Maïlys et ses parents emménagent dans une vieille demeure de famille, héritée d'une manière un peu bizarre. D'ailleurs, la jeune fille a un comportement étrange, des visions, et semble connaître les lieux alors qu'elle n'y est jamais venue. Autre étrangeté, cette maison dite "aux 52 portes" ne semble en posséder que 51... Mystère !
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Un roman jeunesse que j'imaginais simplement tourné vers un petit "mystère" et que je voyais déjà finir en "tout ça n'était qu'un rêve"... et bien non ! J'ai été agréablement surpris par cette petite lecture. Ce n'est pas le premier Brisou-Pellen que j'apprécie ;)
Alors, bien sûr, c'est de la littérature jeunesse, avec ses facilités nécessaires dans les dialogues et les enchaînements (150 p. pour toute cette histoire !) mais l'histoire est bien tournée, claire, et surtout elle nous fait aborder d'une manière inattendue et très pédagogique un partie de la Grande guerre, du quotidien des poilus, des femmes restées à l'arrière, et des moeurs de l'époque.
Suspens, humour et réflexions. La soupe prend. Entre 9 et 13 ans à mon avis.
Edit : J'ai oublié de préciser que les fragments de journal de poilu que l'on rencontre dans le livre sont authentiques... un bon point ;)
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La maison aux 52 portes… Maïlys la voit pour la première fois sur une vieille photo, un grand manoir de la fin du 19e siècle qui présente une façade avec ses seize fenêtres. Dans la voiture qui les conduit vers cet héritage inattendu venu d'un grand-oncle, elle ne peut s'empêcher d'éprouver un malaise et d'avoir des visions sur une époque révolue. Serait-ce l'attitude soucieuse de son père qui la plonge dans un état fiévreux ?
Sous un ciel menaçant, lorsqu'ils arrivent enfin devant la maison, ils découvrent une propriété décrépie, abandonnée, mangée par les mauvaises herbes et étouffée par les grands arbres du bois qui l'entoure. Sous une épaisse couche de poussière, l'intérieur est en bien plus mauvais état et guère hospitalier. Lugubre est le terme qui vient aussitôt à l'esprit et l'odeur de moisi qui s'en dégage n'arrange rien à l'atmosphère. Étrangement, seul un piano au centre du salon brille comme un sou neuf.
Elle devait être belle cette maison du temps du grand-oncle, avec des domestiques à tous les étages ! Mais pour lui redonner son lustre, il faudra de longues journées de travail et beaucoup de patience.
Pour compléter le sinistre décor, une pluie torrentielle coupe l'électricité qui plonge les nouveaux venus dans la pénombre et qui les prive de la pompe à eau. Avec le chemin impraticable qui mène à la grande route, ils se retrouvent aussi coupés du monde extérieur. Sans perdre de temps, Maïlys s'aventure avec son père dans la découverte des pièces. Toujours gênée par une étrange tension, une angoisse qu'elle ne peut analyser, elle doit choisir une chambre un peu plus propre que les autres où elle passera la nuit. En espérant retrouver le lendemain son entrain habituel, elle s'endort très fatiguée. Mais durant la nuit, des bruits et des cris la réveillent… Céleste, Céleste… Céleste est son véritable prénom de baptême que lui avait donné son parrain, ce grand-oncle décédé, et de l'entendre ainsi, lui donne la peur de sa vie !
Au matin, elle rejoint ses parents pour le petit-déjeuner et prend la décision de taire ce qu'il lui arrive pour ne pas les inquiéter. Son cauchemar a été effrayant, surtout qu'en se réveillant, elle a constaté des griffures ensanglantées sur la tapisserie de la chambre qu'elle n'avait pas vues la veille. Cependant, elle perçoit dans ces manifestations surnaturelles, comme un appel au secours. C'est donc avec un certain courage que Maïlys entreprend de faire des recherches de la cave au grenier, en quête du moindre indice qui raconterait le passé de la maison.
Dans une ambiance qui se révèle lourde de tristesse, en totale harmonie avec le temps, Maïlys va ouvrir une porte, la cinquante-deuxième, qui donne sur un secret familial bien gardé… et du coup, délivrer tous les fantômes qui hantent la demeure, pour le bonheur et la rédemption des siens.
Cette histoire ne raconte pas les délires d'une jeune adolescente, mais une malédiction et un dédoublement de la personnalité, car Maïlys, comme toutes les femmes de sa famille, est médium. Un esprit manifeste sa peine et son tragique destin à travers elle. Roman pour la jeunesse, il donne à ce mystère une part fantastique et une part bien concrète qui relate des pans de la guerre de 14-18. On voyage alors dans le temps et on aborde la vie des Poilus au front, une partie très intéressante pour les jeunes lecteurs.
Lecture fluide, écriture soignée, intrigue à frissons… c'est assurément un livre à recommander !
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-on s’habitue à l’inconfort.
-ou plutôt à un confort différent.
Je ne pouvais détacher mon regard de la lampe à pétrole : j'aurais parié qu'elle ne voulait pas que je la touche. Cela paraît complètement idiot, mais c'est la stricte vérité.
L'ambiance de sa scène du matin me revint : Louis était bien là, et il n'avait pas encore l'âge de porter les armes. Albert était tout petit. Oui, bien sûr, cette scène se passait AVANT la guerre.
Moi, je faisais l’inventaire des jeux de société entassés dans le bahut du salon lorsque le piano se mit à jouer. Tout seul. Enfin, je veux dire par là que je ne voyais pas Céleste devant.
« Céleste, entendis-je à mon oreille. Céleste aide moi ! »
Puis tout à disparut.
Le soir, parlait le monde des esprits qui disaient leur souffrance.