Bon. Une supposition. Vous êtes chez vous, là, en train de vous laver les dents, ou les pieds, ou autre chose, (votre vie privée ne me regarde pas) ou alors vous ne vous lavez pas et vous faites n'importe quoi d'autre, de préférence le n'importe quoi que vous faites dans ce cas précis, voilà qu'on sonne à la porte : c'est un petit bonhomme vert qui vous apostrophe en ces termes avec une politesse, disons, euh, familière :
« Salut, Toto, c'est bien la Terre ici ?
Avouez que ça surprend. D'abord vous essayez de raisonner : « ça ne peut pas être à cause des quatre whiskies que je viens de boire, d'habitude le clignotant ne s'allume qu'au septième. le rail de coke, peut-être ? Non le vendeur m'a certifié que c'était de la bonne, brevetée SGDG. Bon ça doit être une hallucination. Je vais peut-être m'étendre un peu ». Mais même étendu, l'apparition est là, et elle y reste. Comme on n'est pas à Lourdes et que la « chose » ne ressemble aucunement (même de loin) à la Vierge Marie, il faut bien se rendre à l'évidence : Les Martiens ont débarqué !
Eh bien, c'est exactement ce qui est arrivé à Luke Devereaux. C'est un auteur de science-fiction (comme l'auteur de ce bouquin, le hasard fait bien les choses) à qui cette aventure arrive dans les termes-mêmes où je les ai énoncés.
Autant vous dire que c'est le début de la grande aventure ! Une aventure dont vous préfèreriez ne pas être le héros (ou l'héroïne, si vous êtes une dame ou une jeune fille). Parce que les Martiens dont il est question, c'est pas E.T., c'est pas non plus les extraterrestres de « Rencontres du troisième type ». Pensez, ç'aurait été le paradis ! Ceux-là, outre le fait qu'ils sont un milliard (anecdotique, mais quand même !), ils sont grandes gueules comme c'est pas possible, braillards, mal embouchés, aussi doués pour vous casser ces petites choses qu'on appelle des pieds que pour claironner à la Terre entière vos secrets les plus intimes, à croire que chez eux, la discrétion, le respect, la pudeur sont des défauts, peut-être même des gros mots !
La question, dont le caractère urgent et comminatoire n'échappe à personne, est :
« Bon sang de *** (***représentant tous les jurons possibles et imaginables que vous pourrez caser dans cet espace). COMMENT FAIT-ON POUR S'EN DEBARRASSER ? »
Pour le savoir, il faut lire ce livre complètement loufdingue.
Fredric Brown est (avec
Robert Sheckley) la caution la plus éminente pour la science-fiction humoristique. Sa spécialité, c'est plutôt les histoires courte, parfois très courtes, avec une chute aussi irrésistible qu'inattendue. Mais parfois il écrit des romans, alors là, je vous dis pas, (je parle comme mes garçons) que du bonheur : entre autres deux chefs-d'oeuvre : «
L'Univers en folie » (1949) et ce roman-ci «
Martiens, go home » (1955).
Pour ne pas mourir idiot, je vous dirais bien, lisez Camus ou
Saint-Exupéry
Mais pour ne pas mourir triste, je vous dis sans hésitation lisez
Fredric Brown (dans la famille Brown, il est bien plus drôle que son homonyme Dan !)