Après avoir été Arbitre des Elégances de l'instable Néron, voici
Pétrone tombé en disgrâce - fatale. Un complot pour prétexte, un rien, pas de jugement, et bientôt les assassins de l'empereur frapperont à la porte. Hors de question, pour un patricien, un homme de guerre et d'honneur, de tomber sous leurs coups - c'est de sa propre main qu'un noble romain doit savoir mourir. Il s'y est préparé, toute sa vie peut-être, ce devrait être facile.
Ne reste plus qu'une nuit. Une nuit qu'il a choisi de mettre en scène en un dernier repas intime, raffiné, fastueux, une de ces fêtes exquises dont il a le secret, pour ses plus chers amis, avant de tirer sa révérence.
Mais force est de constater qu'on a beau s'être préparé à mourir, toute la philosophie du monde n'est rien face à la vie qui s'obstine, refuse de disparaître. La nuit n'a jamais semblé si belle, les parfums si puissants, les souvenirs si proches. Il reste des erreurs, des non-dits à résoudre avec Melissa, la vieille maîtresse revenue le soutenir en ses derniers instants. Martial, le jeune poète ibère, ne comprend rien à ces romains stoïques, s'insurge contre le sort que semble trop bien accepter son protecteur et ami. Malgré la bonne volonté des autres invités, la fête trébuche un peu, hésite, vacille, reprend. Il faut tenir, jusqu'au bout, malgré la tristesse, malgré le sang qui coule, garder la tête haute.
Un beau sujet pour ce roman qui a pourtant peiné à totalement me convaincre. Il contient de vrais moments de grâce pourtant, lorsqu'il s'agir de poser l'ambiance de cette dernière soirée, la beauté de la nuit, les hésitations de l'âme entre volonté et regrets. Il contient des réflexions intéressantes sur la vie, le plaisir, l'amour, la mort. Mais il y a des petits détails qui clochent - l'évocation de l'amour romantique dans la bouche d'un romain du Ier siècle, les marées méditerranéennes censées échouer et remettre à flot un navire. Les discussions entre les personnages qui, sans bien que je réussisse à cerner pourquoi, sonnent parfois un peu faux. L'impression que malgré une documentation réelle et sans doute approfondie, l'auteur ne maîtrise pas totalement l'époque qu'il a choisie - malgré le contexte, les noms, l'histoire des personnages, j'avais parfois l'impression d'assister à une réception chez des américains contemporains plus que chez un patricien romain. Volonté délibérée de rendre la puissance intemporelle des thématiques abordées ? Peut-être, mais avec un rien de maladresse qui m'a plusieurs fois gênée. Et puis, la relation amoureuse prend à mon goût une place trop importante au détriment de tout le reste. Elle n'est pas inintéressante, fondamentalement, mais elle ne m'a guère accrochée et à ces amours imaginaires, j'aurais préféré une évocation plus approfondie des rapports avec Martial et Néron, du contexte politique, littéraire... Critique purement subjective, pour le coup.
Je ne regrette pas cette lecture, qui ne manque pas de qualités et sait parfois se faire assez envoûtante, mais - peut-être attendais-je trop du sujet - elle m'a un peu déçue. Je reste en tout cas curieuse de confronter mon point de vue à d'autres - et un brin frustrée de ne pas trouver d'autres critiques baléliotes à me mettre sous la dent !
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