Revenu d'entre les morts lors de la bataille de Sedan en 1870 , Frédéric Kerviller rentre chez ses parents , marqué physiquement mais encore plus moralement, on ne côtoie pas la mort de si près sans que cela laisse des traces.
Chez lui , la mort a tué toute émotion en laissant place à une envie de revanche , revanche sur la vie qu'il a patiemment couchée sur papier et qui se traduit par une volonté farouche de sortir de sa condition sociale.
Pour cela il saura louvoyer, négocier, impressionner le patron de l'usine à papier du coin Louis Guédriant. Son ascension fulgurante est consacrée par le mariage avec la fille du patron lui assurant ainsi l'héritage de l'usine. Mais quand tout est trop beau, trop lisse la vie se charge d'insérer de ses petits bâtons qui empêchent de tourner rond! Pour Frédéric ce sera la folie de sa femme et la découverte de l'amour sous le soleil torride de l'Argentine.
Comment concilier vie officielle et vie parallèle, enfants nés du mariage et enfants nés hors mariage quand tout se sait, tout se voit , Frédéric se dépatouille de tout ça comme il peut.
Un roman construit en trois parties avec des changements de narrateur. Un léger surdosage de péripéties nuit un peu à la crédibilité du tout, ainsi qu'un mélange des centres d'intérêt : l'usine, le contexte historique, l'histoire d'amour , un peu comme si on avait mélangé trop d'ingrédients dans une recette.
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J'ai trouvé l'écriture de ce livre assez bien faite, mais l'histoire en elle-meme, quoique prometteuse, manque, à mon goût de dynamisme et de mystère. Un peu déçue !
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Joséfina danse et ses pas improvisés, mais précis, dessinent un cercle autour de Frédéric. Elle est loin de lui, mais il la sent. En lui. Il ne fait que la regarder depuis tout à l'heure, il aime le port de tête, la rondeur du visage, la sauvagerie, les plis de la robe qui dévoilent et cachent les contours des jambes, la fierté provocante de Joséfina, son instinct.
Frédéric Kerviller s'incarne soudain dans l'espace qui les sépare. La danse de Josefina l'enserre, le traverse, le fait naître. Soudain, il n'est plus ce grand homme, cérébral et froid, sans consistance ni sentiments. Il n'est plus cet ambitieux, ignorant de l'amour, mal marié. Celui là s'est perdu. Noyé dans l'océan ?
Se regardent t-ils ? Ils se transpercent. Leurs corps s'apprennent, se déchiffrent, se reconnaissent. De loin, Frédéric n'a pas bougé. Leurs regards se suffisent. Pour le moment.
Ils semble à Frédéric, dans ce tournoiement de la fête, dans le vertige qu'il ressent, qu'il a déjà vécu il y a huit ans un moment semblable.
Rose ne veut pas être tenue pour responsable de ce qui pourrait arriver. Voila pourquoi elle chaperonne sa patiente comme on le ferait d'une petite fille. En même temps, elle peut surveiller tout ce qui se passe dans la maison. Et il s'en passe des choses, à la Vallée. Tout comme en dehors. Elle se dit qu'un jour ou l'autre ce qu'elle voit lui servira. Comme ça que l'on tient son monde. Elle n'est pas dupe. Quand Mme Guédriant l'a engagée, la rosse ne s'est pas gênée pour l'inspecter sous toutes les coutures. Rose sait pourquoi. Dans toutes les maisons où les hommes sont "sanguins", les gouvernantes sont choisies parce qu'elles sont vilaines, sous entendues pas dangereuses. Il suffit d'un rien pour s'enlaidir.[...]
[...] Rose a tout son temps pour fouiner partout. Discrètement. Apprendre des tas de choses. Qu'on ne pourrait pas soupçonner derrière la façade d'une si belle maison.
Ça l'a étonnée que M. Frédéric se laisse si facilement "prendre", la nuit de la promenade nocturne de Mme Elisabeth dans les couloirs ... Peut-être qu'il pensait à l'autre. Celle qui est dans les bois. Rose ne comprend pas pourquoi personne ne se rend compte de ce qui se passe. Depuis le temps, comment ces deux-là ont-ils réussi à ne pas se faire prendre ?
Damien déteste qu'on évoque leur ressemblance. Non, ils ne sont pas semblables. Lui est de la race des vainqueurs. Grand-père Louis le lui dit tous les jours. C'est donc que c'est la vérité. Tandis qu'AloÏs appartient à un autre monde. Un monde où on se raconte des histoires, où on joue tout le temps à faire semblant, où on reste à lire sous les tables pendant des heures, où on parle tout haut à des guerriers fantômes. Un monde où on n'aime pas les bagarres à poings nus. Un monde où on refuse de se battre pour gagner sa place. Lui, Damien aura toujours la première place. Grand-père Louis, grand-mère l'affirment. Il aime la fierté dans leurs yeux. Il aime quand ils reprennent son frère : " Mon pauvre Aloïs, tu ne feras décidément jamais rien de bien..."
Damien ne sera jamais " pauvre Damien ". Il fera honneur à la famille.
Pas Aloïs.
Alors le pire aujourd'hui, c'est cette sensation si désagréable qu'Aloïs mène le jeu, qu'il a pris la main, le pouvoir sur lui.
Damien se sent tétanisé sur sa chaise, genou sérrés l'un contre l"autre pour qu'on ne les entende pas cogner. Il regrette mille fois d'avoir surpris son jumeau sur le chemin de la rivière avec la fille.
- Qu'est ce que tu fais avec elle ?
Longtemps, les carnets de mon père se sont tus. Si plusieurs étaient depuis venus s'ajouter au tout premier qui disait ses espoirs, le silence qui a suivi ma naissance parlait de lui-même ; le bonheur se raconte si mal. Puis quelques semaines plus tard, après cette épisode qui aurait dû constituer la fin de mon existence - mais j'étais robuste, ou ma mère très aimante -, l'écriture a repris. Intense. Brouillonne. Colérique. Les pages se sont noircies à nouveau. Sans ratures, comme un cri de rage prolongé. L'encre de Chine a remplacé la mine de plomb. Apparaissaient d'inquiétantes aquarelles de femme oiseau d'une laideur appuyée, au bec tordu, aux yeux effrayants, qu'il légendait de quatre lettres : Rose.
Rose, oiseau de malheur.
La cabine est un monde. La cabine est une île. Le jour y est la nuit, la nuit y est le jour. Des mains, deux corps se sont jetés l'un sur l'autre. Sans attendre. La retenue avait été trop longue. Le fleuve, puis la mer, la houle ont permis la vague, le déchaînement sur l'étroite couchette. Les sueurs mêlées, l'étreinte renouvelée. Impossible d'assouvir la faim de l'autre. Hors du temps. La découverte à n'en plus finir, les courbes entre les draps, les jambes ouvertes. L'épicentre.
Folie d'où la lucidité n'émerge pas, étouffée par l'envie insatiable. Passionnelle.
Dans cette interview, découvrez Nathalie de Broc et Karine Lebert, se rencontrer et échanger sur leur passion commune : l'écriture.
Au programme :
Leurs habitudes d'écriture : matinales, nocturnes ?
La peur de la page blanche : mythe ou réalité ?
Sont-elles organisées ou au contraire ?
Une rencontre enrichissante et inspirante pour tous les amoureux des livres !
Livre de Nathalie de Broc "L'espoir sur le rivage" : https://www.lisez.com/livre-grand-for...
Livre de Karine Lebert "Les Mille et une vies de Lucie" : https://www.lisez.com/livre-grand-for...
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