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EAN : 9782251446288
272 pages
Les Belles Lettres (16/01/2017)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Nous embrassons un capitalisme du gigantisme digital. Souvent aveuglément, toujours avec embarras.
Les mots et expressions que nous employons en disent long sur la violence de notre relation à la prospérité numérique : "destruction créatrice", "disruption", "darwinisme digital", "uberisation", "big data", "monétisation", "the winner takes it all"...
C'est finalement une bien étrange métallurgie que celle qui, à l'or des mots, préfère l'airain des néolo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans la partie de pêche numérique qui se déroule aujourd'hui, la seule certitude est que nous sommes au bout de l'hameçon. C'est l'une des nombreuses métaphores ou comparaisons de cet essai. Je vais aussi garder celles des barons voleurs.

Avec un recul historique, philosophique, littéraire, poétique même, de l'humour et une certaine décontraction, cet essai décrypte les rapports de la société, la politique, les données, la culture, dans notre monde numérique, explique comment l'économie numérique crée des situations de monopole, l'hypocrisie (ou l'aveuglement) des défenseurs de la nouvelle économie numérique, de l'uberisation, montre comment le big data se retourne contre vous, etc.

Il se trouve que je suis sur la même longueur d'onde, défenseur des protocoles ouverts, maudissant depuis toujours les barons voleurs qui s'efforcent de nous enfermer dans des silos étanches pour mieux nous exploiter. J'ai donc apprécié cet essai. Loin d'être vraiment pessimiste, l'auteur parie sur la créolisation, selon Edouard Glissant, la découverte de nouveaux usages inattendus en hybridant.

Merci aux Belles Lettres et à Babelio pour ce Masse Critique.
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« La pesanteur de ma bibliothèque ne me pèse pas. »
Il faut impérativement lire la page 158 et l'anti bibliographie de ce livre.

Je voudrais retenir cette phrase. pour le reste j'aime la manière dont l'auteur évoque les bibliothèques et les livres qu'elles contiennent même s'il a plus de tendresse pour la sienne que pour les publiques qui renferment trop de livres fermés. le livre commence sur la patience nécessaire au lecteur (et qui fait tant défaut au Navigateur obsolète). Je suis assez partagée face à ce livre : je voudrais l'adorer… et non. Quelque chose entre mon amour de ma scie à grecquer et mon astigmatie me retient.

J'aime l'idée de créolisation nécessaire de la culture et du savoir, et de la langue mais ça va ensemble. Cependant quand Eric Briys parvient à dépasser le manque de sensualité de la lecture numérique, je n'y parviens pas.. A croire que je ne parviens pas à revenir au volumen tant j'aime le codex. Passons.

Il rêve d'une bibliothèque « intelligente » qui à partir des parcours de chacun parvient à « connecter » les ouvrages formant des ilots cohérents. En lisant sur support connecté on pourrait ainsi passer du texte à une définition et de cette dernière à un autre texte, un réseau de « playlist » nous prennent par la main.

Je n'aimerais pas qu'on me guide ainsi mais encore une fois, passons.

Quand il souligne l'essor de l'auto-édition grâce à Amazon et « déplore » que les ventes la plupart du temps ne décollent pas, la je ne peux pas passer outre : je voudrais lui parler de l'auto-édition voulue. Il existe une scène foisonnante d'auteurs et d'ateliers d'impression qui proposent à faible tirages des oeuvres parfois nullissimes et parfois tout à fait brillantes. La sérigraphie y tient le haut du pavé et on y développe des ouvrages qui n'auraient pas leur place dans des collections plus traditionnelles. Ce sont des petits tirages que nous sommes fiers de s'échanger, de s'acheter. Des créateurs que j'aime soutenir, suivre et .. parfois je l'avoue aider. J'aime les recherches auxquelles nous sommes souvent contraints, les typons finis au pinceau et les galères qui font naitre des objets rares et précieux. Briys affirme sa complicité aux étudiants (merci), ce peuple qui sait véritablement la difficulté de cet impératif de la connaissance : l'attente des ouvrages en bibliothèques et la difficulté de vaincre la tentation Google dans le rush des examens. Sa vision me plait de ce moment de nos vie. On doit ingurgiter des sommes de connaissances pour en créer de nouvelles alors que nous n'avons pas encore toutes les clés (mais qui les a ?).

