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Bertrand Abraham (Traducteur)
EAN : 978B085QPFYBK
Gallimard (01/10/2020)
3.76/5   36 notes
Résumé :
Parution 01/10/2020

Dans un pensionnat franciscain aux Pays-Bas, au début des années cinquante, le frère Bonaventura est témoin des mauvais traitements imposés aux élèves par Mansuetus, le directeur.
Un matin, il découvre qu’un des garçons manque à l’appel. Redoutant le pire, le jeune moine mène son enquête pour progressivement dévoiler tout un système reposant sur la violence et le sadisme.
Roman sur la cruauté humaine et la possibilité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Années 50, Pays-Bas. Un pensionnat dirigé par des moines franciscains est le théâtre de mauvais traitements et d'abus sexuels sur les jeunes garçons hébergés. Aucun échappatoire possible pour ces derniers soumis au traitement du bois (et pas que) par le directeur sous l'oeil complaisant des frères.
Seule une légère lueur d'espoir survient avec les velléités d'indépendance de Frère Bonaventura...
Voilà un texte dur, dérangeant où il faut avoir le coeur bien accroché...
Malgré le sujet, j'ai été totalement happée par ce roman éprouvant, parfaitement mené, qui dénonce les abus des religieux de manière explicite, montre le pouvoir de l'Eglise catholique et relate un vrai endoctrinement. Un récit difficile mais terriblement efficace. À découvrir.
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Quel homme étrange cet Eldert qui prend la plume pour nous raconter sa vie au sein d'un pensionnat de garçons tenu par des moines franciscains.
Entré comme professeur laïc pour y enseigner l'allemand, le voilà en deux temps trois mouvements devenu frère Bonaventura vêtu d'une robe de bure "couleur de merde". Il n'avait pas la vocation mais les manoeuvres sournoises des frères ont peu à peu attiré cette proie facile dans une véritable toile d'araignée qui le retient prisonnier. Privé de ses biens matériels, de sa liberté, de son identité et de toute volonté, il subit la vie monastique sous la férule d'un tyran cruel et répugnant. Cet homme à fort accent germanique, surnommé "le sanglier" en raison de sa ressemblance physique avec l'animal, est venu d'un monastère allemand pour rétablir l'ordre et la discipline en faisant régner la peur.
Le "bois" fait référence non seulement au bois de la croix mais aussi à celui de l'archer utilisé pour administrer les corrections. Bonaventura observe les humiliations, les terribles châtiments corporels et les abus sexuels infligés aux pensionnaires par les "bons frères". Il en fait des commentaires critiques mais reste passif, soumis au système fasciste imposé par le "sanglier" sans jamais oser s'opposer directement à ces méthodes dignes d'un camp de prisonniers car se taire est la règle pour survivre.
Mais frère Bonaventura a un secret salvateur…
Situé peu de temps après la fin de le seconde guerre mondiale, le roman dénonce de façon abrupte les dérives de l'Eglise, son hypocrisie, sa complaisance coupable à l'égard du régime nazi et de ses anciens criminels parfois recyclés dans les ordres mais aussi, et surtout, envers l'immonde pédophilie qui la gangrène. L'atmosphère y est extrêmement particulière, nauséabonde et violente mais parfois rendue amusante par le ton sarcastique des réflexions que se fait Bonaventura en son for intérieur.
Une lecture intense et captivante même si elle ne sent pas toujours bien bon. Un bémol quand même pour les longueurs à propos de certaines subtilités linguistiques, chères à l'auteur néerlandais mais sans aucun intérêt pour le lecteur francophone. Et pour finir, l'épilogue parait un peu trop théâtral mais s'intègre quand même bien, émotionnellement et symboliquement, à l'ensemble du récit.
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Quel est le point commun entre les nazis et les moines franciscains d'un pensionnat aux Pays-Bas ?
C'est à partir de cette comparaison déclinée tout au long ce beau roman, que l'auteur dénonce le régime de dictature et de cruauté barbare qui sévit dans ces institutions catholiques. Les enfants y sont maltraités, violés, affamés par des moines, qui, sous l'emprise d'un directeur machiavélique, se livrent en toute impunité à des actes pédophiles d'une grande sauvagerie.
Un jeune moine, enrôlé par faiblesse, va peu à peu ouvrir les yeux sur un système de corruption et de sadisme. Mais que faire lorsque l'on a peur, lorsque l'on n'ose pas, lorsque l'on est seul contre une communauté bien rigide. Il va falloir la rencontre d'une jeune femme et la découverte du désir amoureux pour qu'il puisse cheminer dans sa foi et dans la révélation du bien et du mal.
Ce roman est d'une rare densité sans jamais être pesant ou racoleur. La résistance du moine, émaillée d'hésitations, est parfaitement traduite dans la langue par ces phrases qui s'arrêtent brutalement, ces mots qui se bousculent au fur et à mesure que la pensée bascule.
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L'histoire se déroule probablement en 1953 puisqu'on y fait mention de la Watersnoodramp, dans un pensionnat pour garçons tenus par des Frères franciscains.

