La star d'outre-monde

lle avait des yeux sombres, au regard un peu lointain, je dirais même pensif ; mais sa bouche aux lèvres généreuses arborait un sourire légèrement méprisant qui, en soi, était un vrai défi. « Ainsi, vous prétendez être un homme ? disait ce sourire. Eh bien, prouvez-le ! » Son châssis à lui seul justifiait son surnom de Fille de l’Espace : des petites aussi bien balancées, on n’en avait encore jamais vu à la surface de notre planète. Des seins hauts et ronds, une taille fine au-dessous de laquelle s’épanouissait la courbe vigoureuse des hanches, des jambes comme n’importe quelle Miss Monde souhaiterait en vain en avoir : bref, Monika Beyer était belle, désirable, succulente, excitante, et j’avais hâte de la retrouver, de préférence seule sur une île déserte où je n’aurais d’autre concurrence que celle des vents alizés.

Le corps humain est une chose impitoyablement fragile, et une jambe d’homme peut être si bien mutilée que nul ne saurait préciser si elle a reçu une balle de revolver avant l’accident ; à condition qu’on ait procédé à l’extraction de la balle avant la découverte du corps, ça va de soi !

L’ennui, comme je devais m’en apercevoir une heure plus tard, c’est que le fond d’un ravin, ça comporte des obstacles solides qui empêchent le promeneur de se déplacer en ligne droite. Des arbres, des rochers, des ruisseaux, des buissons, tout ce que vous voudrez et le reste.

Le public se compose essentiellement d’adolescents ; ils adorent ça, ces gosses, sans doute parce que les filles, sous l’effet de la frousse réelle ou jouée que leur inspire le spectacle, ont un prétexte tout trouvé pour se précipiter dans les bras de leurs petits copains.

Faire l’amour avec Angela, c’est un peu comme de vouloir se fabriquer un petit tabouret de cuisine en compagnie d’un maître ébéniste qui viendrait vous dire toutes les cinq secondes comment vous devez vous y prendre.