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sur 198 notes
Constantin Brancusi a bel et bien réalisé une sculpture intitulée le Baiser, qui orne la tombe, au cimetière du Montparnasse à Paris, d'une jeune Russe suicidée en 1910. Et cette oeuvre, qui vaut aujourd'hui une petite fortune sur le marché de l'art, fait réellement l'objet d'un long affrontement juridique entre les ayants droit qui voudraient la récupérer pour la vendre, et l'État français qui entend en protéger l'intégrité.


Sophie Brocas s'est servi de ces faits pour imaginer, en toute liberté, un roman qui alterne entre sa version de l'histoire de Tatiana en 1910, et le combat contemporain d'une avocate fictive, qui a décidé d'empêcher l'appétit financier de l'emporter sur le respect des intentions originelles de l'artiste.


Voici donc un récit intéressant à plusieurs titres : pour l'évocation du contexte historique et artistique de la Belle Epoque, qui nous fait au passage découvrir l'anarchiste et féministe américaine Voltairine de Cleyre ; pour son double hommage, à l'artiste Brancusi d'une part, à cette jeune fille victime de la condition féminine du début du 20e siècle d'autre part ; mais surtout pour son questionnement sur la notion de propriété d'une oeuvre et de ses droits, et sur ce qu'elle implique en termes de responsabilité morale et intellectuelle au-delà de sa simple exploitation marchande.


L'auteur a choisi de nous livrer une jolie histoire à tendance plutôt sentimentale : le résultat est fluide et plaisant, même s'il tend à s'autoriser une certaine facilité parfois presque naïve. Si l'on peut regretter son relatif manque de profondeur, c'est au final un agréable et honnête divertissement, bien écrit et gentiment ficelé.


Précisions sur la sculpture le Baiser de Brancusi et le procès qui l'entoure dans la rubrique le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/brocas-sophie-le-baiser.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'auteure nous prévient : elle a créé une oeuvre imaginaire sans lien avec la réalité ! Et pourtant ce récit va nous transporter…

Au centre de l'histoire, on a une sculpture de Constantin Brancusi, « le Baiser », que l'artiste a sculptée en 1910, pour la placer au cimetière Montparnasse, sur la tombe de Tatiana Rachewskaïa, jeune aristocrate russe, née à Kiev le 6 avril 1887, en exil à Paris, qui s'est tragiquement suicidée.

Le récit alterne d'un côté le journal de Tatiana, alias Tania, ses études de médecine, son travail avec un médecin roumain qui la présente à Brancusi, dont elle devient le modèle, et dont elle tombe amoureuse et de l'autre, en 2017, l'histoire d'une avocate, Camille Ravani, bien intégrée dans un cabinet très côté, où elle gagne bien sa vie, quitte à perdre de vue l'essentiel. Son voisin, directeur des cimetières de la Ville de Paris, lui demande de s'intéresser à une sculpture, qu'un acquéreur récent de la tombe veut desceller, car Brancusi a la côte… Des millions sont en jeu…

Tania a suivi la révolte des ouvriers, des paysans, en 1905. Elle a participé à la manifestation de janvier 1905, le tristement fameux dimanche rouge, où la troupe a chargé, et un homme s'est écroulé devant elle pour mourir entre ses bras. Sa mère a préféré l'envoyer à Paris, car elle était trop proche des idées révolutionnaires, alors que toute sa famille voue un culte sans faille au Tsar, Nicolas II, représentant de Dieu sur terre !

« Maman savait très bien que cette tante venimeuse me chaperonnerait de près lorsqu'elle m'a expédiée à Paris. »

Tania s'intéresse aux droits de la femme, aux féministes de l'époque, aux ouvriers qui souffrent, dans des conditions inhumaines. Sa tante, chaperon rigide qui la met pratiquement sous clef, veut lui trouver un mari, car le destin d'une jeune aristocrate est fixé d'avance : un beau mariage, puis tenir la maison, s'occuper des enfants… Très loin donc des aspirations de la jeune femme.

Tania va donc mentir, pour rencontrer ses amis russes de la faculté, son amie Marthe, ou Brancusi qui lui, est marié avec son art. Y a-t-il vraiment une place pour elle dans la vie de cet homme ? Est-il amoureux d'elle ou la considère-t-il seulement comme sa muse?

