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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le dernier album de Chester Brown ne fait pas l'unanimité. Loin d'être un plaidoyer absolu pour la légalisation de la prostitution, il prône plutôt avec ce livre sa libéralisation. Sa non pénalisation si vous voulez partant du principe qu'une personne doit être libre de disposer de son propre corps et d'en faire profiter de potentiels clients à travers des relations tarifées. C'est un sujet qui revient régulièrement dans nos sociétés, tout comme celui de la légalisation du cannabis par exemple sans que clairement une solution politique soit apportée.

Je dois dire que, sans faire montre de ma propre opinion à ce sujet, j'ai trouvé le discours de Brown en postface particulièrement étayé et intéressant sur la réflexion d'un homme qui fréquente des prostituées depuis plusieurs années. Cette annexe faite de 23 sections, ce qui renvoie aussi au nombre de prostituées rencontrées, détaille vraiment son avis sur un éventail très large de sujets comme l'argent, la violence, le trafic d'êtres humains, la fiscalité (les actes sexuels tarifés doivent-ils être soumis à l'impôt ?) sans pour autant faire l'apologie de la prostitution.

A l'inverse de cette annexe littéraire, le coeur même de la bande dessinée peut sembler un peu longuet tant Brown y décrit méticuleusement mais sans toutefois faire apparaître aucun détail physique ni visage pouvant compromettre l'identité de ces dames, ce qui contribue à l'impersonnalité de ces 23 rencontres, chacune de ses expériences. Forme simple, 1 gaufrier de 8 cases de même taille par planche, 1 chapitre avec un prénom (modifié) par tête de pipe.

On peut y lire ses émois de la première fois, et comment il s'est décidé à franchir le pas après une relation avortée avec sa petite amie. Puis arrivent alors toutes les questions : sécurité, la peur d'être vu, d'être arrêté par la police, les maladies, le paiement, le pourboire, les positions, avec ou sans fellation. Bref un panorama très large où l'on voit ses affinités avec certaines et pas d'autres. Doit-il donner son vrai nom ou pas ? Est-ce que les descriptions sur tel ou tel site d'annonces sont fiables ?
Plein de situations et de questionnements de ce genre qui font qu'au final je ne me suis pas vraiment lassé de lire 23 descriptions malgré leur côté presque médical. Il y a un aspect comptable aussi qui peut choquer, une évaluation de la prestation comme on évalue la qualité d'une transaction sur un site internet.

Ceci est toujours illustré par un dessin impeccable, on sent une sorte de maniaquerie chez Brown à retranscrire le plus fidèlement possible les situations, les dialogues y compris avec ses amis que sont Seth et Joe Matt également dessinateurs de bande dessinée.

Brown dessine comme il traite ce sujet avec ses proches amis, c'est-à-dire sans tabou, le plus naturellement du monde dans une société où l'acte sexuel et la femme - ou l'homme mais c'est plus rare - devient une marchandise comme une autre destinée à assouvir une envie immédiate. A travers son dessin on a l'impression que son personnage n'a pas d'émotions avec toujours un petit trait plat pour sa bouche comme le souligne Robert Crumb en introduction et un visage qui ne change guère, des petites lunettes ne montrant pas ses yeux. Quand sa petite amie le quitte mais décide de rester habiter avec lui puis fait venir son nouveau copain, Brown prend ça avec un aplomb incroyable. Quand Seth lui demande : "Tu n'es pas en colère ou jaloux ?", il lui répond :
"Je me sens comme d'habitude. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes".

En conclusion, un livre qui m'a plu globalement où Brown explore son sujet avec un certain cynisme mais aussi une pointe d'humour. Ce n'est pas pour autant qu'il m'a convaincu de ses thèses, si tant est qu'il ait pour intention sous-jacente de convaincre le lecteur à travers cet ouvrage.
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Récit autobiographique de Chester Brown, « Vingt-Trois Prostituées » permet à l'auteur canadien de partager son expérience personnelle concernant le sexe tarifié, tout en livrant une sorte de pamphlet en faveur de la légalisation de la prostitution.

« Vingt-Trois Prostituées » est donc l'histoire d'un auteur de comics qui, suite à une rupture avec sa compagne, rejette toute possibilité d'amour romantique et a recours à une forme de relation plus pratique et moins compliquée pour lui. Cet album résume cette décennie de rencontres éphémères et tarifiées.

