AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351785775
208 pages
Gallmeister (01/02/2018)
3.81/5   121 notes
Résumé :
Braiden Chaney n’a plus ni jambes ni bras. Walter James, lui, n’a plus de visage. Ils les ont tous deux perdus au Vietnam. L’un est noir, l’autre est blanc. Vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvent dans la même chambre d’un hôpital pour vétérans du Mississippi. Au fil d’une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus, ce qu'ils pourraient devenir et, surtout, ce qu'ils attendent l’un de l’autre. En une nuit, tout est dit sur la gu... >Voir plus
Que lire après Sale boulotVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 121 notes
5
14 avis
4
14 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
1 avis
J'aime les romans qui ne vont pas là où on les attend.

Lorsqu'on découvre le point de départ, deux vétérans de la guerre du Vietnam dans une chambre d'hôpital, on se dit qu'on va entendre les Walkiries chevaucher dans le fracas des pales d'hélicos, que ça va napalmer à tout va avec des Yes Sir dans les casernes. Sauf que là, nous sommes 22 ans après, 22 ans que Braiden a perdu ses quatre membres et vit dans ce lit sans autre espoir d'en sortir, 22 ans que Walter est une gueule cassée au visage entièrement lacéré. La glacière à Budweiser libère la parole entre eux, mais pas sûr qu'ils s'écoutent vraiment, chacun part dans une vague de paroles logorrhéique pour se raconter, son enfance, son passé, sa famille, son présent, chacun à sa façon. le récit de Braiden est porté par un souffle quasi lyrique lorsqu'il rêve d'Afrique ou dialogue avec Jésus ; celui de Walter est plus ancré dans la société, ultra réaliste dans ses descriptions du quotidien des Rednecks.

Lorsqu'on lit la 4ème de couv', un noir, un blanc, on se dit que le roman va traiter des inégalités raciales aux Etats-Unis. Mais non, la couleur de peau, on s'en fout un peu là, car ces deux-là se réunissent dans la douleur du traumatisme de la guerre et du présent qu'elle leur a imposé, du futur qu'elle leur a enlevé. A peine apprend-on comment ils ont été blessés. de plus, ces deux-là sont nés pauvres et c'est leur vie difficile d'avant la guerre qui est mise en avant, qu'ils soient noirs ou blancs, ils ont déjà tant partagé avant de se rencontrer. Ce n'est pas une amitié qui se forge, mais plutôt une compréhension intime de l'autre.

C'est un roman puissant porté par ces deux voix, ces deux âmes qui s'entrelacent, un récit d'une profonde humanité qui dit tout de la guerre sans jamais la raconter directement, tous de ses ravages même des décennies après. C'est d'autant plus fort que l'auteur y a insufflé un réel suspense qui se lit en filigrane : pourquoi le blanc a-t-il atterri dans cette chambre , cette question revient de façon lancinante jusqu'à le savoir. le final en est d'autant plus bouleversant.

Un grand livre, sombre, très sombre. 
Bravo aux éditions Gallmeister pour leur immense travail de dénicheur de talents américains hors des sentiers battus.
Commenter  J’apprécie          7011
Voilà 22 ans que Braiden Chaney, un Noir du Mississipi, vétéran du Vietnam, vit alité. Sans bras ni jambes, avec pour seules distractions les programmes télé et ses voyages intérieurs qui lui permettent de s'évader un peu. Une routine bientôt bouleversée par l'arrivée d'un nouveau camarade de chambrée, Walter James, un Blanc de London Hill. Ficelé sur un brancard, shooté à mort, quelques crises et des souvenirs éparpillés qui l'ont amené là. Dans le confinement et la pénombre de leur chambre, quelques Budweiser bien fraîches et quelques pétards fournis par l'infirmière au doux nom de Diva, les deux hommes vont se confier. Une conversation émaillée par des monologues dans lesquels ils se réfugient...

