Alain Briottet né la veille de la guerre, décrit son enfance, mais surtout le rôle qu'ont joué ses parents durant l'occupation par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Son père, un officier parmi les quarante mille a été fait prisonnier près de Lille, lors de la bataille de Dunkerque et emmené dans un des nombreux oflags après l' « étrange défaite » de juin 1940. Il se retrouve en Poméranie, à Gross-Born, le plus à l'Est possible de la France.
Bête et discipliné l'armée française s'était rendu en ayant obéi aux ordres d'en haut, laissant l'Allemagne rentrer en France comme dans du beurre mou. Laissant ces monstres parmi eux voler, piller, violer, tuer des innocents, mais surtout le peuple Français.
Selon les conventions de Genève les officiers étaient exemptés de travaux à l'inverse des soldats prisonniers. Donc, condamné à ne rien faire, pendant toute la durée de leur enfermement. « Pendant cinq ans, près de soixante mois, plus de mille huit cents jours. »
Ne pas sombrer dans l'ennui…dans le désespoir, ne pas se sentir inutile, et pour cela il faut s'occuper comme on peut, et varier les activités pour ne pas tourner en rond, et perdre le moral, tout ça causé par le poison qu'est l'emprisonnement. Donc de jouer au bridge des heures chaque jour, lire livre sur livre, monter des pièces de théâtre, faire les tâches ingrates, le tout pour s'évader mentalement de cet enfer d'ennui cloisonné contre leur gré. Jusqu'à envier les soldats dans les stalags qui eux étaient aux champs au grand air, ou dans des usines allemandes.
Pour son père, aucun doute sur le fait que sans les jeunes combattants de l'Armée rouge et leur sacrifice, ils ne seraient jamais rentré vivants. Comme il a pu en être témoins, les Allemands les exécutaient froidement ou les laissaient mourir de faim et de maladie. Aucune compassion pour ce peuple qui peu de temps avant avait signé le pacte germano-soviétique.
Le retour à la vie civile fut un choc, n'étant pas acclamé pour avoir combattu, ni résisté. Ni n'ayant été autant maltraité physiquement que dans les camps de concentration, les prisonniers ont eu peu de reconnaissance. L'État, le peuple Français, mais aussi
De Gaulle qui était sur la même longueur d'onde que l'URSS, : « mourir au combat plutôt que se rendre » … ainsi ils furent spoliés, oublié, laissé à l'abandon une nouvelle fois, puisque le peuple français mettait la défaite sur le compte de ces combattants, et non sur celui de Pétain et du gratin… Ils avaient continué à avoir confiance en lui, en ses mensonges.
Sa mère, qui a joué un grand rôle pour lui, sa soeur et son frère. Mais aussi pour leur père en gardant des échanges par lettre, loin de notre rapidité actuelle du XXIème siècle. Elle et toutes les autres femmes pleines de courage, qui à elles seules valaient des dizaines d'hommes. Elles ont surmonté les épreuves imposées par les hommes et leur stupide guerre. Bravant les dangers, grâce à l'amour pour leurs enfants, et l'envie de les protéger, dans le but de leur offrir un avenir.
Cette guerre leur avait donné une certaine liberté, celle d'exercer les métiers des hommes vacants, mais aussi des actions à risques de résistance, être autonome, décider par elles-mêmes… Ne plus être condamné à des tâches ménagères. Et tout ça s'évapora aussi vite que cela leur fut donné. Finie l'indépendance, retour en tant que femme au foyer après la guerre.
Elles aussi leurs sentiments, chagrins, tourments, ne furent pas pris en compte. Elles avaient un père, un frère, un fils, un ami prisonnier à des centaines, voire des kilomètres de là. Désarmé face à l'occupant Allemand, il n'était pas simple de se défendre. de se liguer ensemble après avoir été divisé.
Une partie de notre histoire trop méconnue, puisque encore aujourd'hui on n'éclaire pas le sujet, ni ne parlons des erreurs qui ont été la honte de la France…
Il y aussi les maux de l'époque, cette douleur morale en chacun de nous, à des proportions inquantifiable, insondable. Une souffrance silencieuse dans des millions de personnes encore aujourd'hui présentes et incomprises.
Merci Babelio pour ce livre via Masse Critique.