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Critique de le_Bison


Leopoldo jouant une polonaise de Bach. Assis sur son tabouret, les doigts tremblants, des regards lourds sur ses petites épaules de 13 ans. Des inconnus, froids et sombres dans sa maison. Et puis un cambriolage dans la villa d'en-face. 1976, Buenos Aires. Un souvenir enfoui depuis plus de trente ans qui resurgit maintenant, en 2010. Leopoldo est devenu écrivain, laissant le piano de côté. Mais écrit-il réellement ? Sa vie semble vide. Et ce n'est que lorsqu‘un second fait du même ordre dans la maison d'en-face perturbe de nouveau l'équilibre de sa vie que cette période de 1976, lourde de conséquences, vient le hanter. 1976, le coup d'état, les zones de non-droits, les crimes sans noms, des disparus, par milliers, des mères courage, et son père. Témoin une seconde fois, mais justement doit-il témoigner, dans une Argentine où depuis des années l'on apprend le silence. Mais que signifie le silence pour un écrivain ? Et si finalement, c'était une étude de Chopin qu'il était en train de pianoter. Pourquoi se souvient-on de certains faits, et pas des autres ?

A 13 ans, il ne s'était pas rendu compte des enjeux qui se jouaient à cette époque. Trente-trois après, Leopoldo dépoussière les histoires d'antan. Cruelle désillusion, angoisse, antisémitisme, relents du nazisme, le passé est encore plus obscur que l'inimaginable. Mais c'est à ce prix que Leopoldo pourra de nouveau reprendre la plume et écrire. Son destin passe par le passé. Et même si pour cela il devra torturer son esprit, se sentir coupable au nom de l'enfant qu'il était à 13 ans, au nom de son père dont il apprendra bien trop tard son rôle dans cette sombre affaire avec les Kuperman, ceux de la maison d'en-face. Même si la vérité lui paraitra insupportable, le prix à payer, pour rester en vie, pour écrire simplement sa vie.

Une fois n'est pas coutume, je ne t'emmène pas dans l'Argentine de la Pampa. Oublie Florent Pagny, nu sous son poncho, le soleil brûlant les lèvres, et les bordels perdus entre deux ranchs de bovins pour boire une bière même fade et tiédasse. Ce soir, tu as le droit à l'Argentine de la fin des années soixante-dix. Pas très glorieuse, comme histoire, mais l'Histoire n'est-elle pas faite uniquement de ces drames et tortures au quotidien ? de mon regard d'enfant de cette époque, je n'aurais gardé que le vague souvenir de cette coupe du monde que souleva Mario Kempes dans son Estadio Monumental. Mais avec ce regard naïf d'enfants, la politique semble un bien étrange jeu où l'on se sent étranger et où l'on fait confiance à son père pour la comprendre. Et en cela, il m'a manqué quelques références, d'époque et politiques, pour bien suivre, partager la quête de cet écrivain à la recherche de la vérité et de fait de sa propre identité.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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