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EAN : 9782264013736
10-18 (01/06/1989)
3.96/5   23 notes
Résumé :
Dans ce roman, comme dans la Nuit du Jabberwock ( publié initialement en français sous le titre Drôle de Sabbat ), Fredric Brown compose un cocktail particulièrement réussi d'humour et de macabre (deux genres où il excelle), pour nous donner un de ses meilleurs suspenses où sa verve cette fois s'exerce contre les milieux des médias et leurs ineptes "opéras de savon".
Que lire après Tuer n'est pas jouer (Tuer pour passer le temps)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je me suis procuré sur le Web un exemplaire de cette première édition en français du roman noir Murder Can Be Fun (Tuer pour passer le temps) en juin 1950, réédité en 1980 et en 1983 aux Nouvelles éditions Oswald (NéO) et en 1989 à l'Union Générale d'Éditions, collection 10/18. J'ai trouvé deux points d'intérêts dans l'acquisition et la lecture de cet ouvrage : l'oeuvre littéraire et les caractéristiques du contenant lui-même.

Fredric Brown est un auteur dont j'avais vaguement entendu parler pour ses publications teintées d'humour et de macabre en littérature de genre : 22 romans policiers et plus d'une centaine de nouvelles et cinq romans de science-fiction. Dans cette courte fiction de 184 pages, l'auteur américain met en scène un journaliste raté et alcoolique, Bill Tracy, auteur des scénarios d'un « radio-roman savon » quotidien à succès, Les Millions de Millie, dans le respect des exigences des publicitaires qui en financent la diffusion. Parallèlement, ce dernier développe en secret des idées pour une autre série, Tuer pour passer le temps, reposant sur des meurtres improbables qui inspirent un tueur en série au grand désarroi de Tracy, celui-ci devenant rapidement pour la police un suspect idéal. Convaincu que l'assassin a pu lire ses « scripts », il décide de mener sa propre enquête.

Cette histoire avait été publiée en octobre 1942 sous forme de nouvelle dans le magazine Street & Smith Detective Story Magazine sous le titre The Santa Claus Murders.

Le récit qui se veut aussi une critique du milieu des médias radiophoniques, des moeurs perverties des principaux acteurs de l'industrie, des comédiens en quête de gloire et des journaux avides de sensations fortes se lit agréablement. Certains critiques suggèrent que son créateur se serait ironiquement « lui-même mis en scène dans le rôle de l'auteur attaché à sa machine à écrire pour produire, jour après jour, une prose digne des auditeurs des ‘' soaps » de la radio de la fin des années 1940 ».

Le rythme lent et le suspense quasi absent, sauf peut-être en finale, caractérisent cette fiction bien campée dans le contexte de l'époque. Certaines scènes seraient associées aujourd'hui à des actes de harcèlement et dénoncées dans la foulée du mouvement #MeToo.

J'ai été surpris de l'insertion par le traducteur à deux ou trois reprises de l'expression « Keksékça ? » dans une publication francophone européenne. Et je n'ai noté qu'un seul extrait digne de mention :

« Il faisait sombre, et une petite pluie fine et fraîche tombait inlassablement. Tracy, debout sur le pas de la porte d'entrée de l'immeuble, regardait un réverbère que la brume entourait d'une auréole parfaitement imméritée, car le réverbère en question n'était pas plus saint que les autres. »

Voilà pour le contenu.

Cette édition est également intéressante puisqu'elle se présente sous forme d'un livre de format 17,5 x 13 cm à reliure cousue de six blocs de 32 pages (in-16 : feuille pliée quatre fois) collés ensemble au dos. Ce qui est plutôt rare, sinon inexistant, dans l'édition contemporaine. Chaque bloc est d'ailleurs clairement identifié pour assurer l'intégrité de la reliure.

Sur la couverture de première, la mention « le livre plastic » fait référence à une invention en 1947 de l'imprimeur belge André Gérard, futur éditeur fondateur de Marabout : une couverture recouverte d'une surface en plastique lavable faisant entrer dans la modernité la production éditoriale. Ce dont bénéficiera la collection policière francophone La Tour de Londres créée à Bruxelles par l'éditeur anglais Nicholson & Watson. Elle a regroupé 55 romans écrits par des auteurs britanniques ou américains de différentes tendances du roman policier de l'époque (romans à énigme, romans noirs, romans d'espionnage, thrillers … publiés au rythme d'environ un volume par mois jusqu'en 1951. Tuer pour passer le temps en est de 51e titre.

Fredric Brown est né le 29 octobre 1906 à Cincinnati, en Ohio, et est mort le 11 mars 1972 à Tucson, en Arizona, alcoolique et atteint d'un emphysème pulmonaire. Il a commencé à travailler à l'âge de 16 ans et a exercé divers métiers : employé de cirque, plongeur, détective privé, bibliothécaire, commis voyageur pour une fabrique pendant près de deux ans. À 20 ans, il a tenté d'entreprendre des études à l'université de Hanover, en Indiana, mais il a rapidement abandonné. En 1937, il est entré au Milwaukee Journal en tant que correcteur. Il y restera 10 ans. En 1948, il a reçu le Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman pour The Fabulous Clipjoint.

