L'histoire se déroule probablement en 1953 puisqu'on y fait mention de la Watersnoodramp, dans un pensionnat pour garçons tenus par des Frères franciscains.
L'ambiance de l'après-guerre dans ce Limbourg, à quelques kilomètres à peine de la frontière allemande est très bien rendue. le fantasmagorique soupçon d'un passé nazi de certains plane sur certains passages.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire (très mince d'ailleurs) d'un jeune homme sans famille - j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait de Fritz von Egters de de Avonden de Gerard Kornelis van het Reve (d'ailleurs, les dates concordent) qui aurait continué sa vie de roman dans ce pensionnat limbourgeois.
En effet, on retrouve la même indécision, la même manière de se laisser porter par le flot de la vie : aucun des deux ne choisit rien, ni ne prend aucune décision.
C'est la raison pour laquelle on ne peut pas dire que le héros du livre s'insurge ou se dresse contre les abus commis par les moines : ils viennent à sa connaissance mais lui ne fait rien, ni pour les dénoncer, ni pour protéger les garçons, ni pour s'y opposer.
En revanche, l'auteur s'en donne à coeur joie en dénonçant les crimes de l'Eglise, et en ratissant large, mettant tout le monde dans le même bateau : les moines, les moniales dont il parle aussi, le curé de la paroisse et les fidèles !
Son langage est vraiment sale et blasphématoire et bien que la lecture de "
Rouge décanté" m'ai un peu préparée, j'ai été choquée.
Le personnage de Patricia Delahaye dont on parle peu - toutes les critiques ne parlent que des abus sexuels (même fixation que celle du Sanglier) - est équivoque : tentatrice, elle séduit ce malheureux moine malgré lui et c'est entre ses griffes de luxure qu'il ressent finalement (enfin, il ressent quelque chose !) un sentiment de peur devant le Mal qu'elle incarne à ses yeux.
Quant à la fin, elle m'a déçue. Je ne trouve pas du tout plausible que cette chiffe molle ait agit ainsi. Et la mise en scène de la sortie et de l'égaiement n'est pas du tout croyable.