La vie n'est pas drôle, quelquefois.
Mais la mort est pire.
Surtout quand elle vous claque la porte au nez, et que vous vous retrouvez ainsi, tout pourrissant, tout puant, incapable de parler aux vivants qui vous entourent puisque vos lèvres sont suturées et que la rigidité cadavérique a affecté vos cordes vocales . Les vivants qui vous considèrent - on peut comprendre - comme une monstruosité bancale, repoussante et gênante. Un zombie.
Mais un zombie doté de conscience, en deuil de tout ce qu'il a perdu, remisé dans la cave familiale à cause de l'odeur qu'il dégage. Un zombie dépressif, donc.
C'est la vie - ou plutôt la mort - d'Andy. Un trentenaire décédé dans l'accident de voiture qui a coûté la vie à son épouse, un père dont une cousine a adopté la fille (vous me suivez ?) , un homme qui n'existe plus en tant que tel mais qui continue de souffrir.
Et qui vide consciencieusement la cave paternelle de tous ses grands crus, pour trouver l'oubli. de toute façon, dès qu'il met un pied dehors, il se fait conspuer par les passants, et risque de se faire démembrer par les fraternités étudiantes dont c'est le passe-temps favori.
Andy n'est pas seul dans ce cas . Il rencontre chaque semaine les membres de son groupe de parole, tout aussi déprimés que lui, et consulte un thérapeute à qui - faute de parole - il ne peut confier tout ce qui le mine.
Dans le monde des "respirants", aucune place n'est prévue pour les "survivants", c'est tout. A quoi bon continuer, dans ce cas ? Mais un soir parmi d'autres, Andy rencontre Ray, un zombie un peu anar, un chasseur qui crèche dans un silo, puisque sa femme l'a fichu à la porte. Ray qui a pour lui un geste d'amitié , avec qui il partage un repas au coin du feu, Ray qui va l'éveiller à se nouvelle vie ...
Je l'avoue, tout en appréciant l'humour des premiers chapitres, je pensais que ce roman ne susciterait pas en moi davantage que de l'amusement. Et puis Andy m'a embarquée dans son histoire, et sans m'en rendre compte j'ai basculé dans un récit beaucoup plus grave, qui parle d'amour mais aussi de ségrégation, qui joue avec les clichés du cinéma (les films de Romero, Shaun of the dead) pour en dévoiler la profondeur insoupçonnée, et qui s'apparente aussi aux grands récits de "cavale" avec ce héros épris de liberté.
J'ai vraiment, vraiment aimé cette montée en puissance, et je trouve décidément que
S.G. Browne est très talentueux.