Camille, dont le vrai prénom est Venus (on imagine les moqueries à l'école !), a un travail, elle est indépendante financièrement, mais seule, et tient son corps à distance, avec ses tenues austères, et son éternelle queue de cheval. Ce dossier va lui faire prendre conscience de ce qu'elle veut vraiment. En 2017, elle n'est guère plus libre que Tania, ce ne sont pas les mêmes verrous, ils sont plus psychologiques, mais leurs histoires se répondent.

Elle ne va pas hésiter, prendre des jours de congés, (choquant dans ce cabinet où l'on ne pense qu'au travail!) pour aller visiter, le cimetière, rencontrer les personnes qu'il faut au Ministère, se rendre au Maroc ou en Roumanie à la recherche de ceux qui veulent récupérer à tout prix cette sculpture…

Brancusi ne nous apparaît pas sous son meilleur jour, il vit pour son art, est marié à la sculpture, et n'a pas forcément envie d'être adulte, alors qu'il est plus âgé que Tania. On rencontre ses amis, le Douanier Rousseau, Matisse, Erik Satie, Modigliani, Man Ray, Soutine, entre autres, le milieu artistique de ce début de XXe siècle qui est passionnant, foisonnant d'idées.

J'aime assez son travail, même s'il n'est pas un de mes artistes préférés. J'aurais bien aimé aller voir cette sculpture sur la tombe de Tania, mais elle est entièrement recouverte, inaccessible au passant, car il y a vraiment un litige à son sujet : Brancusi a légué son oeuvre à la France, ce qui n'est pas du goût de la Roumanie…

Sophie Brocas évoque aussi l'art, en lui-même : à qui appartient une sculpture ? doit-on la protéger ? Qu'en est-il de la création ? Surtout quand elle tombe dans le domaine public ?

« Car l'oeuvre d'art, dès lors qu'elle est originale, est considérée comme le réceptacle, le tabernacle, le creuset de la personnalité de l'auteur. Cette parcelle créatrice exprimée par l'artiste vient se ficher, s'abriter, s'encastrer dans l'oeuvre. Voilà pourquoi celle-ci mérite d'être protégée. »

Ce roman m'a beaucoup plu, car on baigne dans l'univers artistique, le statut de la femme alors qu'un siècle sépare Tania de Camille, la quête de la liberté. J'avoue une nette préférence pour Tania, car je retrouve en elle les destins de ces émigrés russes qui me plaisent tant, et surtout, elle me fait penser à Anna Karénine, le roman de Tolstoï que j'adore, dans ses questionnements, son choix de quitter un milieu sécurisant mais qui lui pèse.

Cerise sur le gâteau : Tolstoï est le grand-oncle de Tania, pestiféré, car sa famille ne lui pardonne pas ses idées, il est un traître à son milieu d'origine ! On note aussi dans la famille de Camille, un oncle artiste qui a refusé d'hériter de la ferme pour se consacrer à son art !

Bonne pioche encore avec ce roman découvert grâce à NetGalley et aux éditions Julliard !

#LeBaiser #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Partons des faits historiques : Brancusi, sculpteur roumain , vivant à Paris est enterré au cimetière Montparnasse.
Une de ses célèbres statues "Le baiser" orne la tombe d'une jeune fille morte en 1910, à l'âge de 23 ans , suicidée par amour. La tombe se situe dans une autre section du cimetière.
Nous pouvons maintenant arriver dans le roman.
2010, le directeur des cimetières parisiens reçoit une requête pour desceller une sculpture de Constantin Brancusi "Le baiser" posée sur la tombe d'une jeune aristocrate russe morte 100 ans plus tôt, suicidée par amour . Il confie la lettre à Camille, une avocate qui travaille dans un cabinet parisien renommé.
Le roman se partage entre le carnet intime de la jeune fille obligée de quitter la Russie pour se réfugier chez sa riche tante. Elle avait simplement montré quelques sympathies pour les mouvements envers les plus pauvres de son pays.
Elle entame des études de médecine et fait la connaissance de son professeur et du sculpteur Brancusi.
Elle se sent enfermée dans les principes défendus par sa tante et veut vivre en femme libre, amoureuse mais des évènements vont lui rendre la vie insupportable.
Camille, l'avocate, mène son enquête de son côté. Elle a un côté craquant qui est de tricoter pour se détendre et de distribuer ses écharpes, bonnets, jouets aux pauvres de son quartier qu'elle connaît. Ça c'est un détail mais il relie les deux jeunes femmes car Tatiana voulait participer à l'émancipation de son pays , la Russie et aux distributions des biens.
La récit ainsi partagé entre les deux femmes , écrit sous la plume merveilleuse de Sophie Brocas forme un ensemble vraiment harmonieux.
Le livre terminé, j'ai pu aller sur Internet pour compléter mes connaissances au sujet de Brancusi et au passage, je peux affirmer que l'auteure décrit la sculpture du baiser de façon très sensuelle et réaliste.
Une très belle lecture.
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Une jeune aristocrate russe, exilée pour sympathie socialiste, doit se refaire une santé morale chez une vieille tante.

