Le poison dans l'eau

J'avais déjà aimé trois Maude Graham. J'avais donc décidé de lire les autres dans l'ordre de parution. Il est toujours plus intéressant de voir deux personnes tomber en amour avant de les voir divorcer.

J'ai failli ne pas terminer ce roman. En apprenant qu'Emma et Mathieu s'accusaient respectivement d'être coupable de la mort de Julie Anne, j'ai voulu fermer le livre. C'était supposément un polar sans recherche de criminel. J'avais tort.

Dans la première moitié du roman, on nous raconte tout ce qui s'est passé avant la noyade de Julie Anne. Plus on avançait dans le récit, plus il y avait des personnes qui en détestaient d'autres. On avait de plus en plus affaire à un noeud de vipères. Cela vaut la peine de lire ce roman, uniquement comment il est possible de vivre ensemble tout en se détestant cordialement.

Je m'attendais à ce que l'auteur nous présente les différents personnages des romans à venir. Il n'en fut rien. Même Maud Graham n'a eu droit qu'à quelques détails de sa personnalité. On aurait dit un C.V. Maud n'a pas encore atteint la complexité des romans suivants et il n'y a qu'un personnage de la série qui nous est présenté : Rouaix et la présentation est squelettique. On nous apprend aussi qu'Yves l'a quittée.

Tout tourne autour de l'intrigue et de l'enquête mais c'est suffisant pour en faire un bon roman. On en apprend progressivement plus et, à la fin, on n'est pas trop surpris d'apprendre ce qui s'est réellement passé.

Enfin !!!! J'ai mis du temps à trouver cette première enquête de Graham et comme j'avais hâte de la lire. J'ai trouvé appréciée cette policière et comme j'ai un p'tit TOC de vouloir à tout prix vouloir tout lire dans l'ordre, j'avais comme un p'tit pincement au coeur de ne pas trouver les deux premières enquêtes !! Vive les technologies numériques !
Le livre s'ouvre sur deux lettres où les deux auteurs confessent leur crime. Plutôt rarissime d'avoir un meurtre et deux personnes qui en sollicitent la signature. Et je me suis dit : mince, pas d'énigme à déchiffrer pour le lecteur. Heureusement que je connais un peu Brouillet qui ne donne habituellement pas tout cru dans la bouche de son lecteur. Et bien... voici encore une fois la preuve qu'elle aime le mystère... Plus le bouquin avance et plus de suspects à la liste s'ajoutent, sans pour autant nous faire mettre de côté la possibilité que ce soit bien l'un des deux auteurs des lettres qui aient fait le coup. Bref, un roman addictif, qui se lit rapidement, sans phrases inutiles, et qui nous amène dans plein de directions possibles. C'est bourré de personnages qui s'entre-déchirent, de secrets de famille, de poison, et au milieu de tout ça, Maud Graham, avec une soif de vérité, qui cherche et qui fini toujours par trouver.
Un bon bouquin !

C'est pour moi une lecture significative que ce premier roman de Chrystine Brouillette. Un avant-goût de l'écrivaine de polar, une mise en bouche de sa célèbre Maud Graham, un retour dans les années 80.

Ce polar psychologique, limite huit-clos, présente une famille dysfonctionnelle qui s'accuse mutuellement d'un meurtre alors que le dossier a été classé comme une noyade. Julie-Anne Beaumont, épouse de Mathieu Lambert coule dans les eaux du St-Laurent alors qu'elle fait la baignade avec la demie soeur de son mari, Emma. Emma et Mathieu s'aime d'amour et chacun a un intérêt à ce que Julie-Anne disparaisse de leur vie.
La soeur aînée de Julie-Anne, jalouse et également amoureuse de Mathieu trouve des lettres incriminantes et les apportent à l'inspectrice Graham. Serait-il possible qu'elle aussi soit impliquée? Et les parents de Mathieu et Emma, qui ne s'aiment pas beaucoup, auraient-ils un lien avec cette affaire? Ils étaient présents le jour de la noyade.
L'intrigue est beaucoup plus complexe que cela. Je la résume un peu bêtement. J'ai lu rapidement ce petit polar précurseur de nombreux autres sans jamais m'ennuyer. On dénote un talent certain et un lien culturel fort avec le Québec. Il y a des références de ces années 80 qui tiennent moins la route maintenant. Ça fume beaucoup, les cigarettes sont omniprésentes et l'inspectrice qui accepte un verre de scotch pendant un interrogatoire me semble un peu tiré par les cheveux. Mais je sentais le gros bon sens dans l'écriture et l'immense potentiel en devenir.
Je poursuivrai ma découverte de cette sympathique auteure québécoise avec bonheur et plaisir.

« Cesse de me donner en mensonge des armes contre des crimes que je trouve, moi, raisonnable. Assassinat, pourquoi pas? Seul mon amour pour toi est un crime. Je te hais, parce que je t'aime. »

Julie-Anne de Beaumont a trouvé la mort alors qu'elle se baignait avec Emma, sa belle-soeur, la demi-soeur de son mari Mathieu. Chacun des deux se dit coupable dans des lettres qu'ils s'échangent et que découvre Flore, la soeur de la défunte; mais qui dit vrai ? C'est une jeune Maud Graham qui se voit chargée de faire la lumière sur cette mort suspecte, dans ce premier roman d'une série qui en compte aujourd'hui une vingtaine, et qui m'a un peu fait penser, dans les enjeux familiaux tordus qu'il présente, bien qu'en moins sombre et tragique, à La Belle bête de Marie-Claire Blais. Publié en 1987, il a un petit côté désuet qui n'est pas sans charme, et on y sent déjà toute l'empathie qu'a Chrystine Brouillet pour ses personnages et pour le sort des femmes. Une série, dont j'avais lu certains tomes par le passé, que je compte reprendre et poursuivre.

Comme dans «Soins intensifs», Chrystine Brouillet ne tente pas d'abuser son lecteur en remplissant des pages pour ne rien dire. le livre est court, mais dense.
Le lecteur découvre d'abord cette étrange correspondance, et petit à petit, il entre dans cette famille saugrenue. À l'instar de Maud Graham, je me suis plongée dans l'univers malsain et sordide de chacun. L'auteur passe sans cesse d'un point de vue à l'autre, jouant avec son lecteur une partie d'échecs où elle a toujours un coup d'avance. le temps que je comprenne une chose, Chrystine Brouillet faisait d'autres révélations, montrant certains personnages sous un autre jour.
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