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EAN : 9781090203106
Editions Illador (24/02/2016)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Après « l’étrange défaite » de juin 1940, près de deux millions de prisonniers français ont été envoyés dans les camps du Troisième Reich. Fils d’un des quarante mille officiers détenus dans les oflags, l’auteur tire un fil sensible entre son enfance, la détention de son père, le combat mené par sa mère, mais aussi sa propre trajectoire d’adulte prisonnier de son passé.
A la croisée du roman autobiographique et du récit historique, ce livre apporte un éclair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Alain Briottet né la veille de la guerre, décrit son enfance, mais surtout le rôle qu'ont joué ses parents durant l'occupation par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.


Son père, un officier parmi les quarante mille a été fait prisonnier près de Lille, lors de la bataille de Dunkerque et emmené dans un des nombreux oflags après l' « étrange défaite » de juin 1940. Il se retrouve en Poméranie, à Gross-Born, le plus à l'Est possible de la France.

Bête et discipliné l'armée française s'était rendu en ayant obéi aux ordres d'en haut, laissant l'Allemagne rentrer en France comme dans du beurre mou. Laissant ces monstres parmi eux voler, piller, violer, tuer des innocents, mais surtout le peuple Français.

Selon les conventions de Genève les officiers étaient exemptés de travaux à l'inverse des soldats prisonniers. Donc, condamné à ne rien faire, pendant toute la durée de leur enfermement. « Pendant cinq ans, près de soixante mois, plus de mille huit cents jours. »
Ne pas sombrer dans l'ennui…dans le désespoir, ne pas se sentir inutile, et pour cela il faut s'occuper comme on peut, et varier les activités pour ne pas tourner en rond, et perdre le moral, tout ça causé par le poison qu'est l'emprisonnement. Donc de jouer au bridge des heures chaque jour, lire livre sur livre, monter des pièces de théâtre, faire les tâches ingrates, le tout pour s'évader mentalement de cet enfer d'ennui cloisonné contre leur gré. Jusqu'à envier les soldats dans les stalags qui eux étaient aux champs au grand air, ou dans des usines allemandes.

Pour son père, aucun doute sur le fait que sans les jeunes combattants de l'Armée rouge et leur sacrifice, ils ne seraient jamais rentré vivants. Comme il a pu en être témoins, les Allemands les exécutaient froidement ou les laissaient mourir de faim et de maladie. Aucune compassion pour ce peuple qui peu de temps avant avait signé le pacte germano-soviétique.

Le retour à la vie civile fut un choc, n'étant pas acclamé pour avoir combattu, ni résisté. Ni n'ayant été autant maltraité physiquement que dans les camps de concentration, les prisonniers ont eu peu de reconnaissance. L'État, le peuple Français, mais aussi De Gaulle qui était sur la même longueur d'onde que l'URSS, : « mourir au combat plutôt que se rendre » … ainsi ils furent spoliés, oublié, laissé à l'abandon une nouvelle fois, puisque le peuple français mettait la défaite sur le compte de ces combattants, et non sur celui de Pétain et du gratin… Ils avaient continué à avoir confiance en lui, en ses mensonges.



Sa mère, qui a joué un grand rôle pour lui, sa soeur et son frère. Mais aussi pour leur père en gardant des échanges par lettre, loin de notre rapidité actuelle du XXIème siècle. Elle et toutes les autres femmes pleines de courage, qui à elles seules valaient des dizaines d'hommes. Elles ont surmonté les épreuves imposées par les hommes et leur stupide guerre. Bravant les dangers, grâce à l'amour pour leurs enfants, et l'envie de les protéger, dans le but de leur offrir un avenir.
Cette guerre leur avait donné une certaine liberté, celle d'exercer les métiers des hommes vacants, mais aussi des actions à risques de résistance, être autonome, décider par elles-mêmes… Ne plus être condamné à des tâches ménagères. Et tout ça s'évapora aussi vite que cela leur fut donné. Finie l'indépendance, retour en tant que femme au foyer après la guerre.

Elles aussi leurs sentiments, chagrins, tourments, ne furent pas pris en compte. Elles avaient un père, un frère, un fils, un ami prisonnier à des centaines, voire des kilomètres de là. Désarmé face à l'occupant Allemand, il n'était pas simple de se défendre. de se liguer ensemble après avoir été divisé.



Une partie de notre histoire trop méconnue, puisque encore aujourd'hui on n'éclaire pas le sujet, ni ne parlons des erreurs qui ont été la honte de la France…
Il y aussi les maux de l'époque, cette douleur morale en chacun de nous, à des proportions inquantifiable, insondable. Une souffrance silencieuse dans des millions de personnes encore aujourd'hui présentes et incomprises.


Merci Babelio pour ce livre via Masse Critique.
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Alain Briottet est diplomate. Dans Sine Die, il raconte son enfance pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'absence du Père, le courage de la Mère, l'exil De La Famille dans la Creuse, la résistance, l'espoir, puis la Victoire. Enfin, c'est le retour, celui du Père, cette figure mythique dont on lui a parlé depuis tout petit mais qu'il ne rencontre qu'à l'âge de six ans.

Raconté comme cela, Sine Die ne ferait presque pas rêver. Et pourtant ! Quel livre ! Choisi un peu au hasard dans la longue liste de titres proposés, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, et bien que j'avais lu le résumé, je n'en gardais qu'un vague souvenir. Pourtant, dès sa réception, ce livre m'a plu - car avant tout, l'objet est beau. Blanc, délicat, s'ouvrant sur des reproductions d'illustrations réalisées par des anciens soldats prisonniers des oflags.