L'ambiance de l'après-guerre dans ce Limbourg, à quelques kilomètres à peine de la frontière allemande est très bien rendue. le fantasmagorique soupçon d'un passé nazi de certains plane sur certains passages.

Je ne reviendrai pas sur l'histoire (très mince d'ailleurs) d'un jeune homme sans famille - j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait de Fritz von Egters de de Avonden de Gerard Kornelis van het Reve (d'ailleurs, les dates concordent) qui aurait continué sa vie de roman dans ce pensionnat limbourgeois.

En effet, on retrouve la même indécision, la même manière de se laisser porter par le flot de la vie : aucun des deux ne choisit rien, ni ne prend aucune décision.

C'est la raison pour laquelle on ne peut pas dire que le héros du livre s'insurge ou se dresse contre les abus commis par les moines : ils viennent à sa connaissance mais lui ne fait rien, ni pour les dénoncer, ni pour protéger les garçons, ni pour s'y opposer.

En revanche, l'auteur s'en donne à coeur joie en dénonçant les crimes de l'Eglise, et en ratissant large, mettant tout le monde dans le même bateau : les moines, les moniales dont il parle aussi, le curé de la paroisse et les fidèles !

Son langage est vraiment sale et blasphématoire et bien que la lecture de "Rouge décanté" m'ai un peu préparée, j'ai été choquée.

Le personnage de Patricia Delahaye dont on parle peu - toutes les critiques ne parlent que des abus sexuels (même fixation que celle du Sanglier) - est équivoque : tentatrice, elle séduit ce malheureux moine malgré lui et c'est entre ses griffes de luxure qu'il ressent finalement (enfin, il ressent quelque chose !) un sentiment de peur devant le Mal qu'elle incarne à ses yeux.

Quant à la fin, elle m'a déçue. Je ne trouve pas du tout plausible que cette chiffe molle ait agit ainsi. Et la mise en scène de la sortie et de l'égaiement n'est pas du tout croyable.
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J'avais entendu parler de « Rouge décanté » (1ere publication en 1981 et Prix fémina étranger 1995) qui était une sorte de longue évocation des années passées par Jeroen Brouwers dans un camp de l'Indonésie néerlandaise pendant l'occupation japonaise. Dans « le bois », on suit de près le quotidien du frère Bonaventura dans un pensionnat franciscain aux Pays-Bas, au début des années 50. le directeur et nombre de ses « disciples » infligent régulièrement d'ignobles traitements aux jeunes garçons. Perversité et sadisme sont présents à tous moments et chez presque tous. Bonaventura, empreint de respect des règles et sous l'emprise du système, cherche autant à dénoncer les exactions commises qu'à « défroquer » afin, notamment, de retrouver une femme rencontrée à plusieurs reprises à l'extérieur des murs. Au-delà de la dureté des propos sur l'Eglise et la quasi-totalité de ses représentants, c'est ici le phénomène de la culpabilité qui est brillamment mis en exergue. Loi du silence, après-guerre non idyllique, le protagoniste ne sait comment se dépêtrer de la situation qui, telle une glu malfaisante, lui colle à la peau. Il lui faudra un certain temps, le courage de prendre la parole et, par-dessus tout, la certitude de la possibilité d'un amour partagé au-dehors. À ne pas mettre sous tous les yeux.
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critiques presse (1)
LeFigaro
20 octobre 2020
L'histoire d'un moine témoin des mauvais traitements infligés aux élèves d'un pensionnat catholique dans la Hollande de 1950. Dérangeant et décapant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
page 70

