Les abus sexuels consistaient dans la participation d’un mineur à des actes sexuels qu’il ne peut comprendre, qui ne sont pas de son âge et auxquels il est contraint par la violence ou par la séduction.
Bien des femmes croient être abandonnées au profit d’une autre ; elles ont tort. Certains hommes fuient le domicile conjugal pour retrouver leur indépendance. Quand ils reviennent, ils racontent qu’ils devaient faire le point sur leur relation. Ils reconnaissent qu’ils ont peur de s’engager, même s’ils désirent vivre une grande histoire d’amour. Ils
disent qu’ils étouffent.
- Il était trop collé sur toi. On voit rien quand c'est trop proche.
Les chats ne peuvent pas tolérer les portes fermées.
Ce n’est pas écrit sur le visage qu’on est pédophile. Ou violent. Les gens cachent si bien leur jeu.
Une famille qui s’effriterait dans la moitié des cas, trop de souffrance conduisant aux reproches, puis à l’incompréhension, à l’indifférence et à la solitude. Chacun se sentait responsable du sort de la victime. « Si j’avais acheté le ballon qu’il voulait, il aurait joué plutôt que lire ces maudits livres », penserait le père. « Il serait encore là si je l’avais reconduit à la bibliothèque », songerait la mère. « J’aurais dû accepter de l’emmener avec moi à la piscine », se dirait la grande sœur. S’ils le taisaient, ce sentiment de culpabilité les rongerait aussi sûrement qu’un cancer.
Graham savait qu’il était inutile de dire aux parents d’un défunt qu’on le comprend si on n’a pas vécu cette douleur. Il est impossible d’imaginer le deuil tant qu’on ne l’a pas ressenti personnellement. (p. 120)
Quand on demande aux gens de faire du bénévolat, on ne leur demande pas s’ils ont un casier judiciaire.
La rue use presque aussi rapidement les habits que les enfants. On se chamaille, on se bat, on tire sur une manche, on piétine un blouson, on déchire un pantalon sur le banc d’un parc, on brûle un chandail avec des cigarettes, on roule un tee-shirt en boule pour s’en faire un oreiller.
Il connaissait au moins deux policiers qui avaient changé de métier pour cette seule raison : ne plus jamais avoir à affronter le regard d’un père, les cris d’une mère. Ne plus répondre à leurs questions en sachant qu’il était inutile de mentir pour atténuer l’horreur, car des journalistes l’étaleraient au grand jour le lendemain matin. Ne plus promettre de découvrir un coupable sans savoir si on tiendrait parole. Ne plus refermer la porte sur les plaies béantes d’une famille. Une famille qui s’effriterait dans la moitié des cas, trop de souffrances conduisant aux reproches, puis à l’incompréhension, à l’indifférence et à la solitude. Chacun se sentait responsable du sort de la victime. « Si j’avais acheté le ballon qu’il voulait, il aurait joué plutôt que lire ces maudits livres », penserait le père. « Il serait encore là si je l’avais conduit à la bibliothèque », songerait la mère. « J’aurais dû accepter de l’amener avec moi à la piscine », se dirait la grande sœur. S’ils le taisaient, ce sentiment de culpabilité les rongerait aussi sûrement qu’un cancer. (p. 32)