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EAN : 9782130631682
168 pages
Presses Universitaires de France (24/09/2014)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Quelle mouche a piqué nos contemporains ? Ils ne paraissent regarder vers l'avenir que la peur au ventre, cherchant les premiers signes d'une apocalypse écologique que les films hollywoodiens ne cessent de nous narrer. Ils ont le sentiment d'être menacés par les ondes, la radioactivité, par leur assiette même, devant laquelle ils se souhaitent bonne chance plutôt que bon appétit. En un mot, certains discours ont fait de nous des hypocondriaques permanents à peine ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A lire et à relire en seconde intention, voire en troisième...à mon avis à acheter et à garder.
Du « bon usage de la peur » ou comment le sacro-saint principe de précaution inscrit au sein même de la Constitution française tend à engendrer une inaction dont les conséquences peuvent s'avérer bien plus graves que celles d'une action comportant un risque potentiel imaginaire, imaginé ou avéré souvent dans des proportions nettement surestimées par la croyance collective (au profit des données rationnelles) mais dont la mise en oeuvre, à défaut d'être salutaire, dessine au moins l'ébauche d'une solution.
Basée sur des exemples concrets issus d'examens de situations de la vie courante, la théorie que G. Bronner nous livre ici consiste à démonter le in dubio pro malo (« dans le doute, attends-toi au pire ») institué par Jonas en 1979 et qui nous plongerait dans un immobilisime incertain et pessismiste dont la dérive la plus aboutie revêt différentes formes d'une anthropophobie légitimée par l'annonce d'une apocalypse certaine. Décalé, à contre-sens du discours habituel, plein de références utiles, cet essai donne à réfléchir et nous incite à méditer sur nos pratiques influencées par nos modes de vie, la multiplication des sources d'information et le renouveau des peurs collectives. La lecture de cet ouvrage laisse perplexe, interrogatif et avide de développer plus encore les connaissances proposées par un auteur dont la prise de position en guise de conclusion finale donne encore matière à intense réflexion :
« En évitant l'indésirable, on s'abandonne au pire. Il me paraît donc important de l'affirmer : nous sommes humains avant d'être terriens ».
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critiques presse (2)
NonFiction
02 avril 2015
Le sociologue Gérald Bronner déconstruit les discours apocalyptiques qui font de l’Homme le responsable de tous les maux de la planète.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Telerama
15 octobre 2014
Pour faire sauter les verrous de cette méfiance précautionneuse qui nous paralyse, le sociologue veut « réenchanter le risque ».
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[74%]

Supposons que Jean joue au tiercé. Il veut parier sur le cheval A mais il doute, tenté alors de parier plutôt sur le cheval B, ce qu’il ne fait finalement pas. La course se déroule et c’est le cheval B qui l’emporte. Si Jean avait parié sur lui, il aurait gagné 10 000 €… Paul, quant à lui, a acheté un ticket pariant sur le cheval B, mais au dernier moment, il l’échange avec un parieur ayant misé sur le cheval A, suivant en cela une mauvaise intuition. Puisque le cheval B a gagné, il aurait pu, lui aussi, emporter 10 000 €. À votre avis, lequel des deux ressentira le plus de regrets ?

Il n’y pas besoin de vivre ces deux situations pour se les imaginer assez bien. Elles sont toutes les deux frustrantes, mais Paul est de loin celui qui regrettera le plus sa décision. C’est du moins à ce résultat qu’aboutit l’expérimentation menée par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman (1984) puisque, dans ce type de situation, 92 % des individus considèrent que Paul sera le plus malheureux. Dans les deux cas, Paul comme Jean prennent une décision qui leur fait perdre 10 000 € mais la différence fondamentale est que Jean décide de ne pas agir (c’est-à-dire de maintenir son pari sur A, ce qui est également une action) alors que Paul a agi en échangeant son billet. C’est tout à fait révélateur de la façon dont fonctionne notre esprit. Nous sommes plus prompts à regretter les conséquences d’une action que celles d’une inaction. Et lorsque celle-ci a des implications morales, les regrets anticipés pèsent encore plus lourd. Nous ne voulons pas nous rendre coupables d’une action dont les conséquences seraient moralement condamnables, et nous sommes moins regardants lorsque ces conséquences découlent d’une inaction.

