… les gens n’aiment pas croire que leur vie ne remplira pas les promesses faites au berceau ou autour du feu, quand ils brillaient comme seuls les adolescents peuvent le faire, quand ils avaient la certitude inébranlable que « tout irait bien ». J’ai été comme eux.
(Cheval d’août, p.112)
Elle avait commencé à peindre ce vieux banc d'église récupéré dans la grande d'un ami, voilà ce qu'elle avait fait aujourd'hui. J'ai pensé la réveiller, lui parler de la mère de Hannah, lui dire qu'il fallait qu'elle vive toujours. Il n'y aurait jamais de moment où je serais prête à la laisser partir. Je lui promettrais de l'aider à peindre le banc dimanche. Nous pourrions aller manger une crème glacée après et, surtout, je lui dirais que personne n'était aussi fort qu'elle.
Je ne l'ai pas fait. C'était le milieu de la nuit et, de toute façon, cette famille n'en était pas une de sentimentaux.
Les mots sont superflus. Francis m'appelle. Il est là, l'événement. Les mots ne comptent pour rien, ils ne remplissent pas le vide, il n'y a pas de vide de toute manière, pas d'air, rien. Pure apesanteur. Je m'adosse à la voiture. Philémon me balaie du regard, mais reste indifférent. Dieu merci, il ne sera pas témoin de ma mine à la fois confite et déconfite.
J'ai trente-deux ans je suis certainement pas vieille comment suis-je devenue cette harpie qui gueule et demande à sa fille d'arrêter de tout regarder alors que c'est précisément ce qu'elle devrait faire à quatre ans et à tout âge, comment?
Il n'est pas de disposition plus triste que d'être triste quand personne d'autre ne l'est.
Et avec sa réponse était venu un soupir, celui de l'éternelle fatigue de ma mère, celui que j'entendais où que j'aille.
Moi, je bois à grandes rasades, comme après un déménagement au mois de juillet, avec la satisfaction de ne plus rien attendre de cette journée.
Je n’étais qu’amour, et je n’étais que tourmente.
[J]e trouve l'obscurité étrangement amicale. Cette noirceur ne craint pas la mienne.
[I]l me faut coûte que coûte quelque chose pour faire taire la douleur dont je suis ivre depuis des années.