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Critique de Mariandre


«À lire Saint-Denys Garneau, il arrive ce qui ne se produit jamais quand on lit Nelligan ou d'autres poètes qui l'ont précédé : on oublie tout à coup les conventions de la poésie.»
(Histoire de la littérature québécoise, Boréal)

André Brochu met en scène Saint-Denys Garneau, poète québécois. de l'adolescent de 14 ans se rendant timidement au mauvais endroit pour réclamer le prix qu'il a remporté suite à un concours de poésie au solitaire de 31 ans terrassé par une crise cardiaque, le lecteur suit le parcours sinueux des pensées d'un artiste en proie à une quête spirituelle. Saint-Denys cherche à réconcilier l'âme et la chair, la foi et le doute, l'idéal et le réel dans un Québec encore soumis aux interdits du catholicisme. Asservi à son époque et doutant constamment de lui, c'est par son style que Saint-Denys se permet des élans libertaires. Il fut effectivement le premier poète québécois à écrire des vers libres. Bien que sa mère ait encouragé son fils à écrire et qu'elle ait financé la publication d'un premier recueil de poésie, sa part d'ombre a fini par happer le poète qui s'est retiré dans le manoir familial, à Sainte-Catherine-de-Fossambault, évitant désormais ses amis. Il n'aura jamais su qu'un jour, sa poésie occuperait une place importante dans l'espace littéraire québécois.

J'avais rangé les mots du poète, un peu froids à mes yeux alors, un peu dépossédés, dans un coin de ma mémoire étudiante…
C'est sur le deuxième versant de ma vie que je découvre leur limpidité poignante. le récit d'André Brochu m'a appris le combat intérieur de Saint-Denys Garneau et si j'ai trouvé la langue des dialogues un peu empruntée, la narration exposait bien le combat intérieur et la démarche du poète.

« Je songe à la désolation de l'hiver
Aux longues journées de solitude
Dans la maison morte -
Car la maison meurt où rien n'est ouvert-
Dans la maison close, cernée de forêts

Forêts noires pleines
De vent dur

Dans la maison pressée de froid
Dans la désolation de l'hiver qui dure

Seul à conserver un petit feu dans le grand âtre
L'alimentant de branches sèches
Petit à petit
Que cela dure
Pour empêcher la mort totale du feu

Seul avec l'ennui qui ne peut plus sortir
Qu'on enferme avec soi
Et qui se propage dans la chambre

Comme la fumée d'un mauvais âtre
Qui tire mal vers en haut
Quand le vent s'abat sur le toit
Et rabroue la fumée dans la chambre
Jusqu'à ce qu'on étouffe dans la maison fermée

Seul avec l'ennui
Que secoue à peine la vaine épouvante
Qui nous prend tout à coup
Quand le froid casse les clous dans les planches
Et que le vent fait craquer la charpente

Les longues nuits à s'empêcher de geler
Puis au matin vient la lumière
Plus glaciale que la nuit.

Ainsi les longs mois à attendre
La fin de l'âpre hiver.

Je songe à la désolation de l'hiver
Seul
Dans une maison fermée. »
(Hector de Saint-Denys Garneau)
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