En voici un superbe album. Auteure et illustratrice depuis les années 90,
Anne Brouillard a reçu de nombreux prix. Cette année, elle a été lauréate du Grand prix triennal de la Littérature jeunesse de la fédération Wallonie-Bruxelles.
Du côté du dessin, son travail s'apparente à celui des Impressionnistes. Il suffit de jeter un oeil sur cette couverture pour découvrir avec quel talent elle joue avec les couleurs, les lumières et l'atmosphère qu'elles dégagent. Elle s'en explique ainsi :
"Mes livres ne sont pas construits à partir d'idées abstraites, mais d'impressions visuelles. Les histoires partent d'une image, d'une succession d'images, parfois d'émotions ou de sensations, que j'essaie de concrétiser dans l'espace de l'album."
Avec
Les aventuriers du soir, elle nous offre le spectacle merveilleux du crépuscule qui s'installe dans le creux d'un jardin : les dernières lueurs du jour qui jouent avec le feuillage des arbres et illuminent la maison familiale. Une fois le soir tombé, d'autres lueurs rassurantes prennent le relais, celles d'un foyer chaleureux et aimant. Et puis, tel le cycle de la vie, après la nuit le jour, c'est au tour de l'aube de ramener sa lumière fraîche et joyeuse.
Pour l'histoire, c'est celle de Gaspard, un jeune garçon qui grâce à Lapinus, son lapin en peluche, et Mimi, son chat, explore le monde et apprivoise la nuit. Pour lui, son monde s'arrête aux frontières du jardin familial. Alors que la lumière décroît, les autres sens s'éveillent :
"Les plantes et la terre sentent fort. (...) On entend le murmure du monde qui bascule dans la nuit ; le bruit lointain d'une route, la musique d'un marchand de glaces, des voix feutrées qui s'interpellent..."
En grimpant au sommet de l'arbre, il observe son univers. A la fois étrange et un peu effrayant avec cette ombre qui envahit tout. A la fois familier et rassurant avec la présence de ses parents et des lumières qui naissent peu à peu à l'intérieur de la maison.
Bref, un superbe album qui rappelle combien l'imaginaire de l'enfant est fondateur. En jouant à se faire peur, l'enfant repousse peu à peu les limites de ses craintes et grandit. Il rappelle aussi combien l'amour est important dans ce processus. C'est parce qu'il se sent aimé et protégé que l'enfant part en exploration et élargit peu à peu les limites de son univers. Il sait qu'il pourra toujours trouver réconfort et encouragements auprès des siens.
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