L'idée que les MOOC qui permettent une formation moins onéreuse et ouverte (presque) à tous me plait !… Jusqu'au moment où elle induit des classements des professeurs et des cours. Si certains très (trop ?) spécifique n'attirent que peu d'élèves ils ne seront pas proposés alors que ce sont souvent ceux que j'aime.

Tout cela pose le problème de la propriété intellectuelle et du modèle économique qui pourrait faire vivre le tout. Bien sur la gratuité pose ses soucis notamment, comme le développe très justement l'auteur, par les données « personnelles » que l'on échange contre notre navigation. Nous n'en connaissons pas vraiment la valeur ni l'usage mais nous les offrons aux quatre vents. L'allusion au Creative Common me semble bien rapide. Il passe également rapidement sur la démocratie participative que permettent ces connexions et ces nouvelles formes d'expressions. Mais il les évoque ce qui est louable !

Je salue aussi les citations de Propotkine, si j'étais surprise de le croiser là je n'en suis que plus heureuse ! Sa logique « évidente » trouve bien sa place dans ce raisonnement, appui d'une sagesse intuitive qui fait du bien.

Finalement on arrive à la bibliographie, et c'est le moment où je m'enflamme !

Je n'ai pas lu beaucoup des ouvrages qui s'y retrouvent mais beaucoup me tentent. Mon parcours de papier, lové au coeur de mon petit appartement, pas vraiment secret mais pas cartographié, désordonné, aléatoire et sans doute parsemé de zigzags sera fantastique. C'est pour cela que j'aime quand les livres finissent en s'ouvrant sur leurs semblables, l'auteur devient bibliothécaire pour un instant et loin de toute aridité nous confie les textes qu'il nous pense utile pour poursuivre sa réflexion. Souvent nous suivons ainsi, à rebours, son propre cheminement.

S'il parle de livres numériques et du pouvoir qu'ils contiennent (sans jamais évoquer la perte qu'engendrerait un crash du système) et des possibles qu'ils pourraient nous offrir, ce livre est une petit brique de papier paru chez les Belles Lettres il y a très peu de temps, en janvier 2017 je crois.
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Dans le livre d'Eric Briys, on se délecte de l'érudition de l'auteur de l' « ouverture » (chapitre premier) à ce qu'il appelle l' « (anti)bibliographie » qui pourrait presque être un chapitre, une sorte d'épilogue. Ce n'est pas vraiment un essai, c'est une promenade sensorielle aussi rafraichissante qu'instructive. Les pages sont jonchées de formules tirées de la littérature, de la philosophie et des sciences humaines. Il y a même quelque chose de poétique dans ses analyses économiques. La qualité de style aide à faire passer les passages moins aisés sur les finances, mais l'essentiel est de prendre conscience des mécanismes de l'économie numérique.
Il n'était plus possible pour l'auteur de taire les dérives de cette économie dévastatrice. C'est l'exaspération qui a poussé Eric Bryis à prendre la plume afin de montrer l'intérêt du numérique et d'en dénoncer ses méfaits; ne pas prendre l'airain pour de l'or, voilà son ambition. Et comme le livre est un outil : « Il n'est pas meilleure métaphore possible que la bibliothèque pour humer l'or et l'airain du temps, pour humer les créolisations possibles. » Alors, il interroge nos sociétés numériques et ceux qui les gouvernent, et délivre une sentence sans appel: « Nous avons troqué l'or de nos données contre l'airain des algorithmes, et on comprend dès lors mieux ces pirates qui, à leur façon, en copiant et partageant toutes sortes de fichiers, tentent de reconquérir les riches cargaisons des lourds galions des maîtres de forges numériques. »
On peut dire qu'avec ce livre de conviction et d'expérience, l'auteur va à la conquête du lecteur par ses idées, par ses illustrations, par ses références, mais aussi par ses expressions. Dans l'usage répété de certains mots comme: « disruption », « sérendipité », « créolisation », « granularité », je me suis trouvé devant un continuum d'expressions soudées par un alliage fait de peu d'espoir et de quantité d'inquiétudes. Consentir à la domination du numérique, est-ce là notre seul horizon ?