Même petite nièce du grand Léon Tolstoï, une jeune aristocrate russe doit attendre sagement un bon parti qui lui fera de beaux enfants. Mais nous sommes à Paris au début du XXe siècle et à Paris, dans cette époque en plein bouleversement, une jeune fille bien née peut prendre des cours à la facultés auprès d'un séduisant médecin, une jeune fille bien née peut même fréquenter les artistes modernes et tomber amoureuse d'un sculpteur dont tout le monde parle. Mais cela la vieille tante ne le sait heureusement pas.

Paris 2017. Camille Ravani, avocate d'affaire talentueuse se retrouve avec un drôle de dossier. Son voisin, directeur des cimetières de la ville de Paris lui expose un problème qui lui tient à coeur. Une statue sur le caveau d'une jeune femme morte en 1910, risque d'être descellée et envoyée en Roumanie.

Même si la statue est signée Brancusi, le pionnier de la sculpture moderne, et peut se négocier entre 20 et 30 millions de dollars, cette affaire est très loin des dossiers internationaux qu'elle traite habituellement.

Mais c'est sans compter la puissance de l'art et le romantisme niché dans le coeur de cette célibataire endurcie. le baiser de Brancusi vaut bien que Camille fasse une pause dans sa carrière, quitte à chambouler toute sa vie.

Ecriture claire et précise, d'une époque à l'autre, rapidement le lecteur, en empathie totale avec Tania et Camille, ne peut plus quitter les deux héroïnes. « le diable c'est la contingence, le beau c'est l'essence » disait Brancusi.

Romantique, féministe, historique et …juridique, ce roman de Sophie Brocas est totalement passionnant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quel délice ce baiser ! Un bel hymne à l Amour et à l Art ... J ai savouré et adoré ce tendre baiser de Sophie Brocas, qui s est inspirée d une histoire vraie :
« Le baiser » cette mystérieuse sculpture d un certain Brancusi, artiste roumain peu connu en réalité ... une sculpture qui a la particularité d être exposée non pas dans un musée mais .... au cimetiere de Montparnasse à Paris et plus précisément sur la tombe d une jeune russe, Tatiana ...
Avec justesse, l auteur nous invite, dans un subtil mélange entre fiction et réalité, , à découvrir l histoire de cette sculpture et à en percer les nombreux mystères qui l entourent ...
Le roman alterne entre l histoire de Camille en 2010 et le journal intime de Tatania, écrit en 1910 ... Donc d un côté Camille, avocate dans un cabinet réputé de Paris, qui voit son quotidien basculer par une demande quelque peu « spéciale » : identifier le propriétaire d une sculpture de Brancusi le Baiser, scellée sur la tombe d une jeune russe decedée à 23 ans. Cette sculpture étant en péril car convoitée sur le marché de l art, elle risque d être descellée et certainement expatriée ... et de l autre côté, le journal de Tatiana, cette jeune russe aristocrate, exilée à Paris, qui aspire à la liberté et ne se retrouve plus dans la rigidité et la superfialite imposé par son rang ...
Ainsi, un siècle sépare ces deux histoires de femme et pourtant le destin les rapproche par leurs aspirations, leurs volontés, leurs besoins d émancipation et même les rues de Paris ...
Un récit qui évoque la femme, l Amour et la passion et aussi l Art ... Ce dernier, au centre de l intrigue, pousse le lecteur à la réflexion : comment définir la propriété d une oeuvre d art ? Ces oeuvres sont-elles uniquement des propriétés marchandes ?
En conclusion, un très beau roman très riche et écrit d une merveilleuse plume. Une fois la dernière page tournée, j ai eu également l envie de faire mes recherches personnelles sur le net et de découvrir ce fameux artiste Brancusi, ses oeuvres et bien sûre cette belle sculpture ... le baiser ....
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Il y a un petit moment que le baiser de Sophie Brocas attendait dans ma tablette. J'ai eu la chance de le recevoir par les éditions Julliard via net galley et je me suis enfin décidée à le dévorer d'une traite.
Le Baiser est une sculpture de Brancusi scellée sur la tombe d'une inconnue au cimetière du Montparnasse.
Camille est une avocate sérieuse mais elle exerce sans passion jusqu'au jour où on lui demande d'identifier à qui appartient la sculpture, qui est menacée d'être décelée.
Elle va aller sur les traces d'une jeune exilée russe, Tania, qui a trouvé refuge à Paris en 1910 et qui suicidée. Pourquoi Brancusi a t'il mis cette sculpture sur sa tombe ?
Camille, en se lançant dans la protection de cette oeuvre, va t'elle trouver (enfin..) un sens à son travail... et à sa vie...
Le Baiser de Sophie Brocas est un roman qui m'a énormément plu. C'est un roman même si l'oeuvre de Bracusi existe bel et bien.
Au début, Camille m'a laissé totalement indifférente. Je l'ai trouvé plate, c'est un personnage pas du tout attachant au premier abord. Nous découvrons en parallèle Tania, la jeune russe, au travers son journal intime. Elle par contre m'a tout de suite plu.
Comme on alterne au début entre les deux jeunes femmes le fait de ne pas accrocher avec Camille ne m'a pas dérangé. Surtout que peu à peu elle se dévoile, parait moins froide et a réussit à me toucher.
J'ai aimé comment l'auteure la fait évoluer, elle commence à devenir passionnée et le changement est salutaire pour elle tout en étant très intéressant pour nous lecteur. Elle nous fait le portrait de deux femmes fortes, qui sont en quête d'indépendance et (en ce qui concerne la jeune avocate) de justice.
Le baiser est très bien écrit, et j'ai pris plaisir à découvrir l'histoire de cette sculpture, de la jeune russe et de Camille. Même si on vogue entre les deux époques, à aucun moment je ne me suis pas perdue. C'est agréable de revenir en arrière, dans les années 1900 puis de nos jours.
J'ai réellement été charmé par cet ouvrage et je lui donne cinq étoiles :)
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Sophie Brocas a été très inspirée en s'emparant d'un fait d'actualité lié à la sculpture " le baiser "de Constantin Brancusi ornant la tombe de la jeune Tatiana Rachewskaïa pour écrire son livre.