Deux vétérans du Vietnam dans une chambre d'hôpital et une nuit prête à accueillir leurs confidences, leurs regrets, leurs rêves. Deux hommes profondément blessés qui se jaugent, se jugent puis se racontent. Si l'horreur de la guerre n'est que brièvement évoquée, chacun revient sur son enfance, sur les humiliations, sur le dur labeur, sur leur engagement, sur les amours tragiques. de par la force des sentiments, de la profonde humanité qui se dégage de chacun d'eux, Larry Brown tisse un roman d'une grande originalité et d'une rare intimité. Il dépeint, avec intelligence et grandeur, le portrait de deux hommes blessés dans leur âme et dans leur chair qui, au fil des heures, se révèlent bouleversants. Un huis-clos intense, éprouvant, sombre et parfaitement maîtrisé...
Commenter  J’apprécie          690
Si l'on m'avait dit, pour me vendre l'affaire, que c'était l'histoire de deux types alités qui papotaient jusqu'au bout de la nuit, je crois que je me serais barré en hurlant.
Et puis, chemin faisant, échouant devant le stand Gallmeister des Etonnants Voyageurs, le temps de se connecter à Babelio et de jeter un oeil sur le potentiel plaisir provoqué par Larry, l'affaire était conclue mais attention, la négo fut âpre. Achat, oui, mais avec deux marquetapage offerts, sinon, non. Bon, j'appris ultérieurement que, de toute façon, ils arrosaient le chaland de signets du plus bel effet mais peu importe, c'était un Sale Boulot mais quelqu'un se devait de le lire.

Il me revient cette phrase, ouïe dans Starship Troopers, lancée par un vétéran à une jeune recrue indécise "l'infanterie a fait de moi ce que je suis !". Et de découvrir le bonhomme sans jambes, vissé sur un tabouret, réduit à l'accueil de la nouvelle bleusaille appelée à devenir chair à canon.

Braiden aurait pu postuler pour Freaks.
"Miraculé" du Vietnam il y a plus de vingt piges, il n'est plus qu'une tête posée sur un corps totalement démembré.
Walter aurait pu postuler pour Au Revoir Là-Haut.
"Miraculé" du Vietnam il y a plus de vingt piges, sa gueule cassée lui a clairement fermé les portes des plus belles pub pour Oil of Olaz Men Expert.
Tous deux, confinés dans une même pièce, vont se renifler, se livrer, grisés par de multiples et généreuses rasades de binouses facilitatrices en rapprochements virils mais corrects.

Une nuit, pas plus.
Une nuit pour dire sa jeunesse passée, ses rêves brisés, évoquer sa guerre et un présent à l'aune de l'image qu'ils renvoient, deux laissés pour compte, deux naufragés de la vie.

Puissance évocatrice des mots, émotion à fleur de peau, Sale Boulot se veut brutal, réaliste, dénué de tout pathos misérabiliste.
Le final est attendu, certes, il n'en demeure pas moins mémorable. de ceux qui vous laissent le souffle court, une méchante boule dans la gorge, le regard aux abonnés absents.
Larry Brown vient de torcher l'un des plus grands romans antimilitariste, ni plus, ni moins.

https://www.youtube.com/watch?v=h2mabTnMHe8
Commenter  J’apprécie          4912
Lorsque j'ai aimé un livre au point de ne pouvoir le lâcher avant le point final, d'y penser encore et encore malgré d'autres lectures, je me sens incapable d'en rédiger une critique.
J'ai besoin de temps, pour apaiser les émotions.
J'ai besoin d'y repenser encore et encore, d'en relire certains passages pour revivre avec des personnages hors du commun.
Comment vous parler de ce « Sale boulot » ?
Comment vous dire la souffrance de Braiden, cloué depuis 22 ans sur un lit d'hôpital pour soldats vétérans rescapés de l'enfer Vietnamien avec pour seule distraction une télé et des voyages intérieurs ?
Comment vous expliquer la vie de Walter, qui n'a plus de visage, qui a perdu sa vie, ses rêves, ses espoirs, pour devenir un fantôme que l'on évite de regarder ?
Le temps d'une nuit, ces hommes vont se rencontrer, se regarder, se parler, refaire le monde.
Larry Brown réussit à bâtir une histoire profondément humaine avec des héros puissants et bouleversants.
Il y a une scène qui m'a tiré les larmes : le dialogue entre Braiden et Jésus assis sur le bord de son lit. Jésus n'est plus le fils de Dieu, mais un compagnon de souffrance.
Il faut une maîtrise inouïe pour mener à bien une telle histoire, l'auteur le fait magistralement avec une écriture brute, sans fioriture. Si vous aimez les belles envollées lyriques, il vaut mieux passer votre chemin.