La bure irrite ma peau.
Les moines qui sont dans cet ordre portent le même habit. Muni d'un capuchon ça pèse sur les épaules et arrive jusqu'aux pieds , entoure le corps entier d'un brun fécal, l'étoffe est grossière et rèche. Il faut porter un vêtement en dessous pour ne pas être pris de chatouillements, qui démangent la peau nue comme les termites.
Je m'assied sur mon lit, le matelas de paille craque sous mon derrière et je regarde les murs. Quatre murs blancs. Mes coudes à mes genoux je contemple mes orteils nus comme des objets posés sur le carrelage.
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Les comics sont donc complètement tabous dans notre institution. Même l’innocent hebdomadaire pour enfants, paraissant depuis peu, dans lequel un canard en maillot de marin, mais dont tout le bas du corps est dévêtu, vit des aventures en compagnie de trois de ses neveux représentés de façon identique. Je me souviens des histoires illustrées plus ancienne d’un ours en veston à carreaux qui laisse la nudité du reste de sa personne apparaître. Il a pour ami un chat qui vit sa vie totalement dévêtu. Tarzan, l’homme-singe issu d’un autre comic, vagabonde presque nu à travers la forêt vierge, le bas-ventre couvert d’un simple lambeau de peau de léopard. Il est capable de pousser un cri jusqu’au tréfonds de la jungle dont les vibrations envahissent dix images consécutives. Ce qui ne peut inspirer que des pensées néfastes à la jeunesse.
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Il y a des siècles que le clergé abuse des enfants et des jeunes, et ces pratiques se perpétueront . Tout le monde sait, et tout le monde se tait par crainte du pouvoir de cette Gestapo qu'est l'Eglise. Depuis le pape des dogmes, infaillible et impie, qui, coiffé de sa couronne à trois étages, exerce du haut de sa "sedia gestatoria" sa domination sur le peuple peureux, jusqu'aux obscurs frères et sœurs préposés à la surveillance dans les internats religieux.
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page 181

La fille a côté de moi me fit cette remarque. Cela doit être bigrement froid pour tes pieds nus.
Je me mis à la regarder aussi. Elle portait des vêtements au dessus de ses chevilles, ses jambes bien couvertes de chaussettes de laine épaisse.
N'ont-ils pas de chaussettes pareilles pour toi demanda t'elle. Tu vas attrapper quelque chose de courir ainsi sur le sol gelé.
Met tes orteils en dessous du poële à charbon, ils sont bleus de froid.
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Et dans ce chenre, le reste est encore bien pire! Des bandes dessinées! Pour ceux qui sont trop flemmards pour lire fraiment. Fatras d'enfantillaches qui ramolissent le cerfeau. Et ça encore, autre exemple d'abomination: un album de Tintin, le Temple du Soleil, qui, froissé comme il l'est, a circulé de mains en mains! Inepties! Coup sur le pupitre. Blasphémie! Re-coup sur le pupitre. C'est faire outrache à Dieu! Lire pareil chose est un péché! Autre coup sur le pupitre. Il faut punir! Et nouveau coup sur le pupitre!
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Videos de Jeroen Brouwers (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jeroen Brouwers
7 février 2010 :
Mot de l'éditeur : L'Eden Engloutie : Dans L'Éden englouti, prélude à Rouge décanté, Brouwers se souvient de tempo dahulu, le paradis perdu des Indes néerlandaises qui dans son souvenir sont devenues « le pays des rêves ». Il y évoque son enfance merveilleuse, marquée par la présence de sa mère souveraine et celle de son formidable grand-père musicien, avant l'invasion japonaise des îles de la Sonde. Ce « temps de sa somnolence », où il était encore en bas âge, fut partagé entre l'épanouissement de ses sens devant le spectacle fascinant de la nature indonésienne et l'apprentissage du langage, crucial pour cet écrivain-né. Il prit fin brutalement lorsque Jeroen fut incarcéré au camp de Tjideng avec sa mère, sa grand-mère et ses soeurs.
Rouge décanté : Rouge décanté est une évocation incantatoire des deux années de la Seconde Guerre mondiale que Brouwers a passées au camp de Tjideng, à Batavia, durant l'occupation japonaise de l'Indonésie néerlandaise, avec sa mère, sa grand-mère et sa petite soeur. Témoin de scènes effroyables, Jeroen Brouwers, qui y resta de quatre à six ans, ne faisait pas alors la part du bien et du mal. Ni le rire ni la fascination pour les Japonais ne sont absents de ces visions d'enfant. le portrait de sa mère est celui d'une femme admirable, quoique jamais héroïque. Tout le texte est, non seulement un éloge à son courage, à sa beauté, au sourire dont elle ne se défait jamais, mais aussi, sous couvert d'impassibilité, un magnifique et douloureux témoignage d'amour.
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