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Critique de DragonLyre


Le quarantième anniversaire de Lucio arrive à grands pas. Marié à Paola, la femme de ses rêves, et père de deux enfants : Lorenzo le petit bricoleur qui démonte tous vos appareils électroniques en un temps record, et Eva la futur écologiste amie des animaux, il travaille dans une salle de sport tandis que Paola enseigne au lycée du coin. Ils vivent à Rome et ne manquent de rien. le tableau paraît idéal et pourtant, la crise de la quarantaine aidant, Lucio va voir ailleurs et finit par se faire pincer par sa femme qui le jette aussitôt à la rue.

Le personnage peut paraître assez antipathique au début. Il se laisse aller depuis bon nombre d'années, cumule autant les kilos sur la balance que les plaintes sur son travail ou les défaites avec l'équipe de water-polo qu'il entraîne. Mais surtout, il semble plus désolé des conséquences de son infidélité que du passage à l'acte en lui-même. On a vraiment envie de le secouer pour lui remettre les idées en place et lui dire de revoir son sens des priorités. Malheureusement, on n'en a guère l'occasion car le cancer vient frapper à sa porte. En stade terminal, il lui reste une petite centaine de jours pour mettre de l'ordre dans ses affaires. À la fin de cette échéance, les médecins lui annoncent que les douleurs le conduiront pour de bon à l'hôpital sans aucun espoir d'en ressortir vivant.

Fausto Brizzi nous dresse le portrait crédible et sans concession d'un homme banal à souhait, soumis au pire des diagnostics. Lucio passe par une phase de déni où il se persuade qu'il peut encore s'en sortir, et il recourra à des méthodes plus ou moins farfelues pour combattre l'ami Fritz, ainsi qu'il a surnommé sa tumeur pour la rendre un peu moins effrayante. Sur un vieux carnet, il va ensuite dresser des tas de listes : les petites manies de ses proches qu'il affectionne tant, les « j'aime » et « je déteste » des petites choses de la vie, combien de temps il a dormi en quarante ans ou passé devant la télévision, etc. Il tente de faire le bilan de son existence et les résultats de cette démarche ne sont pas forcément ceux qu'il aurait escomptés. Ses deux meilleurs amis, Corrado le pilote coureur de jupons et Umberto le sage et timide vétérinaire, répondent toujours présents pour l'aider à évacuer les tensions, donnant lieu à des scènes rocambolesques. Grâce à eux, Lucio se lance dans de nouvelles expériences, mais le défi le plus important à ses yeux sur sa bucket list reste le suivant : se faire pardonner De Paola, reconquérir son amour avant qu'il ne soit trop tard.

La narration se fait dans un style simple et original, frôlant l'interactivité entre le personnage principal et le lecteur. On a l'impression que Lucio s'adresse directement à nous lorsque l'on trouve deux pages blanches dans le livre qu'on est censé gribouiller selon ses consignes, ou une double page « J'aime / Je déteste » où il nous invite à faire nos propres listes pour mieux apprécier ce que l'on tient pour acquis dans la vie. Je m'attendais toutefois à quelque chose de plus grandiloquent en lisant le synopsis, car Lucio attend quasiment la dernière minute avant de réellement se mettre en action. On le voit hésiter, faire l'autruche, reporter à plus tard, comme pour fuir le compte à rebours qu'il a lui-même entamé en tête de chapitres (numérotés de -100 à 0). La manoeuvre n'en reste pas moins intéressante ; l'auteur semble nous dire qu'il n'y a pas besoin d'accomplir des miracles pour partir en paix. Lucio va trouver du réconfort dans un quotidien qu'il avait tendance à exécrer auparavant et il va progressivement se refocaliser sur lui-même et sur les siens. Je n'ai pas forcément apprécié l'idéologie du tout dernier chapitre intitulé « Après » mais l'idée générale reste très touchante. La meilleure partie du roman reste à mes yeux le road trip de Lucio avec sa femme et ses enfants, empreint d'amour et de nostalgie, pendant lequel le condamné va multiplier les attentions envers eux, au présent comme à l'avenir.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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