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EAN : 9782207111727
383 pages
Denoël (14/03/2013)
4.4/5   10 notes
Résumé :
Croisés au fil de ces pages, Romain Gary, Mark Rothko, Sergueï Eisenstein, Hannah Arendt, Jacques Lipchitz ou Arvo Pärt ont en commun d'avoir vu le jour dans les régions bordant la mer Baltique avant de partir construire leur ouvre à l'étranger, essaimant à travers l'Europe et l'Amérique un peu de l'âme balte. C'est cette mélancolie empreinte de fatalisme, cette vitalité forgée par les soubresauts de l'histoire, cet appétit de lecture, de musique et d'art qui fait l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les livres qui traitent des pays baltes ne font pas florès sur les rayons de nos librairies. Qu'importe si La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont désormais rejoint la grande Europe en construction, hier comme aujourd'hui, ces pays ne semblent pas exercer sur le public français une trop grosse fascination culturelle. C'est bien dommage.
C'est ce que le journaliste et voyageur néerlandais Jan BROKKEN nous démontre magistralement dans son opus « Baltishe Zielen », « les âmes Baltes ». C'est en évoquant une petite dizaine de destins singuliers qu'il parvient à circonscrire l'esprit si particulier des gens de la Baltique. Certains personnages nous sont familiers comme Hannah Arendt, Emmanuel Kant (originaire de Koenigsbergs, aujourd'hui Kaliningrad) ou Roman Kacew, mieux connu sous son pseudonyme principal de Romain Gary (né à Vilnius en Lituanie). D'autres ne vous diront rien ou si peu, du musicien Arvo Pärt, en passant par le violoniste Gidons Kremer, le sculpteur Jacob Lipchitz, le peintre mark Rothko, la libraire Janis Rose, déportée en Sibérie ou la petite victime de la « révolution chantante » lituanienne Loretta Asanaviciuté « bousculée à mort » en direct par un char russe.
Au fil des chapitres se dessinera en arrière-plan une histoire commune, celle de trois petits peuples parlant des langues singulières (d'origine finno-ougrienne, et donc apparentées au finlandais) et qui trouvèrent très longtemps dans leur relation à la nature et à ses éléments l'essentiel de leur inspiration culturelle. Seulement voilà, en parlant de culture, l'histoire ancienne les a sédentarisés sur une véritable ligne de faille. Une étroite bande de terres côtières qui borde la mer Baltique, coincée entre de très encombrants voisins, l'Allemagne, la Pologne, la Russie ou la Suède. Autant de nations qui, depuis les temps les plus reculés, sous diverses bannières ou oripeaux, et pour une foultitude de raisons désormais oubliées, se sont livrées à des guerres sans merci pendant lesquelles presque systématiquement, les peuples baltes ont été pris en otage et décimés.
Ici les volcans sont invisibles mais leur activité est permanente. Ici on parle des années 1944-1949 comme du « second génocide ». En un mot des pays où les communautés linguistiques et culturelles, juives, germano-baltes, scandinaves, polonaises, russes et baltes, se sont superposées les unes aux autres pour le meilleur (de temps à autres) et pour le pire (presque tout le temps). Des communautés qui se sont souvent haïes pour des raisons tout à fait légitimes et qui n'ont jamais manqué, au fil des humeurs historiques de se le faire savoir. On lira dans ce cadre, l'édifiante histoire de la famille von Wrangel et les malheurs de leurs enfants, Lotti, Claus ou Olaf. Elle résume à merveille la complexité du champ historique de la Baltique.
Mais Brokken n'en démord pas, derrière tout cela et en dépit de tous les cataclysmes, l'âme Balte a survécu. Avec une érudition époustouflante l'écrivain nous entraîne dans un tourbillon d'excursions hasardeuses et de rencontres miraculeuses. Les Baltes sont là, il suffit de savoir où les chercher, ce qui finalement est déjà un bel exploit. Jan Brokken ne se résout à aucune simplification et n'écarte aucune source d'information. L'honnêteté transparente de sa démarche en devient parfois quasiment palpable. L'âme des Baltes et tourmentée et ne se livre pas au premier venu. Sa découverte est de nature à bousculer profondément nos consciences mais le jeu en vaut la chandelle. Il y a beaucoup à apprendre de nos compagnons Baltes. du reste, nous le savions déjà à travers la lecture d'un Romain Gary, mais nous ignorions simplement qu'il fut Balte ! (Lui-même ne s'en vantait guère comme on pourra le découvrir)
Ce livre est une des plus belle découverte de ces derniers mois. Jan BROKKEN, inconnu en France, rejoint pourtant par son talent une très petite élite d'écrivains érudits à l'instar d'un Claudio Magris ou d'un Mariusz Wilk. A lire absolument

Lien : http://feuilles.de.joie@gmai..
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Les âmes baltes est un livre du journaliste néerlandais Jan Brokken. C'est un livre incroyable, qui raconte l'histoire méconnue des 3 pays baltes, si loin et pourtant si européens. A travers des tableaux historiques ou artistiques (il nous parle par exemple des pogroms juifs, de Vilnius, la Jérusalem du nord, de Romain Gary ou de Rothko), Jan Brokken nous offre une balade dans les pays baltes à travers une écriture toute en finesse, humour et érudite. Un livre que je recommande chaudement
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critiques presse (1)
Telerama
15 mai 2013
L'Histoire, loin d'être ici une démonstration, est d'abord une série de traces, parfois invisibles, témoignant de ce qui a disparu et de ce qui perdure
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Impact du concert à Tallinn le 16 novembre 1968 d'Arvo Pärt sur la future Révolution chantante d'après une témoin Krista Varik:

"Je crois que l'âge moyen dans la salle était de vingt-deux ans, certainement pas plus. Au moment où le chœur a entonné Credo, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire. Nous nous sommes regardés, certains ont porté la main à la bouche, comme des enfants, à la fois apeurés et excités. nous sommes restés assis, mais nous savions que nous étions en train de vivre la fin du communisme, et du matérialisme, que nous allions retrouver notre identité. La partie du milieu du credo était discrète, avec ce magnifique motif au piano de Bach. Puis ce fut une cacophonie inimaginable assourdissante, chaotique, folle. Tout le monde s'est levé. Impossible de rester assis, c'était comme si, enfin, nous pouvions exprimer la colère refoulée pendant des années. après le déchaînement des trompettes et le chœur qui scandait "ha, ha, ha,ha,.." le piano, par quelques notes légères, a ramené le chœur et l'orchestre au calme. Puis cette phrase a retenti magistralement: "Eh bien moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant. Je crois." Nous nous sommes pris par la main, nous serrions fort. Le public a commencé à se balancer en rythme, puis toute la salle a fondu en larmes. Arès cela, il nous a fallu attendre vingt-trois ans pour être libérés, mais ce moment a marqué le début de la Révolution chantante. Arvo Pärt a été notre sauveur. Je vous le raconte sans en rajouter, c'est ainsi que les choses se sont passées."
p.267
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