Pour le formuler plus nettement encore, l’immoralité de l’inaction est moins perceptible que l’immoralité de l’action. Ainsi, les conséquences de l’action sont généralement visibles alors que celles de l’inaction ne sont que supposées. Il existe de nombreux exemples où, par crainte des conséquences de nos actions, nous nous laissons aller à une inaction mortifère.

En voici une illustration simple, concernant un produit que nous connaissons tous : l’eau de Javel. Celle-ci permet l’élimination efficace de tous les micro-organismes, ce qui lui confère un intérêt sanitaire que chacun peut comprendre. L’eau de Javel était utilisée dans les hôpitaux français et l’est encore pour le traitement des eaux. Malgré les services innombrables qu’elle a rendus (depuis son invention, elle a sans doute sauvé des millions de vies), elle suscite à présent la méfiance parce que, contenant du méthyle cétone résiduel, elle pourrait être cancérigène… à un certain degré de concentration. Il s’est trouvé des chercheurs pour documenter ces craintes et l’on a fini par montrer qu’à une certaine dose (qu’aucune personne raisonnable ne chercherait à s’administrer), certains rats ne se portaient pas très bien. Sans aucun regard pour les échelles de toxicité, on a pris ces résultats au sérieux, et la très utile eau de Javel est devenue persona non grata dans les hôpitaux. Il est difficile d’évaluer les dommages occasionnés par cette décision déraisonnable (attendu qu’aucun produit aussi efficace n’est venu se substituer à l’eau de Javel), mais l’on peut supposer qu’un certain nombre de victimes de maladies nosocomiales auraient pu être épargnées si elle n’avait été prise. Et ici ou là, on peut parfaitement estimer qu’elle a fait des milliers de morts.

En Haïti, lors du terrible séisme de 2010, en plus des malheurs qui accablèrent ce pays, on eut à déplorer 5 000 morts au moins du choléra. En effet, parmi les forces de l’ONU venues prêter main-forte, il se trouvait des Népalais. Le choléra n’existe pas en Haïti, en revanche, il perdure au Népal. Certains des habitants de ce pays sont des porteurs « sains », et il s’en trouvait parmi les troupes qui apportaient leur aide. Bientôt, les eaux courantes furent contaminées, et les premiers cas mortels de choléra apparurent. Il y avait une solution simple pour éviter l’hécatombe : traiter les eaux avec de l’eau de javel. C’était compter sans la ronde des atermoiements précautionnistes. Fallait-il le faire, compte tenu de la mauvaise réputation de l’eau de Javel ? Cette hypothèse fut évoquée, des comités se réunirent pour délibérer sur les dangers supposés de cette utilisation… On le voit clairement ici, c’est la crainte des conséquences morales de l’action qui inhibe la prise en compte des conséquences morales de l’inaction. En l’occurrence, il fallut attendre 5 000 morts et un article de la revue Science qui tirait la sonnette d’alarme pour qu’on en revienne à des considérations sensées. On purifia les eaux avec de l’eau de Javel et l’épidémie s’interrompit.

La rhétorique de l’intimidation fonctionne tout entière sur ce processus cognitif : elle concentre notre attention sur les possibles conséquences néfastes de nos actions sans rien dire de celles que nous devrons affronter en cas d’inaction. De ce fait, elle dissimule une partie de l’arborescence des possibles et biaise nos choix. Car il s’agit bien de cela : choisir notre destin collectif parmi l’ensemble des mondes possibles qui pourraient advenir. Cette navigation concernant notre avenir a beau être très approximative, elle l’est plus encore si la boussole est truquée.
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