout ce que la fantaisie la plus ingénieuse peut inventer pour ravir les yeux et l'esprit, pour toucher le coeur, pour captiver tous les sens.

Chapitre II. L' " enfant prodige " en voyage

Nous ne rencontrons pas, dans la correspondance de Mozart, de références explicites à la nature, aux paysages ;; mais son oeuvre tout entière en est baignée. Le bruissement des arbres, le ruissellement de l'eau, la douceur froide du clair de lune jetant son suspens sur les parcs assombris, enveloppent les plus belles pages des Noces de Figaro, par exemple, ou les sérénades pleines de prestiges exquis et mystérieux de la nuit. La nature ne parle pas immédiatement, comme chez les Romantiques postérieurs -dans les Waldszenen de Schubert ou dans la Symphonie pastorale de Beethoven, entre autres-, mais elle est toujours présente, toujours perçue. Elle s'accorde avec ses sentiments qu'ils soient heureux ou tragiques. Elle s'associe à sa joie et à sa douleur ; et nous reconnaissons alors à quel point il est le contemporain de Jean-Paul, pour lequel nature, d'une part, musique et poésie, d'autre part, étaient inséparables.

Chapitre IV. Londres

Le requiem,auquel Mozart a consacré tous ses derniers moments de vitalité créatrice,est ainsi le couronnement suprême de son oeuvre et de sa vie,même dans cet état d inachevement-symbole de la fatalité tragique qui pesa sur la destinée du musicien -où il l a laissé.