Cet ouvrage n'est pas de ceux qu'il faudrait lire tout d'une traite, comme je viens de le faire. Non, il faudrait l'avoir dans sa bibliothèque, comme un ouvrage à consulter, y revenir, y picorer, y chercher un renseignement... Hélas, il me faut le rendre à la bibliothèque et j'ai donc tout avalé d'une traite, ce qui nuira certainement à ce que je retiendrais à une étude pourtant fort intéressante des lettres franc-comtoises. Soyons honnête: les écrivains ne sont pas la principale exportation de la Franche-Comté, mais malgré tout quelques plumes fort intéressantes en furent issues.
Je regrette un peu un certain côté fouillis à cette étude, passant des biographies aux études de thèmes, revenant aux premières en passant par le fouriérisme, et une absence marquée de plumes féminines, il y en a eu pourtant!, mais cela reste malgré tout un ouvrage à mettre dans sa liste de lectures à tous les amateurs de littérature et/ou de Franche-Comté.
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Pays de la forêt, la Franche-Comté est aussi par excellence le pays des eaux vives. Ses rivières sont capricieuses, fantasques, secrètes. Elles sourdent des grottes ou jaillissent des falaises, dévalent la montagne, empilant les rochers, semant les éboulis; elles se précipitent des bords du plateau par des cascades en éventail, tressées en queue de cheval ou brodées en nappe. Elles coulent dans des gorges escarpées formant de larges bassins calmes aux verts profonds et fascinant dont les eaux changent de couleur avec le temps, les herbes, la hauteur des fonds.
[...]
Il arrive parfois que dans le Jura les rivières disparaissent soudainement, parfois tout près de leur source. C'est un spectacle prodigieux: elles se perdent dans des gouffres, accomplissent un voyage souterrain et secret, puis reparaissent en résurgences spectaculaires.
Lors de la première édition en 1912, La Guerre des boutons choqua les critiques bien-pensants. Mais il enchanta les lecteurs et, avec le recul, nous savons désormais que ce livre fut un double événement littéraire. D'abord par cette langue populaire utilisée sans retenue ni guillemets, et qui ouvrait la voie à tant d'écrivains. Mais aussi par cette vision de l'enfance, dénuée de tout bons sentiments. C'était la première fois qu'un écrivain donnait aux enfants le libre accès à la parole, la première fois qu'une voix autorisée ne se croyait pas habilitée à s'exprimer en leur nom, et pour leur plus grand bien.
Dans le roman de Marcel Aymé, la Vouivre n'est ni bonne ni méchante. Elle se place au-delà du bien et du mal. Car elle est sur terre de toute éternité, où elle a vécu "seule avec les bêtes", dans "des forêts, où la lumière n'entrait pas, des noues, des marais, des pourrissoirs grouillants de toutes les vermines..."
Telle Isis, la déesse égyptienne, et sa continuatrice chrétienne, la Vierge Marie, la Vouivre est la mère de tous les hommes.