"Le baiser" cette oeuvre sculptée de Constantin Brancusi au coeur de tant de passion, va être le point de départ d'un récit en parallèle de deux femmes :

Nous avons à l'époque actuelle, Camille, la femme avocate, qui va se prendre de passion pour l'oeuvre du baiser et nous avons Tatiana que l'auteure nous invite à suivre grâce à son journal intime.

Deux époques, deux siècles, deux femmes, un homme et une oeuvre d'art.

Si l'auteure s'inspire en partie de la vraie vie de Tatiana, elle va lui faire connaitre un sort différent en lui faisant vivre une relation amoureuse avec le sculpteur auteur de la stèle de se tombe.

Sophie Brocas dresse alors un beau portrait d'une jeune russe dans le Paris artistique et aristocratique des années 1900.

On parcourt avec ses yeux le Paris de l'époque. La Seine est en crue, la crue du siècle. On va s'introduire dans l'atelier de Brancusi et dans les rues de la ville.

Le portrait de Tatiana est des plus romanesques. Tatiana découvre un monde nouveau pour elle. Un esprit de liberté, d'indépendance. Les prémices du féminisme. Elle va découvrir aussi l'amour.

J'ai aimé suivre cette jeune femme, vive et innocente d'ouvrant à la vie, à l'approche très romantique de la vie et de son appétit de vivre et de voir autrement. Dans sa volonté de s'affranchir des règles de son statut d'origine.

L'autre portrait est celui de Camille et si cette femme a moins capté mon attention, elle nous permet de découvrir tout un pan juridique concernant les oeuvres artistiques.

Camille mènera une enquête pour tenter de sauver " le baiser ". Elle nous emmènera sur des terrains juridiques mais également sur la tentative de reconstituer la vie de Tatiana. Pour Camille cette enquête sera aussi l'occasion pour elle de partir à la quête d'elle-même.

Il est à noter qu'en tant que lecteur, nous sommes en avance sur les recherches de Camille puisque nous vivons en direct et de façon journalière la vie de Tatiana.

De son arrivée à Paris à sa mort. Non, je ne spolie pas l'histoire, car oui Tatiana est morte jeune, c'est indiqué sur sa tombe.

Je vous laisserais néanmoins découvrir comment Sophie Brocas a sculpté son personnage et fait le lien avec le célèbre sculpteur Brancusi.