Je remercie l'équipe du site Babelio et les éditions Les Belles Lettres de m'avoir permis de découvrir cet auteur et de m'enrichir par cette lecture.
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J'ai entrepris la lecture d'ouvrages traitant de l'économie numérique pour en comprendre les ressorts et les conséquences . le livre d' Eric Briys, d'une lecture facile et agréable, répond à mes attentes sans clore le sujet, ce qui une bonne chose.

Pour les géants de l'Internet et celles des entreprises qu'ils entraînent en chemin , qu'elles soient de la nouvelle économie ou viennent de la « vieille » (voir fin 2017 les activités bancaires d'Orange), le modèle consiste  à
1) collecter gratuitement nos données personnelles par un processus d'accumulation qui transforme des pépites d'or microscopiques en lingots.
2) offrir une contrepartie , faussement alléchante, qu'Eric Briys nomme l' « échange faustien » : l'utilisateur a accès au gâteau des GAFA et autres géants – toujours plus copieux , varié, en contrepartie de la communication de ses micro pépites dont il ne pourrait d'ailleurs pas tirer profit de par lui même.
3) Cerise sur le gâteau, ces bons géants imposent les ustensiles , bien en airain,  : la vaisselle et les couverts les plus appropriés pour une dégustation à volonté...et à l'aveugle.

Il est donc bien difficile pour l'utilisateur de résister à la tentation de la gratuité, de ne pas répondre aux demandes d'implication qui lui sont suggérées ( « s'il vous plaît : notez nous !  Dites nous ce que vous aimez ou non») et au final d'échapper au système avec de contraintes de désabonnement rédhibitoires (des menottes en airain dont seuls les géants détiennent les clefs).

Voila pour le modèle économique, quant aux conséquences .qu'évoque Eric Briys j'ai été particulièrement sensible
- à la précarisation des métiers que met en oeuvre l'économie numérique : métiers standardisés (le robot peut remplacer progressivement le salarié), activités fractionnées payées à la tache et au lance pierre , mais par Goliath.
- à la rigidification de la consommation (de plus en plus de packs par abonnement)

L'effet ciseau de cette double évolution est un appauvrissement de la classe moyenne ,assorti d une dégradation du contrat de travail.

Sans une volonté politique des gouvernants nationaux et européens de réguler l'économie du numérique, il paraît bien difficile d'obtenir de nos gigantesques orpailleurs une transformation plus probe du modèle qu'ils perfectionnent au jour le jour avec notre acquiescement tacite (comme en témoignera la publication cette note de lecture )

Eric Briys laisse quelques espoirs en évoquant
- la possibilité d'une version numérique des « cottage industries » qui ont précédé la révolution industrielle en contribuant à son avènement, (un foisonnement d'initiatives dont on sait qu'elles ont été confisquées par le processus d'accumulation du capital)
- les idées relatives au «  droits de tirage sociaux » et au « revenu universel » pour contrebalancer certains effets négatifs de l'économie numérique.







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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Le danger n’est pas dans les machines, sinon nous devrions faire ce rêve absurde de les détruire par la force, à la manière des iconoclastes qui, en brisant les images, se flattaient d’anéantir aussi les croyances. Le danger n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner."
Georges Bernanos
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Outre le fait qu'il est inégal, l'échange de nos données contre gratuité est opaque: nous ne savons pas en dehors des (re)ciblages publicitaires quels usages seront faits de nos données, par qui, pour qui et pour combien de temps.
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En 2013, les travailleurs américains gagnaient, après correction de l'inflation, 15% de moins qu'en 1973. Durant cette même période, leur productivité a doublé, et les prix de l'immobilier, les coûts de la santé et de l'éducation se sont envolés. L'anxiété va grandissant car il semble bien qu'il ne soit plus d'emplois qui ne puissent, un jour ou l'autre, devenir la proie des technologies numériques.
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L'attitude défait latitude, et c'est un exercice fécond et salutaire de regarder les choses à l'envers. Et, point n'est besoin de revendiquer une quelconque disruption ou autre destruction créatrice pour exprimer le primat de l'attitude sur la latitude.
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La course n'est pas une course contre les robots. C'est une course contre les maîtres de forges numériques, contre les nouveaux barons voleurs, contre leur main basse sur le capital numérique.
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