Chester Brown y relate donc son expérience personnelle en tant que client régulier en décrivant ses actes sexuels de façon crue et presque clinique, mais sans jamais devenir vulgaire. Afin de préserver l'anonymat des différentes femmes qu'il rencontre, l'auteur élimine toutes les informations qui pourraient compromettre leur identité. Ne vous attendez donc pas à retrouver la même empathie qu'envers la Jeanine de Matthias Picard, car Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolene, Yvette, Gwendolyn, Alexis, Hillary, Béatrice, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Denise, Nancy, Millie ne sont que les noms d'emprunt de ces corps sans véritable personnalité.

L'intérêt principal de cet album est le questionnement de l'auteur tout au long de ces vingt-trois rencontres payées, ainsi que l'interprétation honnête et distanciée qu'il en donne par après. de ses états d'âmes aux réactions d'amis à qui il ne cache rien, en passant par ses interrogations concernant la sécurité, les maladies, le proxénétisme, la peur d'être arrêté ou la nécessité de laisser un pourboire, ce journal propose un témoignage intéressant sur le plus vieux métier du monde, mais également un éclairage sur la vie personnelle de l'auteur.

Ce récit est non seulement drôle et cynique, mais également particulièrement sincère et courageux. Si l'honnêteté de l'auteur n'est pas à remettre en cause, ses thèses concernant le sexe tarifié ne feront par contre pas l'unanimité. Il poursuit d'ailleurs son plaidoyer pour la libéralisation de la prostitution lors d'une longue postface de près de cinquante pages. Je ne partage absolument pas son pessimisme envers le couple et l'amour, ni sa vision ultralibérale de la prostitution, où le corps se résume à un objet commercial dont chacun est libre de disposer comme bon lui semble, mais j'ai malgré tout bien aimé cet album.

Visuellement, on retrouve cette même froideur dans ce dessin noir et blanc épuré, dénué de toute émotion, ainsi que dans ce découpage simple en gaufrier de huit cases par planche.

Une album que vous retrouverez également dans mon Top du Festival d'Angoulême 2013 et que j'ajoute également dans mon bilan de 2012.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolène, Yvette, Gwendolyn, Hillary, Béatrice, Myra, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Denise, Nancy, et Millie. Voici les 23 pseudo-prénoms (nom d'emprunt) de ces femmes rencontrées et payées par Chester Brown entre mars 1999 et fin décembre 2003. Car dans ce livre, Chester Brown fait état de toutes les fois où il a donné de l'argent pour avoir une relation sexuelle ou tout au moins être avec une escort-girl.

Chester Brown, auteur-culte, type européen, assez grand et très fin, chauve et avec un visage creusé, pas très photogénique. Il est tout juste quarantenaire dans cette histoire où il se dessine dans un récit autobiographique en bande dessinée de type gaufrier.

Chester Brown raconte à la première personne comment il a commencé à fréquenter des prostituées après une rupture et comment le sexe tarifé s'est rapidement imposé comme un substitut idéal à la vie à deux. Et c'est sans voyeurisme. C'est peut-être un peu cru dans le dessin mais cela reste très digne et surtout, cela a le mérite de porter un regard complexe et audacieux sur le plus vieux métier du monde.

Chester Brown est minutieux sans être maniaque, juste très méthodique. Il laisse parler son esprit, ses pensées, son ressenti et va ainsi reconstituer ses visites chez les prostituées de Toronto. Il nous fait part de ses impressions diverses, ses ébats et ses partenaires sont mis en avant. En outre cet apport personnel qui n'engage que lui, sa réflexion est nourrie d'une forte "expérience". Un débat moral accompagne chaque page de cet album.

Le dessin de Chester Brown est assez représentatif du personnage : il va droit au but et au plus naturel possible ! Il est difficile de percevoir les émotions de son propre rôle du fait d'un visage qui change peu ou pas et doté de lunettes, enlevant ainsi le regard. Ce n'est pas froid pour autant, car s'est intelligemment transformé sous un ton de l'humour et d'auto-dérision. L'auteur explique en préface qu'il s'est octroyé quelques exagérations graphiques propres à la bande dessinée, en dessinant leurs corps avec précision, ou du moins aussi précisément que sa mémoire le lui permettait, ajoute t-il.

Vingt-trois prostituées est un récit un peu fou, osé, quelque part passionnant et très certainement unique mais en soi, assez commun.

Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Une BD sur le thème de la prostitution, vécue par l'auteur lui-même. Il s'agit d'un point de vue unique, très engagé, et pourtant très réflexif, pensé et sans provocation. En somme, il permet de nous poser des questions sur la façon dont on envisage l'amour, les relations humaines, et à plus forte raison la façon dont on envisage l'autre que soi. Ce qui m'a également plu dans cette bande dessinée, c'est qu'il est question de sexe de manière explicite, mais sans voyeurisme, et surtout sans jugement de valeur posé sur un acte, une pratique, ou un type de relation. Au final, on est content que l'auteur est osé prendre la liberté de nous le raconter.
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Aborder la prostitution avec chester brown, un vrai régale ! L'auteur (et consommateur ) nous parle de son expérience avec beaucoup de recule et de mauvaise fois (il faut bien l'avoué). Prenant parti pour valorisé la prostitution, en nous racontant avec simplicité son expérience (parfois déroutante), il nous convaincrait presque... Un de ces meilleur Album ! A lire absolument !
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Quelle bonne idée que cette bande-dessinée ! Sur un sujet si important que celui de la sexualité que notre société cache derrière une pudibonderie malsaine. La femme et l'homme sont les seuls "animaux" qui font l'amour par plaisir... alors il est impensable et innaceptable qu'en 2021 on n'est pas enfin pu dépasser ce que des morales rétrogrades ont gravé en nous.
Cette BD parle d'escort girl mais de bien plus... elle parle aussi de toute la misère humaine qu'entraine ces siècles d'obscurantisme sur la sexualité.
Femmes et hommes devraient se libérer de ce carcan et cette BD est un plaidoyer pour que tombent certaines barrières et préjugés. Peut-être éviterait-on plus de drame en acceptant que la sexualité est un besoin ? Les reflexions de Chester Brown sont pleines d'humanité et abordent le couple, la sexualité, la solitude, la législation, le fait que la plupart du temps les autres (surtout les hommes qui tiennent hélas trop souvent les reines du pouvoir) s'occupent de vouloir réguler des sujets qu'ils ne connaissent pas et qu'ils le font sur la base d'une morale dépassée.
On parle ici que d'escort girl... et pour l'équilibre on pourrait imaginer une autre partie miroir pour les escort-boy :).
En tout cas, cette BD a la mérite de traiter d'un sujet peu abordé en dessin.
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Dans cet album autobiographique, Chester Brown nous raconte comment il en est arrivé à devenir client de prostituées et à le rester durant des années.

Du premier rendez-vous un peu gênant à la (presque) routine sexuelle.

De ses réflexions sur la sexualité aux conversations durant lesquelles il justifie ses choix face à ses amis.

Chester Brown raconte tout ça.

Mais aussi, de façon plus pragmatique, comment se déroule un rendez-vous (la question de l'argent, des préservatifs etc..).

Chaque chapitre correspond à une prostituée.

Autant prévenir tout de suite, cet album n'a rien d'une BD érotique.

Tout en noir et blanc, cases petits formats, Brown montre des scènes de sexe certes, mais de façon très froide; des descriptions techniques en quelque sorte.

L'énumération des cas, les uns à la suite des autres, devient un peu lassante à la longue.

L'intérêt de l'album n'est pas dans le dessin et les scènes de sexe (j'avoue que j'ai presque préféré lire la préface et l'appendice).

Il est dans la sincérité et la franchise avec lesquelles l'auteur se confie, s'expose aux critiques et assume.

Mais aussi dans sa réflexion concernant le couple, la morale, le sexe et les travailleuses du sexe.

Il pose des questions pertinentes: "Doit-on renoncer au sexe si on n'a pas envie d'être en couple (et qu'on n'est pas doué pour draguer)?"

"En quoi les relations tarifées sont différentes, du point de vue moral, des "coup d'un soir"?"

Il argumente pour la décriminalisation (il est contre une législation pour réglementer la prostitution)

Fort de son expérience, il a de quoi démonter un à un tous les arguments dans "anti".

Non les travailleuses du sexe ne sont pas victimes des hommes, elles ne sont pas rabaissées, humiliées par leur pratique, ne subissent pas de pressions pour tout accepter de la part des clients. Elles sont libres et font leurs propres choix. (Précisons que Chester, qui vit au Canada, n'a jamais eu affaire à des femmes victimes d'esclavage sexuel - il aborde cette question dans l'appendice, en fin d'ouvrage).
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Une bd originale, un parti pris personnel sur un sujet pas facile. A découvrir, qu'on adhère ou pas.
Lien : http://livrelibre.blog.lemon..
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