Nina, je t’aime encore

Nils attend dans le jardin d'un hôtel de l'aéroport. Il ignore qui lui a envoyé ce billet d'avion pour la Norvège et pourquoi ? Autour d'un verre il raconte à une inconnue son incroyable histoire d'amour.

Élevé par sa grand-mère, loin de ses parents, Nils a eu une enfance sans amour,
« J'ai toujours été un écorché vif. Dans mon enfance j'étais déjà au large dans mes pensées et à l'étroit dans mon corps en devenir. »

Nils est jardinier et poète, il pose des mots sur ses émotions, un jardipoète donc, il tue l'ennui dans un salon littéraire où il est venu présenter son recueil de poèmes. Un petit brin de femme gracieuse se dirige vers lui comme si elle le connaissait depuis toujours. Ils devaient se rencontrer, c'était écrit quelque part. Ainsi commence une passion dévorante pour Nina. Il occupe ses journées à rêver d'elle, elle a envahi sa vie et ses nuits.

Mais ce bonheur est bientôt entaché par des lettres anonymes et des appels téléphoniques, des avertissements, des menaces.

Vincent Brouallier nous raconte un amour d'un autre temps, un badinage amoureux rempli de mots tendres, de doux baisers et de quelques timides caresses. Quand il est question de graine du bonheur et du béatitudinénomètre, un baromètre pour mesurer le moral, le récit s'approche de l'univers de Mathias Malzieu et de son imaginaire féerique.

« La rivière bavarde se tait. Se fait discrète. Se retient peut-être de couler pour ne pas les déranger. En tout cas pour eux, elle n'existe plus vraiment. Ils n'entendent plus ses gémissements. »

L'auteur joue subtilement avec son lecteur en alternant cette passion naissante qui emporte tout et une angoisse qui remonte du passé trouble de Nils avec la peur viscérale de découvrir la vérité. Cette vérité que Vincent Brouallier distille peu à peu comme un goutte-à-goutte toxique qui empoisonne lentement cet embrasement amoureux.

Une écriture poétique, l'auteur parsème son récit de quelques extraits de poèmes et au détour des pages le lecteur croise des oiseaux que Vincent aime tant observer. Avec sa plume toute légère pour un roman qui se veut noir, Vincent Brouallier a peut-être écrit le premier thriller bio.