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Critique de Krout


"A la guerre comme à la guerre !" Disait mon grand-père qui en a connu, deux, mondiales ; prisonnier, déporté. En voici une autre, et pour la première fois de sa courte et belliqueuse histoire l'espèce humaine fait front contre un ennemi commun, autonome, inconnu, proliférant, agressif, sans merci ... Ce livre je le trimballe depuis le mois d'octobre, le 5 exactement, sur le théâtre de mes opérations. Depuis cette URS (urétéroscopie laser) pour réduire un calcul coralliforme au rein droit qui a eu pour effet de libérer cette bactérie multi-résistante : une Klebsiella pneumoniae, je me bats pied à pied contre des infections urinaires récidivantes. Je l'avais de nouveau avec moi en novembre à Mons au CHU Ambroise Paré au 3H pour une nouvelle intervention laser cette fois sous hypnose, et après une trêve assez longue pour un changement tactique et technologique, je l'avais encore à l'hôpital universitaire de Leuven au fin d'une intervention percutanée avec application cette fois d'ultrasons pour exploser cette pierre particulièrement dure. Trop préoccupé par cet ennemi invisible, implacable et envahissant qu'est la bactérie, je dois avouer avoir préféré me détendre avec quelques bons policiers plutôt que d'affronter cette guerre de Zombies décrite dans l'ouvrage prêté par mon gentil neveu qui m'a converti aux mangas et à qui je dois quelques excursions dans le fantastique.

Mais les zombies !?? Est-ce bien pour moi qui aime la chanson Thriller de Michael Jackson mais ai toujours considéré le clip comme une niaiserie infantile ? Enfin, je l'ai commencé il y a deux bonnes semaines dans la chambre 1207 au 2H en isolement individuel par crainte que la bactérie n'aie muté en CPE, pour le finir en chambre commune 1224 toujours en isolement à cause du stade LSBE avec une nouvelle intervention laser pour nettoyer un fragment lithiasique résiduel siège potentiel de l'infection.

Mon neveu a bon goût en matière de lecture. World war Z m'a finalement bien diverti et permis de m'évader. J'ai particulièrement apprécié la construction du roman faite de multiples interviews vers la fin du conflit. Conflit qui ne pourra se terminer, comme celui contre cette bactérie particulièrement coriace, que par une éradication complète et la destruction totale de tous les sites infectés. Par leur côté surréaliste, les zombies me paraissent bien inoffensifs, malgré tous les efforts de l'auteur et ses bonnes descriptions pour me faire paraître ces morts vivants, en regard aux sournoises bactéries qui nous entourent et s'adaptent sans cesse aux défenses que nous leur opposons.

Nonobstant, le rythme est soutenu par le changement incessant des points de vue et des expériences, les protagonistes sont disséminés à travers le monde, les situations variées à souhait. Une constante : le mensonge universel des autorités en temps de crise, relayé en boucle sans analyse par une presse complaisante ou complice (je me souviens encore du nuage de Tchernobyl s'arrêtant pile à nos frontières pour miraculeusement éviter notre petit pays), et la mise en place de politiques particulièrement cyniques visant essentiellement à la protection et la sauvegarde du cercle des proches du pouvoir. A priori réticent, j'ai donc pris plaisir à cette lecture et l'auteur aura su maintenir mon attention jusqu'au bout, ce n'est pas peu dire.

Cependant je regrette une certaine frilosité dans l'exploitation du thème, j'aurais aimé vivre de l'intérieur la lente transformation en zombie d'une malheureuse victime depuis sa contamination et suivre au fur et à mesure la dégradation de son état de conscience; à défaut l'interview d'une mère s'étant trouvée dans l'obligation d'abattre d'une balle dans la tête ses enfants contaminés par son chéri voire de leur faire sauter à coups de batte de base-ball, voilà qui aurait pu valoir un témoignage lourd de culpabilité particulièrement éprouvant. J'avais vécu le même sentiment d'occasion galvaudée, alors que le thème s'y prête merveilleusement, dans Edge of Tomorrow d'Hiroshi Sakurazaka ou dans le dernier loup-garou de Glen Ducan. Mon imagination serait-elle à ce point débridée et mes attentes trop élevées ?

Quoiqu'il en soit, j'ai aimé, les amateurs du genre je n'en doute pas se régaleront et les autres pourquoi ne pas essayer, une fois ? Donc Sandrine toi qui étais curieuse de voir mon avis, n'hésite pas ;-)
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