Si ce livre est avant tout le portrait de ces deux femmes, le sculpteur Constantin Brancusi en est le dénominateur commun.

J'ai adoré découvrir cet artiste aux travers
les deux regards féminins à deux époques différentes.

Avec cette oeuvre reliant le tout par delà les siècles.

Une belle lecture dont les bémols sont pour moi relatifs
à une fin un peu abrupte du côté de Tatiana...
Et la quête identitaire de Camille un peu trop caricaturée.

J'ai aimé encore une fois me plonger dans le Paris 1900 dans son foisonnement artistiques et son vent de liberté.

Comme Tatiana et Camille,
Constantin Brancusi m'a charmée et offert ce baiser si doux.

J'ai envie de le découvrir un peu plus encore !

Merci Babelio et les Editions J'ai LU !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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J'aime quand un livre m'apprend quelque chose et ce fut le cas avec ce roman : Brancusi et les artistes d'avant-garde du début du 20ème siècle, la condition féminine, le droit de la propriété...
J'aime un peu moins le style de l'auteur, ses longues énumérations, et son style ternaire.
Reste qu'elle nous raconte là une histoire passionnante et rythmée que je vous recommande.
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Ce texte propose 2 histoires en une : en 1910, celle de Tatiana , jeune russe qui étudie la médecine à Paris, qui va mourir précocement et dont la tombe est ornée d'une sculpture de Brancusi « le baiser » et de nos jours, celle de Camille, avocate spécialisée en propriété industrielle, qui va tout faire pour que cette sculpture, demandée par un tiers, reste à sa place. J'ai trouvé ce récit intéressant par son contexte (le monde des artistes) et par ces 2 portraits de femme qui cherchent à s'émanciper. L'écriture, parfois excessive (mais reflétant bien l’état d’esprit de Tatiana) reste efficace dans sa globalité . Un roman agréable, qui se lit vite, avec une pirouette de fin sympathique.
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Stèle est pris qui croyait prendre !

Peut-on déboulonner une statue funéraire surplombant une centenaire sépulture dans un cimetière parisien sous prétexte qu'elle est aujourd'hui réclamée par des héritiers, essentiellement pour être l'oeuvre d'un artiste mondialement reconnu ?

Tel est l'argument de la matinale requête faite à Camille, avocate réputée (au caractère repoussant bien trempé), par un voisin responsable des cimetières de la capitale donc des quarante-deux mille tombes de celui de Montparnasse.

Cet argument permettra de plonger dans l'histoire de la jeune femme inhumée sous cet oeuvre d'art réalisée par Constantin Brancusi, histoire cependant fictive et romanesque comme nous le précise l'introduction de ce roman même si la sculpture, la sépulture et le bras de fer entre l'état et les héritiers sont réels (un bras de fer pour une sculpture en pierre, quel assemblage de mauvais goût !)

Plongeon dans le temps et immersion dans le paris inondé par la grande crue de 1910 pour faire la connaissance de Tania qui se dévoile à travers les pages calligraphiées de son cahier intime qu'elle entretient au quotidien, confesseur de papier et véritable ami unique de cette jeune exilée russe que loge une tante venimeuse étouffée par les convenances et les traditions (en deux mots : une vieille bique).

 Tania donc, petite nièce de Tolstoï, bannit ces conventions étriquées et, comme d'autres un Ricard, se promet le bonheur sinon rien ! Pas de compromis, pas de compromission pour celle (comme Franck) qui a du quitter sa Russie natale pour sympathiser avec les nouvelles idées révolutionnaires honnies par son aristocratique ascendance.

Si, par moments, la lecture indélicate de ce carnet intime qui n'était pas prévu être parcouru par nos yeux à l'origine fait penser au guide du routard tant l'exercice de description du vieux Paris est appuyé (et prend des airs de «bien que femme, regardez comme je m'y entends bien pour lire un plan»), il nous fait quand même étroitement pénétrer la psyché de notre jeune déracinée que les folles aventures parisiennes mèneront au Montparnasse à tombeau ouvert (facile, je le concède).

Par le truchement (je gagnais cent points si je plaçais ce mot) de ses plumeux épanchements nocturnes, nous suivrons son itinéraire d'enfant gâtée (très bon Lelouch) en rupture familiale qui, au froufrous à dentelles de soie sauvage, préférera l'austérité de bure des anarchistes et la roture des grisettes parisienne puis la bohème intellectuelle du Paris artistique du siècle naissant (je vous parle d'un temps…) ou apparaîtront Matisse, Apollinaire, Modigliani, Man Ray, Erik Satie ou le douanier Rousseau.

