Dans ce roman que je lis dans le cadre de la sélection pour le prix
Charles Exbrayat 2019 auquel participe la médiathèque de ma commune,
Sophie Brocas nous offre le portrait de deux femmes dont le destin va se croiser à deux époques différentes . C'est de ce fait un coup de projecteur sur l'évolution de la condition féminine en un siècle.
1910, Tatiana, jeune russe de 23 ans a été exilée chez sa vieille tante à Paris à cause de ses idées non conformes à son statut d'aristocrate. Sa famille a accepté qu'elle fasse des études de médecine, en attendant de lui trouver un bon parti à épouser. C'est d'une part son journal intime que le lecteur découvre.
Alternant avec ce dernier,
Sophie Brocas nous raconte l'histoire de Camille, avocate plutôt austère qui se voit confier une mission très spéciale. Par tous les moyens juridiques à sa disposition, elle doit empêcher que la statue signée Brancusi dénommée "
le Baiser" qui orne la tombe d'une jeune fille russe au cimetière Montparnasse, soit enlevée et récupérée par le nouveau propriétaire de la concession. L'auteure s'est inspirée d'un fait réel, car cette tentative de spoliation est exacte, pour imaginer ensuite l'histoire de Tatiana.
Je dois avouer que l'intrigue sentimentale de ce roman ne m'a pas passionnée du tout. Je n'ai pas aimé le personnage de Tatiana, très critique à l'égard du système dans lequel elle a été élevée, pleine de bonnes intentions à l'égard de son prochain, mais qui aime bien quand même assister aux défilés de haute-couture de
Paul Poiret... Cette naïveté qui transparait dans son journal est exaspérante. J'ai trouvé également l'ensemble décousu étant donné que de nos jours, Camille mène son enquête à l'aveugle, n'ayant pas eu accès au journal de Tatiana. Les chapitres sont longs et le style d'écriture alterne entre un côté très enfantin dans la retranscription du journal et plutôt lourd dans les questions juridiques auxquelles est confrontée Camille.
Quelques points positifs malgré ce manque d'intérêt global : j'en ai appris un peu plus sur l'oeuvre de Brancusi. Ayant déjà vu la sculpture du "Baiser" au cimetière Montparnasse, cela m'a donné envie d'aller découvrir la reconstitution de son atelier à Beaubourg (à prévoir lors d'une prochaine visite dans la capitale). Ce livre reste intéressant pour la description du milieu artistique de ce début du 20e siècle et pour le questionnement qu'il soulève sur la propriété des oeuvres d'art. Cette lecture se solde par un 8/20.