Difficile de conseiller un livre aussi éprouvant et pourtant, j'espère que vous irez à la rencontre de ces hommes, parce qu'un bon roman, c'est un roman qui provoque des émotions, même si ces émotions sont douloureuses.
Magistral, incroyable, lumineux dans sa noirceur.
Peut-être que je vous parais excessive, mais essayez et vous verrez !



Commenter  J’apprécie          351
Une nuit et deux vies ; une nuit et deux souffrances ; une nuit et deux cris ; une nuit et... une rédemption. Sale Boulot de Larry Brown, vous fait passer une nuit pas comme les autres.

War is a dirty job but somebody has to do it ! Et en l'occurrence, Braiden et Walter l'ont fait ce sale boulot, il y a un peu plus de vingt ans, au Vietnam. Et ont eu la chance d'en revenir. La chance ? Pas si sûr.

Car Braiden n'a plus ni bras, ni jambes, cloué 24h/24 sur un lit d'hôpital militaire au sein duquel Diva, infirmière black au grand coeur, tente d'apaiser son quotidien. Comme ses membres ne fonctionnent plus, la tête de Braiden devient son outil de mobilité, lui permettant de s'évader vers son Afrique ancestrale où il déroule sa vie non vécue, ou de dialoguer en direct avec Jésus sur le sens de la vie et l'abrogation de ses souffrances.

Walter a tous ses membres, mais le visage quasi-défiguré et sa tête lui joue des tours à travers des fulgurances amnésiques et traumatiques que son alcoolisme chronique n'arrange pas. Sa vie a t-elle plus de sens que celle de Braiden ? Pas sûr. Sauf que depuis peu, il a rencontré Beth...

C'est une énième crise qui va amener le temps d'une nuit Walter sur le lit voisin de Braiden. Ils vont s'observer, se jauger, puis converser et s'apprivoiser. La bière et le shit aidant, le passé va se verbaliser sans pour autant jamais s'expier.

Larry Brown nous parle de la guerre, un peu ; mais aussi des souffrances qu'elle inflige à des hommes dont la génération ascendante avait déjà été marquée par les mêmes séquelles ; mais aussi de ces américains délaissés du grand sud, si loin de Washington, végétant dans leur misère jusqu'à ce que l'oncle Sam ait besoin d'eux. Ailleurs. Un coin des États-Unis où noirs et blancs commencent tout juste à essayer de bien vivre ensemble, où la récolte du coton est encore une forme d'esclavage des temps modernes, où les différends se règlent entre hommes, et rarement par le compromis.

Et en toile de fond de Sale boulot, il y a l'après, le repos de l'âme, la rédemption. Braiden l'implore de Jésus et de ses anges. Walter a mis 22 ans à trouver sa lueur d'espoir avec Beth, deux souffrances appelées à se rejoindre. Si la vie le permet...

Sale boulot est un grand livre de guerre, atypique et attachant par ses deux personnages, où Brown écrit comme ils parlent : direct, haché, sans mot de trop. Mention particulière donc à Francis Kerline pour sa traduction qui donne un atout supplémentaire à cette belle histoire noire.
Commenter  J’apprécie          280

Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Ça fait quelque chose de tuer quelqu’un. Je parle pas d’un chien. Quelqu’un. Une personne, qui parle comme toi, qui mange comme toi, qui a une cervelle comme toi. Une âme comme toi. Et chacun a une façon différente de l’assumer. Parce que c’est pas facile à assumer. C’est un truc que t’oublies pas. Quand t’appuies sur la détente, t’appuies pour l’éternité. C’est pas comme larguer une bombe, quand t’es haut dans le ciel et que tu vois pas ce que ça fait en bas, même si tu sais que ça fait des dégâts.
Tu regardes quelqu’un dans les yeux, puis tu le tues, t’oublies pas ces yeux là. T’oublies pas que t’es la dernière chose qu’il a vue.
Commenter  J’apprécie          300
D'abord, faut comprendre un truc, y a des gens à qui il arrive des choses dont ils sont pas responsables. Ils sont pas responsables et ils doivent payer quand même. T'as un mec, il s'achète une bouteille de whiskey, il prend la route, il picole et il se met une murgée. Bon, pendant qu'il fait ça, t'as une bonne dame avec ses gosses qui rentre du zoo ou n'importe, en voiture. Elle a pas bu une goutte. Elle boit jamais. Ils ont rien fait de mal. Ils vont à l'église tous les dimanches. Et l'autre gars qui se bourre la gueule tant qu'il peut pendant qu'ils regardent les lions. Peut-être qu'il a un problème, sa femme l'a quitté ou ce que je sais, n'importe. Peut-être qu'il a pas de problème du tout. Peut-être qu'il se biture parce qu'il aime ça. Bon. Il leur rentre dedans plein pot à cent trente. Il se casse le cou. Il tue tous les gosses et il arrache les jambes de la dame. Il est paralysé pour la vie. Elle, elle est dans un fauteuil roulant pour jusqu'à la fin de ses jours et tous ses petits sont morts. Qui c'est qui est le plus à plaindre ? Si elle avait su que ce connard venait, elle serait restée chez elle. Ou elle aurait pris une autre route. Et lui il regrettera toute sa vie d'avoir acheté ce whiskey ou de l'avoir pas bu à la maison plutôt ou, quitte à tuer quelqu'un, de pas s'être payé un arbre et de se tuer lui-même sans emplâtrer les autres. Mais c'est trop tard. Il est obligé de vivre avec ça. La femme est obligée de vivre avec ça. Une seule petite faute. Être au mauvais endroit au mauvais moment.
Commenter  J’apprécie          112
Il arrêtait pas de parler de cette fille, toujours cette fille, et je me disais Mec, comment tu veux trouver une fille qui se mélangerait avec toi ? Je veux dire avec la gueule arrangée comme il avait. Rien que de la peau de cicatrice. Il avait des cheveux par endroits, à d'autres non. Des rognures de peau. D'accord il avait un visage mais c'était pas un vrai visage. Je suppose que les mecs avaient fait le mieux qu'ils pouvaient avec ce qu'ils avaient sous la main. Et il avait dit qu'ils en auraient fait plus s'il les avait laissés. Je suppose qu'on l'avait tellement trimballé d'un hôpital militaire à l'autre qu'il voulait plus en voir.
C'est sûrement pour ça qu'il a jamais demandé où il était. Faut croire que pour lui ça faisait pas de différence.
Commenter  J’apprécie          180
Le monde est trop grand. Les gens ne savent pas ce que font les autres. Comment tu veux te tenir au courant de tout ce qui se passe ? Y a trop de choses, et trop de gens. Tout ce que tu peux connaitre du monde, c’est la petite place riquiqui que tu occupes.
Commenter  J’apprécie          240
Les gens pensent que l'homme est cruel. Mais qu'est-ce qu'il faut dire de l'enfant de l'homme ? Y a rien de plus méchant qu'un petit enculé sadique de six ans en liberté dans une cour d'école. Vous croyez qu'il faut attendre d'être adulte pour devenir fou dangereux ? Mon cul !
Commenter  J’apprécie          152

Videos de Larry Brown (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Larry Brown
Michael Farris Smith réussit un polar âpre et brûlant sur les terres du sud des Etats-Unis, à la manière d'un Larry Brown ou d'un William Gay. Mario Condé, le héros désormais fameux de Leonardo Padura, traîne sa nonchalance sous le soleil noir de la mélancolie cubaine. Et Julien Capron nous embarque dans un futur d'autant plus glaçant qu'il est proche de nous. Belle manière, à travers ces trois romans noirs, de prendre la température du monde.
autres livres classés : Guerre du Viet-Nam (1961-1975)Voir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (304) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2817 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..