Pour les amateurs de science-fiction, une de ses nouvelles les plus connues, Arena, a servi pour un épisode de la série Star Trek.

On raconte que pendant toute sa vie, Fredric Brown a été un auteur déçu :

« Les lecteurs aiment mes romans, mais ne savent toujours pas qui les écrit... »


Originalité/Choix du sujet : ****

Qualité littéraire : ***

Intrigue : ***

Psychologie des personnages : ***

Intérêt/Émotion ressentie : ***

Appréciation générale : ***

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Un auteur lessivé

On pouvait trouver ce livre jadis, aux éditions NEO dont il faut souligner la remarquable cohérence éditoriale qui tissait un lien entre les différents romans d'Howard Fast ("L'Ange déchu"), J.T ; Rogers ("La Sinistre Main Droite") ou Franklin Bardin ("La Mort en Gros Sabots") et celui-ci.
Si on les lit dans la foulée, le constat est frappant : on retrouve chez chacun ce mélange d'étrangeté, d'angoisse et de suspense qui créent une atmosphère assez unique, dans une Amérique des années 40/50, avec des héros au bord de la perte de repères au sein d'un environnement qui s'obstine pourtant à rester banal, des personnages de naïfs hitchcockiens dans le monde de Mad Men décalés.

L'histoire de « Tuer pour passer le temps » se déroule à New-York où quelqu'un commet une série de crimes farfelus apparemment sans mobiles.
Ils ont pourtant une résonance particulière pour John Tracy.

Ce dernier, écrit des scénarios pour un soap radiophonique à succès ("Les Millions de Millie"). Il a aussi entrepris de développer une idée basée sur des meurtres improbables. Or, il semble que quelqu'un s'inspire de ces projets, pour les concrétiser.
John Tracy fait donc figure de suspect idéal.

Ce roman bien construit et très drôle, se lit avec beaucoup de plaisir tant Brown s'amuse avec son personnage d'écrivain raté et alcoolique (où il doit se retrouver un peu), se montrant sans pitié pour ces mélodrames sponsorisés : « ...les gens qui financent les programmes pour des raisons publicitaires ont coulé leur béton dans une couche de la population qui n'avait auparavant jamais lu ni écouté -et cela parce jamais on n'avait rien diffusé d'assez infect pour lui plaire ».
On pourrait ressortir cette phrase telle quelle encore aujourd'hui .

Les donneurs de leçons rétrospectives ne manqueront pas de tiquer devant certaines scènes, Tracy étant assez attiré par les blondes à forte poitrine et se risquant à des tentatives -maladroites- de ce qui passerait aujourd'hui pour du harcèlement. Il aggrave son cas avec des remarques sur l'utilisation éventuelle de son physique par une jeune femme, en vue d'obtenir une promotion.
Autres temps...

La traduction est très stylée, et s'autorise même quelques trouvailles étonnantes : « Un Tchèque qui ne voulait pas se barrer » ou encore, à propos d'un dénommé Doua : « Et je parie que ton petit Doua t'a tout dit ».
Chapeau !
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J'ai mis la main sur une rareté, le numéro 51 de cette collection disparue depuis longtemps, au format carré et illustré d'étonnante manière !

Sous le cachet si célèbre à l'époque de la « Tour de Londres » il est précisé avec fierté : LE LIVRE PLASTIC ! Une nouveauté extraordinaire pour l'époque ! Les plus grands noms de la littérature policière anglo-saxonne furent publiés par cette maison d'édition !

J'avais beaucoup aimé « La Nuit du Jabberwock » de l'auteur, publié chez J'ai Lu dans les années 60, une réécriture ébouriffante d' »Alice aux Pays des Merveilles » !

Ce roman-ci n'est pas un chef-d'oeuvre, loin de là, mais il est néanmoins bien écrit et agréable à lire. le style est excellent et plein d'humour. Evidemment, il faut se replacer dans le contexte de l'époque, car qui, de nos jours, se scandaliserait des moeurs perverties qui triomphent dans les medias ? Bien qu'un grand et très récent vent de « pudibonderie » semble se lever...

L'auteur semble ironiquement s'être lui-même mis en scène dans le rôle de l'auteur attaché à sa machine à écrire pour produire, jour après jour, une prose digne des auditeurs des programmes « savon » de la radio de la fin des années 40. Et maintenant, est-ce différent ?

Un petit roman qui fait réfléchir, finalement...




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Extrait de la conférence "Dialogue entre les morts : Robert Sheckley et Fredric Brown" aux Utopiales 2017 avec J._A.Debats, S.Lainé et X.Mauméjean.
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