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EAN : 9782897594350
115 pages
Atelier 10 (14/05/2019)
4.07/5   21 notes
Résumé :
Après Les tranchées, essai polyphonique de 2013 sur la maternité à travers le prisme de l’ambigüité et du féminisme, Fanny Britt a choisi avec Les retranchées de s’avancer plus loin encore sur le terrain de la famille comme théâtre de l’espoir, de la cruauté et de nos projections les plus intimes. Elle fouille tour à tour l’exploitation de la famille à des fins néolibérales, l’avenir des garçons, le père suffisamment bon, la représentation de l’avortement dans la cu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les retranchées c'est d'abord la surprise et le plaisir de tenir entre les mains un bel objet, un mince fascicule habillé d'une robe sobre, minimaliste sur laquelle un mince titre en lettres roses se détachent sur un fond gris foncé. Des dessins occupent les pages gauches précédant certains chapitres, eux aussi dans la gamme des noirs, blancs et roses et ajoutent encore à l'élégance du livre et créent une unité d'ambiance propice à faire de ces 97 pages de texte dense un compagnon rêvé d'introspection et de méditation.

Les Retranchées ce sont des expériences de vie, celles de l'auteure principalement, ses réflexions, des dialogues – avec sa mère ou entre amis- repartis dans une douzaine de chapitres juxtaposés les uns aux autres. le style du roman s'inscrit dans ce qu'on nomme, en français, le courant du « flux de pensée » ou chez les anglo-saxons ,« stream of consciencousness ». Ce n'est donc pas un essai dans le sens rébarbatif ou académique du terme, bien au contraire, l'écriture claire et simple rend le texte très accessible et parfois même très émouvant. le point commun entre les différentes parties est le thème de la famille, abordé par une féministe, conjointe et également mère de deux enfants, des garçons qui fait le constat que dans les années 2020, malgré l'ouverture et la bonne volonté des parties prenantes c'est encore la mère, toute féministe qu'elle soit, qui assume la majorité des tâches ménagères.

Fanny Britt dissèque le mythe de la « famille idéale », des injonctions et des exigences de performance qui l'accompagnent et qui cadrent si bien dans notre contexte néolibéral. Elle en vient peu à peu à mettre en évidence que l'on peut aimer ses enfants tout en détestant le rôle de parent. Elle dénonce les pressions à la reproduction, les pressions au dépassement de soi plutôt qu'au respect de ses propres limites, le poids de la charge mentale apparemment impartageable, la culpabilité de l'humaine quand elle ne se sent pas en phase avec ces images. Elle dénonce toutes ces injonctions qui sont autant des gestes de violences que nous sont imposés ou que nous nous imposons à nous-mêmes, que nous subissons et qu'en retour nous finissons par décharger sur les autres.

La famille est un piège pour l'égalité des hommes et des femmes En référence au concept de mère suffisamment bonne développé par le psychologue anglais Winnicott, elle définit aussi ce qu'est, pour elle, un père suffisamment bon : « un père qui aime, et ne violente pas évidemment. Mais c'est aussi un père de bonne foi, capable d'humilité et disposé à agir sur les mécanismes culturels et historiques ayant favorisé sa liberté au détriment de celle des mères. » Cet appel à l'aide me semble assez nouveau dans le discours féministe.
Elle souligne ou resouligne l'importance de l'éducation des garçons qui devrait, nous dit Fanny Britt, les "aider à acquérir les connaissances, attitudes et compétences pour devenir des alliés efficaces des femmes et potentiellement mener des vies moins restrictives" que celle proposée par le modèle patriarcal.

Bref, un livre dont le thème mille fois débattu nous interpelle encore et nous amène à approfondir notre réflexion en assumant nos contradictions. Un petit livre à glisser sous le sapin de toute mère qui cherche à concilier amour de soi et amour des autres.
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Les retranchées est un essai multiforme qui fait suite aux Tranchées, publié en 2013. Tout comme le tome précédent, il s'agit d'un texte féministe portant sur la maternité et la famille. Dans ce second livre, Fanny Britt réfléchit notamment aux contradictions pernicieuses existant entre les idéaux familiaux traditionnels qui sont véhiculés dans la culture ambiante et les exigences de la vie réelle du 21e siècle, difficilement réconciliables.

J'ai trouvé ce deuxième essai plus personnel et plus approfondi, et donc par le fait même plus intéressant, que le premier. Les idées sont pertinentes et présentées de manière efficace, sans lourdeur. J'ai aimé la façon dont est abordé le thème de la charge mentale : avec humour, mais un humour qui grince un peu! Bref, très bon essai!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je viens d'une famille imparfaite composée de gens imparfaits. Mais l'amour n'a pas grand-chose à voir avec la perfection, n'est-ce pas? On aime par affinités, par béance ou par dépendance; on aime parce qu'on ne sait pas faire autrement. Ce que la famille peut nous apprendre de plus profond est sans doute précisément cela : que l'amour ne mène pas à la satisfaction, même s'il est crucial. Une fois cette idées comprise, il nous sera peut-être possible d'envisager que l'amour ne suffit pas.
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être parent, c'est comme aller à la pêche, il faut beaucoup de temps à s'emmerder ensemble avant que quelque chose mordre
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« Lorsque nous sommes confrontés à nos limites, le discours ambiant nous ordonne généralement de nous dépasser, d’aller au-delà de nos capacités. Toute épreuve n’est qu’un défi à relever. Il ne faut jamais s’arrêter. »
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Qu'elle soit marquée par la privation, la solitude ou l'exaspération, la vie domestique est un miroir confrontant, qui que nous soyons.
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Il m'apparaît que les enfants n'ont aucun besoin de chercher le changement - ils sont eux-mêmes en constante mutation.
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Videos de Fanny Britt (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fanny Britt
'Faire les sucres' (Flammarion) de Fanny Britt nous parle de quête d'authenticité à travers le personnage d'Adam Dumont, un chef cuisinier vedette qui va changer de vie suite à un accident. Il décide alors de racheter une érablière, et de "faire les sucres" pour gagner sa vie : récolter de l'eau d'érable. Un métier dur, qui va le confronter à une culture bien particulière dans la nature québécoise. Fanny Britt nous en dit plus dans cette vidéo.
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