Le strip-tease ordinaire est destiné aux maniaques et aux refoulés. C’est une succession de déhanchements érotiques et des coups de reins lascifs qui oscille entre l’indécent et l’obscène et qui finit par devenir franchement monotone. Tandis que ça, c’est quelque chose que je n’ai encore jamais vu, une sorte de danse sans les gestes de la danse, un hymne triomphal à sa sensualité, l’orgueilleuse exhibition d’un buste parfait contrôlé par une discipline de fer. C’était peut-être comme ça qu’on dansait dans les temples païens, sous le regard implacable des cruelles idoles de pierre, du temps où le monde était jeune.
C’est un temps à lézarder sur la plage en compagnie d’une blonde vêtue ou dévêtue, si vous préférez, d’un bikini, ou à se réfugier dans l’accueillante pénombre d’un bar pour écouter les glaçons tinter doucement dans un grand verre. Un temps à rêvasser, un temps où tout le monde se sent heureux et content de vivre… à une exception près, la seule, probablement, de tout Pine City.
Je me rends tout de suite compte qu’il va falloir que j’aille examiner ça de plus près, car, même à la distance où je me trouve, on voit bien que les personnes en question appartiennent au sexe féminin. Je me dirige donc allègrement vers elles, car c’est toujours de cette façon-là que je réagis à une présence féminine : allègrement.
Je vous ai dit que vous étiez troublante, fascinante, ravissante, que vos longues jambes fuselées étaient une ode à la beauté qui n’avait d’égale que la perfection géométrique du restant de votre éblouissante anatomie… ce qui vous conférait, au total, un quotient de séduction de cent pour cent, si ce n’est plus…
Elle est peut-être aussi mal fagotée moralement que physiquement, aussi mal adaptée à la vie qu’à ses vêtements et c’est là son grand problème, celui auquel le pas en avant qu’elle médite apportera peut-être une solution définitive.