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Citations sur Cuisine tatare et descendance (22)

Pendant les premières années de notre mariage, il en parlait beaucoup. Je l'écoutais -je savais comment il fallait se tenir, en tant qu'épouse. Le plus important était de ne pas faire remarquer à l'époux qu'il racontait n'importe quoi. L'indulgence de l'épouse était le ciment du mariage.
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J'avais entendu dire qu'un nouveau restaurant avait ouvert à Moscou, dans la rue Gorki, et qu'on faisait des heures de queue pour y entrer. Nous avons pris le métro pour y aller et en effet : ceux qui se trouvaient au début de la file d'attente n'en voyaient pas le bout. Bien sûr, nous nous sommes empressées de prendre nous aussi notre tour, comme tout le monde. Je me relayais avec Sulfia : l'une de nous gardait la place dans la queue tandis que l'autre soignait ses courbatures sur un banc ensoleillé. Au bout de trois heures et demie, c'était enfin à nous. Après avoir examiné les plats représentés en grand sur des posters bariolés, nous avons répété sans les comprendre les mots que prononçaient les clients précédents. Nous avons ainsi commandé des bâtonnets de pommes de terre légers et croustillants, de la viande glissée dans un petit pain incroyablement tendre et des chaussons chauds fourrés à la pomme et à la myrtille. Tout était soigneusement emballé dans du papier et placé dans de petites boîtes en carton. "C'est un très bon restaurant," ai-je dit à Sulfia.
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La plupart du temps, toutefois, un écriteau "Pas de lait aujourd'hui" y était accroché. Je me demandais par quel mystère le lait était tout à coup devenu si rare. Où étaient passés nos troupeaux de vaches ? Avaient-ils donc tous déserté les pâturages de notre immense pays ?
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Je suis allée voir mon mari qui mangeait un ragoût de légumes, assis dans la cuisine, et je lui ai demandé si j’étais méchante. Il s’est étranglé et a été pris d’une quinte de toux. Patiente, j’ai attendu. Il toussait de plus belle. Ses yeux ronds étaient figés dans une expression de panique. J’attendais. Il toussait toujours. Je lui ai donné une tape dans le dos.
“Alors, ai-je repris, est-ce que je suis méchante ?” Il a piqué une aubergine du bout de sa fourchette. Avant qu’il ne se la fourre dans la bouche, je la lui ai arrachée des mains. “Est-ce que je suis méchante ?” Mon mari regardait ses pieds. Ses cils noirs et épais – ces cils que j’avais un jour tant aimés – tremblaient comme ceux d’une jeune fille. J’en ai eu chaud au cœur : je me suis rappelé les années de disette de ma jeunesse. Dommage que Sulfia n’ait pas hérité de ces cils, ai-je pensé. Par bonheur, Aminat avait les mêmes, elle. “Bon, alors, ai-je demandé, est-ce que je suis méchante ? — Mais quelle drôle d’idée, ma chérie, a balbutié mon mari. Tu es tout à fait, tout à fait formidable. Tu es la meilleure. Tu es si intelligente… et si belle… et tu sais si bien cuisiner ! — D’accord, mais ça ne dit pas si je suis méchante ou pas, me suis-je obstinée. Je peux très bien être une parfaite cuisinière et faire souffrir tout le monde autour de moi. — Mais non, mon poussin, a dit mon mari en utilisant un surnom qu’il me donnait dans les premières années de notre mariage. Tu ne fais souffrir… personne. Tu es tellement bonne pour nous tous.
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Il était chauve et il approchait de la quarantaine. C'était parfait. Il valait mieux pour Sulfia qu'elle soit avec un homme dont aucune autre femme ne voulait.
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Il n'y avait pas à tergiverser: le plus beau cadeau qu'une femme pouvait faire à sa famille était de la diriger d'une main de fer.
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Je savais évidemment faire le ménage. Mais on ne m'avait encore jamais payée pour le faire. Maintenant je comprenais que faire le ménage n'était pas donné à tout le monde, il fallait du talent. Et j'en avais, c'était certain.
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Klavdia était partagée. D'un côté, elle était d'avis que tout Juif quittant le pays était un bon Juif. De l'autre elle enrageait de voir les Juifs s'installer dans des contrées ensoleillées. Elle aurait préféré qu'ils émigrent vers les steppes de Mongolie.
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Après la crèche, je parlais avec Aminat de sa journée et j'en profitais pour corriger sa grammaire et enrichir son vocabulaire. "Electricité, ma chérie", disais-je quand elle tentait d'enfoncer une paire de ciseaux dans la prise de courant. "Communisme, ma chérie" disais-je quand j'avais réussi à me procurer pour elle des bananes [...].
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J'avais placé Sulfia dans une crèche qui proposait aussi la garde de nuit. Je la déposais donc le lundi matin et la retrouvais le vendredi soir -les bronches encombrées et le nez pris.
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