Très vite l'histoire, ou plutôt le récit, nous embarque. Nous fuyons Paris avec l'auteur et sa famille, nous vivons l'absence du Père, nous vivons l'émancipation de la mère. L'écriture est fluide, convaincante, presque poétique, les mots coulent et on les lit avidement, même si, dans le fond, il n'y a pas d'action.

Car Sine Die, ce n'est pas un livre d'action se passant pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais les souvenirs écrits d'un jeune garçon devenu grand. On voit la guerre de l'intérieur, comme les Français de l'époque on pu la vivre, dans la zone libre annexée à la fin de la Guerre. Plus parlant qu'un livre d'histoire, il nous livre la guerre non pas dans les faits bruts et chronologiques mais dans le ressenti, l'émotion, le vécu.

Un livre à lire pour qui veut mieux comprendre, mieux ressentir cette période de l'histoire que l'on a tant appris par coeur sans vraiment en saisir toute la complexité sociale et émotionnelle.

Un grand merci à l'Opération Masse Critique et aux Editions Illador grâce à qui j'ai pu découvrir ce texte passionnant.
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Alain BRIOTTET est diplomate. Il relate la vie de son père, militaire français durant la Seconde Guerre. Tout comme bien d'autres, il sera fait prisonnier après la défaite française de 1940. Il sera envoyé dans les camps de prisonniers allemands, à l'extrême limite de la Pologne : la Poméranie. Il s'agit d'un livre captivant. Tout d'abord, l'écriture est limpide. L'auteur va à l'essentiel. Ensuite, on a deux types de destin confrontés à la Grande l'Histoire. Il relate le quotidien de civils, représentés par le narrateur, sa mère et sa fratrie. Fuyant Paris après la débâcle de 1940, ils ont rejoint la zone libre, dans le Limousin. On assiste à leur quotidien difficile, surtout quand le sud de la France a cessé d'être une zone libre. Il insiste surtout sur la vie en captivité de son père. Les difficultés, les moments tragiques, mais également les lueurs d'espoir, de joie. Il insiste aussi sur le peu d'importance accordé aux militaires français, considérés comme des coupables de la défaite. Voire comme des lâches. C'est réellement passionnant, dans la mesure où très peu d'écrits concernent les soldats français faits prisonniers. La plupart de la population s'en est désintéressé, contrairement aux victimes des camps de concentration, par exemple. Pourtant, leur vie a pu être très rude également.
Enfin, en dernière partie, l'auteur insiste sur son voyage en Finlande, symbole de la fin de la Guerre Froide. Il insiste sur son voyage en Poméranie, dont le but est de se souvenir des fantômes méconnus de cette guerre.
Ce récit autobiographique est passionnant, même s'il traîne en longueur durant la dernière partie. J'en recommande vivement la lecture. Je tiens à remercier les Éditions Illador de cette captivante découverte.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
p.88.

Réduire à l’état d’esclavage près de deux millions d’hommes, les condamner à travailler pour l’ennemi, pour le pays vainqueur, pour le pays qui, en l’espèce, les avait mis à genoux en si peu de temps, c’était impensable. Cela ne s’était encore jamais vu depuis le début de l’histoire humaine, c’est-à-dire depuis que les guerres avaient commencé.
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p.184.

Quant à la population, celle-ci se révéla souvent moqueuse, parfois goguenarde, se cachant à peine pour qualifier les prisonniers de cocus, faisant allusion à l’inconduite de certaines femmes françaises et à l’existence d’enfants nés de pères allemands, même si on taisait, au lendemain de la guerre, leur nombre et leur condition. Jamais mon père n’aborda la question devant nous, mais je sais qu’il fut blessé par ces insinuations mauvaises, par ces refrains vulgaires venant de Français qui ne s’étaient montré ni très courageux, ni très propres pendant l’Occupation. Ces femmes, elles étaient jeunes et avide de vivre, elles avaient fait ce qu’elles avaient pu, il ne les condamnait pas, mais à l’égard de ceux qui donnaient des leçons de morale et qui n’avaient guère donné l’exemple, ceux qui se nomment « les gens de bien », « les mouches les plus venimeuses », il se montrait intraitable.
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p.248.

« Prosternée devant vous, je viens vous demander, mon Dieu, la grâce d’une bonne mort. Je reconnais vous avoir souvent offensé… Pardonnez-moi Seigneur… Pardonnez-moi Seigneur… ».

Pourquoi a-t-on aujourd’hui oublié cette prière ? Pourquoi l’Église, la première, ne l’invoque-t-elle plus ? Récitée chaque jour, elle accoutumait à la mort, la rendait plus familière et moins terrifiante.
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p.158.

Le spectacle de désolation (une Allemagne dévastée et exsangue) qui remplissait ses yeux renforça chez lui un sentiment de méfiance, sinon de dégoût, à l’écart des politiques. Maintenant, il savait, il en avait fait l’amère expérience, il les savait capables de conduire les peuples à la débâcle, il les savait capables de les abandonner sur les chemins de l’exode, de les pousser au chaos et de les jeter dans la mort. Ne l’avait-il pas déjà appris dans son oflag auprès d’un de ses camarades normaliens – plus anarchiste que marxisant – qui ne cessait de lui répéter, en ironisant sur sa naïveté, que les gouvernements n’avaient pas de sens moral ?
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p.190.

Leurs souffrances étaient à peine visibles. Les prisonniers ne cherchaient pas à les extérioriser, ni même à en parler, encore moins à les comparer à celles des déportés. Eux n’ont jamais chercher à faire de comparaisons. Leurs souffrances, elles étaient enfouies à l’intérieur d’eux-mêmes. Elles étaient incommunicables. De surcroît, elles n’étaient pas quantifiables. On ne peut pas peser les douleurs morales. Encore moins le poids de l’humiliation.
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