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Critique de twinckel


Précoce Automne est le troisième roman de l'auteur qui a obtenu le prix Pulitzer de la fiction en 1927. Nous retrouvons deux personnages de ses romans précédents. Sabine Callendar (Emprise) et Jean (fils de Lily Shane, la Colline aux Cyprès et Emprise). Il n'est néanmoins pas nécessaire d'avoir lu les précédents romans pour déguster celui-ci.

Sabine Callendar après son divorce décide de revenir aux sources, à Durham en Nouvelle Angleterre. A Durham le temps s'écoule lentement, les commères font la loi et on obéit aux convenances et aux principes de respectabilité. Pas étonnant que Sabine, femme de caractère et éprise de liberté, se frotte d'avance les mains de venir bousculer le conformisme ambiant après tant d'années à parcourir le monde comme elle l'entendait.

L'histoire s'ouvre sur le bal de la famille Pentland. Vieille famille honorable dont les membres doivent plier sous le joug des ancêtres puritains de la famille qui font encore la loi depuis le cimetière et leurs portraits accrochés aux murs.

Olivia Pentland, jeune femme abordant la quarantaine, dont le caractère à la fois doux et inflexible fait penser à Mélanie Wilkes, espère que sa fille Sybil va connaître le bonheur et faire un mariage plus heureux que le sien. Mais les prétendants du coin sont aussi falots et insipides que son mari.

Olivia jeune orpheline, mais riche héritière, qui vivait sous le joug d'une tante tyrannique, a épousé Anson Pentland, dernier de sa lignée, qui a accepté ce mariage malgré le mépris des origines irlandaises de sa femme. La dot fait oublier bien des principes. L'illusion du bonheur n'a pas duré longtemps.

Anson se consacre à son oeuvre, écrire l'histoire de la respectable famille Pentland et vit à l'écart de sa femme et de ses enfants depuis la naissance de son fils, l'héritier tant attendu pour perpétuer le nom Pentland. Il ne se rappelle son existence que quand celle-ci semble faire voeu de liberté et s'affranchir de ce monde endormi et étouffant ce qui est bien sûr intolérable et vulgaire à ses yeux.

Olivia apprécie particulièrement son beau-père, John Pentland, malheureux comme les pierres, qui s'abîme régulièrement dans l'alcool (mais toujours de manière respectable et discrète), et dont la femme est enterrée vivante dans une aile de la maison sous la garde d'une inflexible infirmière, depuis qu'elle a perdu la tête après sa nuit de noces et l'accouchement de leur seul héritier Anson. C'est chouette la vie conjugale chez les Pentland.

John a remis entre les mains d'Olivia depuis son arrivée tout l'héritage de la famille Pentland, la trouvant plus digne pour cela que bien de ses propres membres et même son fils Anson.

Autre personnage haut en couleur, Tante Cassie, soeur de John, qui veille à la respectabilité et à l'honneur de la famille, surveillant perpétuellement tout et tous de son oeil inquisiteur, faisant la leçon permanente à Olivia, sous couvert de bienveillance, mais tyrannisant impitoyablement son petit monde comme elle a tyrannisé son mari jusqu'à ce qu'il préfère se laisser mourir que de subir ce dictateur domestique un jour de plus.

La haine volcanique que se vouent Tante Cassie et Sabine est absolument réjouissante et donne des scènes très comiques.

Olivia et son beau-père John ont un but dans l'existence, faire survivre le plus longtemps possible l'héritier de la famille, Jack le fils d'Olivia, malade depuis sa naissance et qui se meurt lentement. Après sa mort, la famille Pentland qui a régnée depuis tant de siècles s'éteindra définitivement, ce qui pour une famille si fière de son nom et de sa perpétuation est le drame absolu.

Olivia ayant perdu son fils, et voyant sa fille prendre son envol pour sa propre vie avec le séduisant jeune homme français que Sabine a invité (Jean le fils de Lily), ne voit pas pourquoi elle résisterait à l'envie de connaître un peu de bonheur tant que la flétrissure de l'âge n'est pas encore arrivée. Son voisin irlandais, O'Hara, lui fait comprendre que le bonheur est encore possible.

Mais pour Olivia le poids des ancêtres pèse lourd et sa vie qui a été une suite de renoncements et de compromissions hésite à accepter cette liberté malgré les secrets inavouables qu'elle découvre sur cette famille et notamment son ancêtre le plus flamboyant Savina Pentland, qui selon Tante Cassie a eu l'intolérable mauvais goût de périr en mer avec les bijoux reçus lors de son mariage.

C'est un magnifique portrait de femme que nous donne encore Louis Bromfield avec une très fine analyse psychologique de tous les protagonistes.
Indéniablement un de ses plus beaux romans, digne de figurer au côté de Jane Austen, Elizabeth Goudge ou Edith Wharton.

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