Mon premier Masse critique !!! Si j'étais ravie d'avoir été sélectionnée, je me suis trouvée un peu désappointée : cet
Oubli interdit, en effet, je l'avais coché un peu par défaut, pour augmenter mes demandes et mes chances d'en trouver un dans ma BAL. Bon, je vais pas faire mon Caliméro non plus ! J'avais pas fait pouf pouf à l'aveugle, le résumé m'avait attirée. J'aime les polars qui fouillent dans les poubelles de l'histoire, et ça fait un bout de temps que je n'en avais pas lu un qui s'ancre dans la guerre mondiale n°2. Je n'ai pas été déçue du voyage.
Ca démarre en Toscane. Ah ! La Toscane, souvenirs, souvenirs… Si l'auteur avait voulu me harponner direct, il n'aurait pas mieux choisi ! Et harponnée, je l'ai été. Direct.
Faut dire qu'il commence fort : 6 juin 1924, toute une famille de paysans décimée par un terroriste adolescent en chemise brune. Et, derrière un rideau, une silhouette… Aperçue par 2 témoins. Qui choisissent de se taire. Juin 2008 : après l'enterrement du patriarche, d'origine italienne, un de ses fils est tué, le reste de la fratrie enlevée. Les enquêteurs pataugent, se focalisent sur des faits de guerre, tournent en rond. Nous lecteurs, bien sûr, on se doute que ça remonte à bien plus loin. Mais qui était réellement Adrien Ragnotti ? Qui se cache derrière ce tueur en série ? Un vieillard ? Un descendant de la famille toscane ? Et que viennent faire ces 2 vieux cadavres alsaciens dans l'histoire ?
Pierre Brocchi m'a bien baladée. Et durant la balade, j'ai appris une foule de choses. Sur ces camps d'internement dont il est question notamment. Si je connaissais le camp des Milles, j'ignorais jusque-là qu'il n'était pas le seul de son acabit, et quelles étaient les catégories d'internés concernées par ces camps. C'est édifiant.
J'ai beaucoup apprécié la maitrise avec laquelle l'auteur déroule son histoire. Rien à redire, ni à jeter, pas de gras. Il a trouvé son style. J'ai moins aimé le marivaudage entre les 2 flics, et surtout sa conclusion, qui m'a un peu gâché la fin. Mais le passage sur la plongée est magique et intense, et le paragraphe final très beau. Pierre joue magnifiquement des émotions, des sensations. Quant à la révélation de l'identité du témoin-silhouette… sur le cul il m'a laissée ! Là, je dis chapeau ! Peu peuvent se vanter de m'avoir bananée à ce point. du grand art. Et pourtant, il m'a fait cogiter, ce témoin, j'en ai fait des hypothèses…
Mon seul bémol sur ce livre serait les quelques fautes et coquilles qui le parsèment, surtout dans sa deuxième moitié. Ca ne gâche pas le plaisir, mais
Lucien Souny semble un éditeur soigneux, et c'est un peu dommage. Oui, je sais, je suis maniaque, tendance psychorigide de la langue, mais j'estime que lorsqu'on écrit/édite un livre le moins que le lecteur puisse en attendre est que sa syntaxe soit irréprochable. Je ne dirai jamais assez à quel point je regrette la disparition des correcteurs à 2 yeux.
Malgré cela, je ne saurais trop remercier Babelio et
Lucien Souny de m'avoir offert cette belle découverte doublée d'un auteur à suivre. On frôle le coup de coeur !
Et vous, vous attendez quoi pour le lire ?