Citations sur En pays conquis (28)
Les gens se laissent séduire par ceux qui leur disent ce qu'ils veulent entendre, ceux qui leur affirment que rien n'est leur faute et qui leur mentent comme on ment à des enfants pour les rassurer. Tout est la faute des étrangers, de l'Europe, de l'euro, des élites, de la finance... C'est tellement facile de ne pas se cogner à la réalité, d'être dans ces discours qui n'engagent à rien.
En politique, il n'y a pas de miracle. Il y a les marionnettes et les marionnettistes. Sans ces derniers, le rideau tombe et le spectacle se termine dans les larmes et la peine. Il tient les rênes et c'est lui le metteur en scène : cette fois il n'y aura pas de déception, les spectateurs applaudiront la pièce.
En politique, il n'y a pas de miracle. Il y a les marionnettes et les marionnettistes.
La vérité, il ne la dira jamais aux Français : l'économie du pays n'atteindra plus jamais ces taux de croissance sidérants qu'il a connus pendant les Trente Glorieuses et, brièvement, à la fin du XXe siècle. La France est devenue un pays médiocre qui doit accepter de vivoter, un pays qui doit oublier ses prétentions de grande puissance et qui, s'il fait mine de faire cavalier seul dans cette mondialisation sans pitié, sera aspiré dans le trou noir de la déchéance. P; 188
Quand il pousse la lourde porte du porche, il surprend la gardienne qui lâche un petit cri ridicule puis déclare en souriant : « Vous m'avez fait peur. » Il ne répond pas, mais un frisson de plaisir lui parcourt l'échine. Cette loi de la politique reste immuable : faire peur, c'est se faire respecter.
Angélique Dumas, comme tous les hauts fonctionnaires de la direction du budget, porte l'endettement de l'Etat comme un fardeau personnel et elles aimerait que les politiques sentent aussi leur dos ployer sous le poids de la contrainte financière.
Ouvrir les jardins au peuple, c’était l’une de ses grandes idées. Parfois il descend saluer les badauds, contraint par leur présence et un reste de préséance. Ils viennent jusque chez lui et il resterait cloîtré à l’intérieur comme s’il était assiégé ? Leur voyeurisme et leurs insultes, il peut les supporter. Mais leur saleté, leur égoïsme… Quand il les observe depuis le bureau de son conseiller spécial, Claude Danjun, il a l’impression d’être à la fenêtre du château de Moulinsart et de voir débarquer Séraphin Lampion et les romanichels. « Les français ne se respectent pas », lui assure souvent Danjun. Il n’arrive pas à lui donner tort.
Ces jeunes femmes sont toutes les mêmes. Alors qu'elles s'apprêtent à construire leur vie, elles ne disent jamais non à un flirt avec l'argent et le pouvoir, dans l'espoir d'en avoir aussi leur part. Ce ne sont pas des putes, et il n'est pas un salaud. C'est simplement le contrat tacite des séductions éphémères.
Quand une force politique recueille un quart des suffrages, il faut l'écouter. C'est ça, la Démocratie, Antoine. Il ne s'agit plus de le déplorer ou de s'en féliciter, mais de faire avec. Ce n'est pas plus honteux de parler avec le Rassemblement que de parler avec les Centristes.
La pitié, il était habitué à l'accorder, pas à la susciter.