Bien sûr, alternant les époques comme les chapitres, nous ferons également plus ample connaissance avec l'avocate, Camille (Vénus, de son vrai prénom, ( il y a de ces parents, je vous jure!!!)), qui finira par s'intéresser à la Tania de 1910 pour combler un ‘petit vide' dans sa vie si bien organisée de solitaire travailleuse compulsive au sein d'un prestigieux cabinet international installé à Paris.

La coincée du droit finira par mettre un doigt hésitant dans l'engrenage constitué par l'histoire du monument funéraire avant de s'émouvoir pour la jeune russe au court destin tragique, évidemment (sinon, il n'y aurait pas de bouquin) ! L'engrenage se fera poupées russes, tout nouvel élément en masquant le précédent.

Ses recherches nous permettront de mieux appréhender Brancusi et son oeuvre, de le situer dans le milieu artistique d'alors à la faveur maigre (au départ) des pages internet consultées pour ingérer la généreuse genèse de l'original et génial sépulcre.

Mais c'est surtout son implication active (voire bourrine) dans le ‘sauvetage' du baiser qui m'a le plus plu par son côté thriller administratif (oui, c'est deux mots peuvent se juxtaposer, je vous jure (ne jurez pas Marie-Thérèse)).
Une implication survoltée emmenant le récit dans un élan soudain que la seule lecture du timoré  journal intime ne pouvait pas avoir, risquant même de le noyer dans une mièvrerie crue (on est en pleine inondation, je vous le rappelle).
Alors cet élan devient le média de la passion que Camille va développer pour l'artiste au départ, Brancusi devenant ensuite une métaphore, le bras armé de l'art en général qui donne sens à une vie jusque-là si terne (jeu de mot involontaire) mais qui va devenir baroque (et non barrique).
La morose Camille va se révéler, se réveiller et sortir de la coquille de sa fade banalité comme jadis, Vénus sortit des eaux.

Bon ! À chaque fois qu'un roman mélange fiction et réalité comme un mélangeur chromé Jacob Delafon l'eau froide et l'eau chaude, je reste tiède face à la lecture même bouillonnante, m'interrogeant sur la pertinence d'un tel processus.

Ne vaut-il pas mieux faire soit un travail de recherche approfondi et livrer une réelle biographie quitte à lui donner un habillage romanesque soit s'inspirer du fait réel, certes, mais pour échafauder un roman total faisant fi des protagonistes initiaux au profit de personnages totalement fictifs.

Je reste troublé par cette frontière qui ne se dessine pas, par ce fil du rasoir qui ne tranche pas entre réel et imaginé, frustré de ne savoir démêler l'intrigue romanesque de sa vérité historique. Je suis là brosse à cheveux empêtrée dans la noueuse chevelure de l'ingénue protagoniste que je devine longue et blonde comme la Nathalie de Bécaud (mais la je m'égare (de l'est)).

Un kir littéraire donc au dosage établi, une dose de vrai pour trois doses d'inventé à consommer sur le zinc des toits du baron Hausmann. (Non merci, je ne prendrai pas de cacahuètes pour ne pas prendre d'embonpoint !).
Un cocktail agréable a consommer qui a l'avantage de ne pas donner la gueule de bois (pour une statue en pierre, ce serait un comble), produit dans un style plutôt riche et assez captivant recelant quelques jolies tournures qui font oublier les quelques défauts cités plus haut (le côté GPS).

Maintenant, que dire de cette fin ouverte quelque peu expédiée, des écarts avec la réalité qui n'apportent rien au récit (la mort de Tania, la nature des héritiers, l'ambiguïté de sa relation avec le médecin...) ou du choix de la photo de couverture, belle effectivement mais racoleuse en définitive parce que  sans lien aucun avec les protagonistes et laissant imaginer un contenu plus érotique associée au titre?

Un grand huit émotionnel que ce roman aux allures de parc d'attractions finalement, réunissant plusieurs activités récréatives en un même  point unique mais de façon artificielle, fait de stuc et de toc alors que le sujet offrait tant de possibilités !

Vous rêviez d'une Hispano-Suiza, vous aurez une Chatenet sans permis !

Aussi, pour malgré tout finir en beauté et vous vissez une jolie ritournelle en tête pour le reste de la journée, je conclurai ce commentaire par un Souchon, de bon cru (comme celle de la Seine en 1910):
Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j'ai croisé
Je chante un baiser
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